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3,59

sur 60 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les histoires d'addiction parlent souvent d'alcool ou de drogue mais beaucoup plus rarement de la dépendance aux vêtements, aux chaussures et aux sacs à mains !
Ici, la jeune japonaise que l'on suit pendant quelques années devient peu à peu une acheteuse compulsive, et cela l'entraîne dans une spirale infernale entre euphorie, exaltation, mensonges et gros soucis financiers au point de remettre toute sa vie en question.

Pendant toute une partie du roman, l'héroïne est accro au luxe et elle énumère consciencieusement les grandes marques françaises ou italiennes qui la font rêver.
Elle nous entraîne dans son obsession pour les vestes en cachemire, les sandales en cuir, les robes aux coupes parfaites et les sacs à main griffés, qu'elle assimile à la beauté, à la jeunesse et à la réussite.
Mais cet aspect futile s'estompe rapidement pour laisser place à une vraie histoire, celle d'une femme qui souffre, qui n'a pas la sensation d'avoir sa place dans la société, qui croit lutter contre un vide immense en achetant des robes en lamé ou des escarpins à talons vertigineux.

L'auteur nous montre un autre aspect du Japon, un Japon où la honte et le fait de perdre la face est une des pires choses qui puisse arriver à une personne, au point qu'on préfère parfois ne plus jamais parler d'une personne qui a fait honte à sa famille, un Japon compétitif, où les enfants sont poussés dès leur petite enfance à être les meilleurs dans tous les domaines, un Japon où les femmes sont mères au foyer ou reléguées à des postes subalternes en attendant de se trouver un mari pour les entretenir, un Japon qui rêve d'Occident mais qui est gouverné par les Yakuzas, un Japon enfin qui confond le bonheur et l'acquisition des biens au point de se perdre en route, au détour d'un temple, d'un jardin zen ou d'une salle de jeu.
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A Tokyo, Kayo, la narratrice, s'adresse à un mystérieux destinataire. Elle lui explique son parcours : mariée trop vite à un salaryman accaparé par son métier de banquier, elle devient mère trop jeune et végète dans un rôle de femme au foyer sans avenir ni perspectives. Son désoeuvrement la ronge. L'ennui insondable qu'elle vit au quotidien la pousse inexorablement vers la dépression. En retrouvant Tomoko, une ancienne camarade de lycée, elle découvre le monde de la mode, le shopping compulsif, les vêtements, chaussures et accessoires de marque. Elle enchaîne les ventes privées, fait sienne la devise de son mentor (« Les vêtements représentent le seul vrai pouvoir que nous autres femmes détenons sur le monde ») et finit par se brûler les ailes.


Ayant ouvert un compte sans en parler à son mari grâce à un don de sa mère, elle dépense sans compter jusqu'au jour où la source se tarît. Croulant sous les dettes, elle s'adresse à des usuriers mafieux pour obtenir un crédit. Les yakuzas vont lui faire comprendre qu'il y a un moyen très simple d'obtenir tout l'argent qu'elle désire en toute discrétion : la prostitution…


