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Citations sur Passe Ouest : Suivi de Ikaria Lo 686070 (19)

Lorient – Keroman


Extrait 3

  Il est trois heures. Le port s’ébroue de son silence et nippe ses néons de ses premières écailles. Sous la criée 3, les côtiers débarquent et étalent leurs caisses de poissons brillants et de langoustines excitées par le remue-ménage naissant.
  Au ponton, les équipages gagnent leur bord. Les lampes des passerelles et les projecteurs de pont s’allument successivement. Les moteurs sont lancés, ronronnent et fument paresseusement. L’heure d’une nouvelle partance a sonné...
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  Au cul des navires…


  Au cul des  navires, en route vers l’horizon  fuyant,
les  premiers rayons clignotent et se liquéfient  dans
le sillage des pales.  Le soleil aime faire ses  ablutions
dans le sillon tracé par les rafiots de pêche qui piaffent
et se démènent pour rattraper la nuit. Enervés comme
des purs sangs, soucieux de brouter la rosée sur le dos
de l’infini, ils soufflent et fument des naseaux dans la
fraicheur docile du jour à peine éclos.
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               Trou sud de Groix
  
  
  
  
  Route frangée d’écume. Cahots et soubresauts. Destination floue en
l’atmosphère chagrine. Le vent bouscule et égratigne. Remake de rixe.
La mort bouillonne et dispose ses hordes sur le champ de bataille fraîchement
retourné. Prémices de sévère baston. Combien d’implacables dépressions se
cachent derrière la face pâlotte du soleil ? Attendent l’instant propice pour se
manifester et prendre par la force son pouvoir déclinant ?
   Piochant du bec et agitant leurs ailes dans l’eau râleuse, les goélands sentent
monter la folie et prédisent le tumulte à ceux qui connaissent leurs gestes et
leurs habitudes. Le rite est immuable. Le langage explicite. L’avertissement
plus fiable que toutes les prévisions et cartes satellites.
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"J'ai été témoin / j'ai souffert / j'étais là"
Walt Whitman


  Sans forfanterie aucune…
Extrait 3

  Sans exactitude ni certitude de soi non plus, naviguant à l’estime entre le mesquin
et le généreux, le frileux et l’impulsif, l’étriqué et l’exalté, le quiet et le sauvage,
le douillet et l’inconfortable, le convenu et l’incongru, le blême et le beau,
le zéro et l’infini...
  Toujours l'impulsion qui prime, le besoin d'éloignement. Larguer les bosses,
franchir les passes, doubler les digues, les bouées, les pointes et les caps. Fuir la
morosité, l'hostilité mesquine, les râleries et reproches, les tracasseries et anicroches,
tous les chichis et blabla énervants. Rallier le large chaque matin ou chaque marée
et se payer le luxe de voyager serein. Même dans les pires moments des foudres et
déchirements, se colleter débridé, morfler et aimer çà. Quoi de plus naturel pour un
être passionné, toujours à fleur de tripes et foncièrement fêlé ?
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Baie du Pouldu



   Sombre est la nuit. La lassitude aussi. Le cœur louvoie entre les cailloux noirs. Cabotage de hasard. Les varechs, sargasses, laminaires, ondulent dans les frêles rayons de lune. Les chenaux sont étroits, rares, les gougnelles, taches claires et clairsemées dans toute cette noirceur. La coque tâtonne, frôle, hésite, divague de bouée en bouée. L’étrave parlemente, chicane, marchande, revendique, puis négocie son droit de passage avec la marée. Les feux de la côte, on pourrait presque les toucher. Lampadaires, phares de voitures, lustres et lampes de chevet, attigent et émeuvent sans souci des âpres nostalgies qu’ils engendrent. La terre vit sa nuit. Le destin qui le pousse au cul contraint le
navire à s’éloigner. Hors les passes, gagner le large ou frémit l’autre vie. Gaffer au juger ! La sournoiserie fatale attend l’erreur qui permettra à la roche de s’empiffrer de bande molle et de bordés résignés.
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Pointe de 30



extrait 1

  Orage de mer. Grondements et râlements sourds.
Stries dans le ciel et craquements sur les ondes.
Ambiance lourde, pesante, fait ployer l’échine, même
aux plus farauds.
  C’est presque la nuit. Une clarté ténue, bizarrement
voilée, investit l’espace et fait taire tous discours et
délires débridés.
  Les goélands demeurent figés sur l’onde plate.
Eux, habituellement si excités et braillards, ne mouftent
ni ne bougent. Le suspense les agresse et paralyse.
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Pointe de 30



extrait 4

  Puis soudain le silence. Piètres instants de répit avant
l’action finale. Encore plus de stress. La colonne des
ombres se fige et attend. Exsangue, livide apparition.
Pensées de glace et de grêlons. Pus rien ne vit ni ne palpite.
L’heure paraît interminable. L’angoisse estompe tous
souvenirs dociles.
  Enfin c’est l’explosion ! Trombes d’eau, déferlement
de millions de gouttes douceâtres qui viennent s’éclater
et gicler, comme pustules translucides, sur la peau de
l’Océan. Le soulagement, la délivrance, dans le chambard
évident et palpable.
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Pointe de 30



extrait 3

  Tous, assemblés, grossissent le flot de la marée humaine
qui vient à notre rencontre. Lessivés, meurtris, blanchis,
déguenillés, grignotés de toutes parts, êtres désemparés,
nos disparus, errant dans l’orbe de la mort.
  Ils sont là. Je perçois leur présence attentive. Ils
m’accompagnent toujours et partout, mes proches
que les circonstances nases ont subitement éloignés
de mon espace de vie. Nos morts ne nous lâchent jamais.
Toujours le souvenir d’eux s’impose et bouleverse.
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Pointe de 30



extrait 2

  Un souffle rauque, d’abord à peine perceptible, puis
de plus en plus vaillant, fait frémir leur plumage et
frissonner la surface grisonnante de la mer.
  De lointains roulements me font penser à la rumeur
des tambours de guerre. Le chant lancinant, inquiétant,
obsédant, des nuits qui précèdent les plus sanguinaires
affrontements. Présences pernicieuses, pressenties,
bulles écumeuses, des yeux globuleux, s’en viennent
percer le mystère angoissant. Regards inquisiteurs de
tous les naufragés que l’anomalie ambiante intrigue et
pousse à s’extraire de leur couette de vase et de varech.
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"J'ai été témoin / j'ai souffert / j'étais là"
Walt Whitman


  Sans forfanterie aucune…
Extrait 2

  Sans micmac ni bidouillages d’esprit, genre occultisme ou bigoterie,
sur la brèche toujours, le fil de lame, à jouer les équilibristes pour rester
en surface, garder le moral loin des godasses, bien au-dessus de l’horizon
et de la flottaison.
  Sans réelle animosité, ni envie d’en découdre à tout crins, essayer de
cohabiter, coexister avec l’espace mâtin, la carcasse coincée entre deux mondes,
celui des morts d’un côté celui des vivants de l’autre, puisqu’il paraît, comme
disait le poète, que nous sommes en marge de ces deux entités.
  Sans une once de regrets, cœurs errants baladés entre deux conditions, fricotant
avec la vastitude sans jamais nous mêler des affres et turpitudes des humaines
habitudes, toujours le cul entre deux marées, l’espoir entre deux rades et la vie entre
deux dépressions.
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