Citations sur Trois hommes dans un bateau (sans oublier le chien) (97)
J'aime le travail : il me fascine. Je peux rester des heures à le regarder.
Cela ne vaut rien de suivre toujours le courant. On éprouve plus de satisfaction à se cambrer la poitrine pour lutter contre lui et à faire son chemin malgré lui...
Il y a dans l'église de Walton, un "bride mégère" de fer.
On employait ces instruments jadis, pour dompter les langues féminines.
On y a renoncé depuis.
Je suppose que le fer est devenu rare, et qu'on a pas trouvé d'autre métal assez résistant.
(définition du "bride mégère " : instrument de punition qui comportait une armature en fer pour tenir la tête et un bloc de métal qu'on enfonçait dans la bouche)
Jamais il n'arrive à Harris de "pleurer sans savoir pourquoi". Si les yeux de Harris s'emplissent de larmes on peut parier que c'est parce qu'il vient de manger des oignons crus ou qu'il a mis trop de sauce Worcester sur sa côtelette.
L’égoïsme des propriétaires terriens augmente chaque année. Si on les laissait faire, ils clôtureraient complètement la Tamise. Ils ne s’en privent d’ailleurs pas sur les petits affluents et dans les bras morts. Ils plantent des piquets au fond du lit de la rivière, tendent des chaîne d’une rive à l’autre, et clouent d’énormes pancartes sur chaque arbre. La vue de ces écriteaux réveille tous les mauvais instincts de ma nature. J’ai envie de les arracher et d’en marteler la tête de l’homme qui les a fait poser, jusqu’à ce que mort s’ensuive, et puis de l’enterrer et de couvrir sa tombe de cette pancarte, en guise de dalle funéraire. [...]
Aux « Pilots de Corway » – la première courbe après le pont de Walton – fut livrée une bataille entre César et Cassivelaunus. Cassivelaunus avait barré le fleuve pour arrêter l’armée romaine, en y plantant des pilots (auxquels il avait sans doute accroché un écriteau). Mais César n’en passa pas moins. Impossible d’écarter César de ce fleuve. C’est le genre d’hommes qu’il nous faudrait à présent pour s’opposer aux abus des riverains.
(Chapitre VIII)
Mais toute médaille a son revers, comme disait l'homme dont la belle-mère venait de mourir et à qui on apportait la facture de l'enterrement.
Ça ne t'ennuierait pas de t'asseoir ailleurs que sur ma tête?
Incipit : Nous étions quatre : Georges, William-Samuel Harris, moi-même et Montmorency, mon fox-terrier.
Lentement le souvenir vermeil du soleil défunt s'évanouit au sein de nuages gris et mornes. Silencieux comme des enfants en deuil, les oiseaux ont cessé leur ramage, et seuls le cri plaintif du coq de bruyère et le rauque croassement de la corneille troublent le silence solennel qui plane sur le lit du fleuve où le jour mourant exhale son dernier soupir. P. 29
J'aime voir ramer un vieux marin, surtout quand il est payé à l'heure pour le faire. Il y a dans ses gestes quelque chose de si merveilleusement calme, de si placide, de si reposant... Il est si étranger à cette hâte frénétique, à cette compétition véhémente qui deviennent un peu plus chaque jour le fléau du XIX° siècle. Le vieux marin, lui, ne fera jamais le moindre effort pour dépasser un autre bateau. Et si un autre bateau le dépasse, peu lui importe, il n'en conçoit aucune irritation. D'ailleurs, tous les bateaux qui vont dans la même direction que lui le dépassent systématiquement. Certains en seraient contrariés, furieux même, mais pas le vieux marin payé à l'heure : sa sublime équanimité nous enseigne à délaisser l'ambition et l'arrogance.