J'ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé ce roman. Radhika Jha est indienne mais j'ai retrouvé dans son texte le sombre désespoir que j'apprécie tant dans la littérature japonaise contemporaine, notamment chez Murakami Ryu. Aucune superficialité malgré les apparences. le mal être de Kayo est profond, elle achète pour exister, pour ne pas devenir invisible. Elle achète pour combler un vide qui a désespérément besoin d'être rempli. Sa confession agace, touche, inquiète. Elle fascine aussi. Sous les abords légers la cruauté affleure, le glamour devient glauque, l'ivresse du shopping tourne à l'aigre. Percutant et fort bien mené.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Nous sommes à Tokyo dans les années 90
La narratrice souffre d'une addiction : celle du shopping.
Femme au foyer, mère d'un petit garçon puis d'une petite fille, elle s'ennuie cruellement. Son mari part tôt le matin et rentre tard le soir. Bien que amoureux, il est distant et observe à la lettre le machisme de sa culture.
La narratrice a le culte du beau vêtement et du paraître dans une société qui présente le paradoxe de l'indifférence et de l'espionnage des voisins.
Très vite, la narratrice va être endettée. Elle va alors avoir recours à des solutions de plus en plus dangereuses et indignes.
Le parcours de cette femme est semblable à celui de n'importe quel toxicomane : du plaisir puis de la dépendance, du vol puis de la prostitution. La cure de désintoxication est relativement artisanale et n'empêchera pas la rechute.
Ce qui m'a plu dans ce roman est tout d'abord son sujet : un phénomène banal et loin d'être illégal créé une véritable pathologie chez une femme ordinaire. Ensuite, j'ai trouvé que situer l'action au Japon donnait encore plus de force au propos puisque la culture du paraître prend ici une dimension sociale très importante.
En revanche, j'ai trouvé les scènes de shopping longues et répétitives. L'auteur aurait pu épargner à son lecteur la description détaillée de chaque vêtement !
Néanmoins, il reste un goût d'amertume à cette lecture qui la rend poignante : la solitude, le paraître, la société de consommation : autant de thèmes universels toujours d'actualité.
Si vous êtes de celles ou de ceux qui vont (trop) souvent faire les boutiques, faites une pause, allez au parc et lisez ce roman. Peut-être vous aidera-t-il à relativiser votre besoin du dernier pantalon à la mode 😉

Pioche dans ma PAL - Avril 2017
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Contrairement à ce qui est mis en avant - le besoin d'acheter des vêtements, d'être belle, le paraitre - ce qui m'est resté de ce livre est tout autre. C'est surtout l'histoire d'une femme d'aujourd'hui face à la société dans laquelle elle vit. Comment avoir l'impression de ne plus être transparente, avoir des ami(e)s, appartenir à un cercle. Là ce sont les vêtements, ça aurait pu être autre chose je pense, bien qu'on insiste ici sur l'apparence.
Il se dégage surtout une extrême solitude et un mal être que beaucoup de femmes partageront.
J'avais lu "l'odeur" du même écrivain, talent confirmé.
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Ce livre est une véritable surprise. L'auteure, indienne, qui a vécu au Japon raconte l'histoire d'une femme japonaise parmi tant d'autres.

Un peu grosse, mais avec une poitrine avantageuse, la jeune héroïne épouse son compagnon à la sortie du lycée. Bientôt, elle se trouve jeune mère au foyer, isolée, avec un mari qui ne rentre que tard le soir et s'occupe de moins en moins d'elle.

La mélancolie la saisit jusqu'à ce qu'elle retrouve Tomoko, une amie du lycée. Celle-ci lui redonnera le goût de vivre en l'initiant à la mode. On découvre alors un monde de désirs et d'apparences où il faut avoir constamment de jolies choses, plus pour savoir qu'on les possède que pour réellement les porter.


L'héroïne tombe alors dans une spirale infernale. Cette accro du shopping ne donne pas du tout la même impression que ce qu'on peut lire dans la littérature américaine. En effet, le personnage est entraîné de plus en plus loin entre dettes et mensonges.

La dernière partie m'a beaucoup surprise et la toute fin du livre également, même si j'aurais voulu quelques petites explications supplémentaires.

Un livre surprenant et très bien écrit, une petite révélation !
Lien : https://girlkissedbyfire.wor..
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Surprenant roman qui nous dévoile un univers très particulier, celui des « ventes privées » à Tokyo aujourd'hui. Ou comment une jeune femme, épouse au foyer, résiste à l'ennui d'une vie monotone, aux désillusions d'un mariage précoce et d'un mari absent en devenant membre d'un club sélect et secret, celui des « passionnées de beauté ».
Radhika Jha, romancière indienne ayant résidé au Japon, dresse de façon saisissante et très juste le portrait d'une jeune femme moderne, victime de son addiction dans l'univers feutré des boutiques de luxe.
Le shopping comme rarement la littérature en a parlé !
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Quelle lecture déroutante. le Japon m'a toujours fait rêver mais ce livre a un peu ébranlé ma vision. le roman présente tout de même une société dure où les femmes n'ont pas grand-chose à dire et n'ont d'autres occupations que de combler leur mari. Kayo, victime de ce système, se retrouve donc dans une existence un rien morne qu'elle pimente en sombrant dans un shopping folie jusqu'à toucher le fond.
Radhika Jha manie la plume à merveille. J'ai beaucoup aimé son style. Et l'histoire est intriguante, on suit avec ardeur l'héroïne pour savoir où ses déboires vont l'emmener. Cette lecture m'a rendu "nerveuse". J'avais envie d'exploser à la place de l'héroïne et je me suis sentie oppressée par son comportement, ses choix et sa façon de "subir" sa vie. du coup, je pense que Radhika Jha a pu retranscrire à merveilles les émotions de son héroïne. J'ai beaucoup aimé aussi les pistes et les critiques sous-jacentes au récit. Une histoire qui fait réfléchir. Une bonne lecture, intéressante à défaut d'être "belle" vu le "dramatisme" de l'histoire.
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La beauté du diable nous ouvre les portes d'un monde d'apparence et de luxe dont l'aspect alléchant se révèle terriblement vénéneux. On y voit la lutte d'une poignée de femmes qui s'emparent avec art de ces armes pour tenter de se hisser aux côtés des hommes de pouvoir.

