Tandis que le soleil amorçait sa descente finale, le ciel se mit à flamboyer dans une explosion de violets et de roses ardents.
Louisa secoua la tête, mais elle avait la certitude que quelqu'un cherchait à lui faire peur. Elle essaya de se persuader que sa crainte du sujet de Cooper était injustifiée, qu'il y avait eu un malentendu, mais le souvenir de cet homme la remplit d'appréhension. Elle ne put s'empêcher de penser que si enlever Zip avait été aussi aisé, de quoi ces gens-là étaient-ils encore capables ? La peur donna un relief saisissant à tous ses problèmes : sa maison, autrefois si sûre, était à présent menacée ; le mariage qui aurai dû durer jusque dans ses vieux jours n'était plus désormais que l'ombre d'une ombre. Tout était devenu facile. Et a présent Zip n'était plus là, lui non plus, et il avait trouvé la mort d'une manière épouvantable.
Dès leur arrivée, l'âpre solitude de la plantation exerça sur Louisa tout son attrait. A mi-coteau se trouvait une vieille demeure coloniale posée au milieu d'une petite pelouse entourée d'arbres. Des orchidées, qui regorgeaient de papillons, embellissait le jardin. Voici un endroit où il est facile de se perdre, songea-t-elle.
Dans l'incapacité de pleurer, elle se jugea insensible. N'était-elle pas censée verser des larmes et gémir, s'évanouir, vitupérer Dieu, s'effondrer comme une masse sanglotante ? N'était-elle pas censée faire quelque chose, n'importe quoi ? Elle avait faim, mais il lui semblait que sa volonté et son corps avaient divorcé par consentement mutuel.
Au petit matin, elle rentra chez elle sur la pointe des pieds et, ses chaussures à la main, alla à la cuisine pour boire un verre d'eau. Ensuite elle gagna le vestibule dans l'intention de monter en toute hâte dans sa chambre sans se faire remarquer. Elle eut la désagréable surprise de trouver Irène, debout les bras croisés, au pied de l’escalier.