L'intrigue nous plonge dans le quotidien d'une jeune mère de famille sans histoires qui finit par succomber aux sirènes du luxe au point de se perdre dans les méandres les plus sombres de son addiction.

Au fil des pages on assiste impuissant à sa lente déchéance, à sa solitude de mère et d'épouse mais également aux pressions exercées par la société japonaise.

Un roman utile et d'une cruelle universalité qui n'hésite pas à creuser jusqu'au bout les contradictions subies par les femmes, quels que soient leurs âges, leurs statuts ou leurs pays d'origine.
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« Et maintenant nous arrivons au coeur de mon club. Notre endroit de prédilection, à nous autres femmes – le salon d'essayage. Y entrer, c'est presque comme se retrouver seule avec son bien-aimé pour la première fois. le moment est venu de tenir votre trophée entre vos mains et de goûter le plaisir de la propriété. Loin des regards indiscrets, vous pouvez caresser votre butin, l'embrasser et enfin vous glisser dedans. Dans le secret de la cabine d'essayage, vous savourez votre intimité. Là, vous en prenez possession pour la première fois. »

L'addiction japonaise au shopping décortiquée par une auteure indienne.

Le diable du titre c'est beaucoup plus que le désir de consommer ou de posséder, c'est le regard de l'autre, le désir d'être remarquée, remarquée pour sa beauté dans le respect des traditions ou des règles de société.

Un vêtement est plus beau dans la vitrine et ce qui importe c'est de l'acheter plus que de le mettre.

Engrenage infernal, frénétique et fatal, car le shopping c'est cher. Ce qui est aussi effrayant c'est la vitesse à laquelle on s'enfonce.

Ce qui est encore plus intéressant c'est l'analyse du regard de l'autre tel qu'il est vécu, ou subi, au Japon.

Il est écrit que « Cette histoire aurait tout aussi bien pu se dérouler à Paris, Londres ou Delhi » mais je pense que la pression sociétale japonaise peut pousser au paroxysme cette addiction.

« Il y a, dans l'écriture de Radhika Jha, une simplicité envoûtante, qui met à nu les comportements humains les plus déviants, et les plus déchirants. » (Marine Landrot, Télérama) - je souscris !

Même en tant qu'homme, j'ai lu ce livre d'une traite, sans temps mort et avec beaucoup de plaisir.
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Kayo semble avoir tout pour être heureuse, un mari banquier, un enfant, une vie suffisamment confortable et paisible... Pourtant elle se sent seule et lorsqu'elle rencontre son amie d'enfance, Tomoko, qu'elle trouve d'une élégance enviable, elle la suit avec plaisir dans les magasins...
Mais bientôt de simples achats, elle passera à l'achat compulsif au point d'avoir des dettes et de devoir emprunter...
Elle en est malheureuse mais est droguée à la carte de crédit...

Ce roman, écrit par une indienne, décrit à merveille la société japonaise de la fin du XXème siècle, avec ses moeurs et déviances, et sa religion du "bonheurisme"...
L'écriture est simple, le scénario envoutant et le lecteur suit avec plaisir la pétillante ivresse du shopping puis la descente progressive en enfer de l'héroïne...
Pas mal !


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