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3,59

sur 60 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je veux tout d'abord remercier chaleureusement Babelio et la splendide maison d'édition Picquier pour m'avoir fait découvrir ce roman.

Là, on l'on s'attendrait à une "confession d'accro au shopping" à la sauce nippone, c'est une surprise de taille que ce roman. Une descente aux enfers par addiction sur fond de surendettement, prostitution et secrets. Cette spirale du mensonge emporte l'héroïne dans un gouffre qu'elle nomme "makura", un état d'hébétude et de tristesse extrême. Des scènes parfois choquantes, émouvantes qui ne laissent en aucun cas indifférent. Un traitement intéressant du thème de l'addiction, peu ou pas abordée du point de vue vestimentaire. L'auteur décortique le cheminement psychologique de l'addiction (le déni, l'abandon, le renoncement, la joie intense quand l'addiction est satisfaite, le caractère éphémère de cette joie, la culpabilité et ainsi de suite comme un éternel recommencement).

L'écriture est limpide, claire et parfois crue. Les personnages secondaires qui gravitent autour de Kayo sont complexes et perturbants. L'auteur n'épargne personne dans ce monde où tous les gens ont un côté sombre (j'ai été particulièrement surprise par Ryu de ce point de vue).

Un roman qui laisse un certain malaise au coeur, l'empathie pour les personnages rend nauséeux face à leurs comportements contradictoires et excessifs. Un parfait contraste entre la société japonaise actuelle si standardisée et normée et les dérives énormes qu'elle provoque dans ce récit.

Mes scènes préférées : l'"oasis" de quiétude du séjour au temple, la révélation de l'interlocuteur de Kayo (à qui elle raconte son histoire).

Bref, ce roman est un lotus, une merveille ancrée dans des racines fangeuses et obscures.
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En commençant La beauté du diable, on peut s'attendre à Une accro du shopping made in Japan où tout n'est que paillettes et désinvolture. Ce texte de Radhika Jha est à l'opposé, elle nous livre un texte profond presque déroutant.

La beauté du diable nous parle de l'addiction sans rien omettre, on y lit la découverte du vice, les sensations de bien être quand le besoin est assouvi, le manque, les mensonges et la descente aux enfers. Bien qu'ici, il ne soit nullement question de drogue ou d'alcool, en effet Kayo est une adepte d'un petit club très privé qui réunit les amateurs de la beauté, la beauté de soi dans de jolies tenues hors de prix.

Kayo est une jeune tokyoïte qui souhaite échapper au destin familial, elle se marie trop vite même si elle aime sincèrement Ruy, son mari. Elle devient également très vite maman. Elle aime sa vie de femme au foyer et de mère de famille mais la makkura (que je traduirai par quelque chose qui ressemble à la dépression) est là, elle s'ennuie. C'est son amie Tomoko qui lui fera découvrir les joies du shopping dans les boutiques de luxe. Kayo aime voir, toucher et posséder des jolis et onéreux vêtements. Au milieu de ces étoffes délicates, elle se sent belle, elle se sent vivre, elle se sent exister. La dépendance se met en place…

Ce texte est un vrai délice, Radhika Jha décrit avec beaucoup de justesse les états âmes de Kayo. On ressent aisément les joies et ses peines de jeune femme au foyer et on vit avec elle, la sensation de manque qui monte progressivement, le bonheur intense de l'achat, la culpabilité d'avoir une nouvelles fois craqué. Un panel d'émotions fortes et puissantes décrites avec beaucoup de pudeur et de délicatesse. C'est malgré tout avec un sentiment partagé que j'ai suivi sa descente vers l'enfer, j'ai tout de suite aimé, compris et soutenu Kayo mais j'avais également envie qu'elle s'affirme, qu'elle ose, qu'elle mette en place les solutions qu'elle possède en elle. Mais voilà, la culture japonaise fait également partie intégrante de ce roman.

J'ai adoré suivre la préparation des diners, savoir quel ingrédient est pour les jour de fêtes et lequel est pour lotus les jours. Cette immersion dans le quotidien des civilisations différentes de la mienne historiquement ou géographiquement fait partie des choses que je préfère dans la littérature. le Japon, on y est avec son culte à la réussite, sa pudeur et l'honneur guidant chaque décision, chaque fait. Je me suis étonnée de découvrir que l'auteur de ce roman est indienne ; car ce livre est une véritable excursion en territoire nippon.

Je remercie chaleureusement Babelio et Les Editions Philippe Picquier pour m'avoir permis de lire ce livre dans le cadre d'une masse critique. Cette lecture a été un merveilleux voyage entre dépaysement et ancrage dans l'humanité.
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Voici un livre dont je veux absolument parler car je trouve que l'on pourrait trop facilement passer à côté. le titre rappelle le diable s'habille en Prada mais à part le sujet qui aborde les vêtements de marque, l'histoire n'a rien à voir avec le roman de Lauren Weisberger. D'ailleurs, le titre original est My beautifil shadow, que je trouve plus à l'image du roman. En lisant la quatrième de couverture, on pourrait penser que ce roman n'aborde que le monde des grandes marques et la superficialité de la mode, mais c'est en réalité une plongée au coeur de la société japonaise, décrite avec beaucoup de finesse, tout autant que les pensées et émotions de la narratrice.

On est ici dans le Japon moderne, où l'on suit une mère au foyer qui nous raconte son histoire. Mariée jeune sans avoir été à l'université, Kayo a une existence sans saveur, entre un mari pris par son travail, des voisins qui l'épient et une mère qui désapprouve son choix de vie, ne lui ayant même pas offert de kimono pour son mariage, comme le veut la tradition. Elle se confie au lecteur, mais on découvre au fil du roman qu'elle s'adresse en réalité à une personne en particulier, lui demandant de ne pas la juger trop sévèrement…

Tout au long du roman, on va donc suivre Kayo dans sa recherche d'un sens à sa vie. Elle sera initiée au monde de la mode et des vêtements de marque par une amie de lycée retrouvée par hasard dans une rue, tombera dans des excès et tentera de s'en relever à plusieurs reprises. Kayo découvre le bonheur que peut apporter le fait de se sentir belle et d'attirer le regard, grâce à une toilette soigneusement choisie. Elle se sent revivre et pense avoir besoin de ça pour exister. Par moments, elle essaie de reprendre sa vie en main et de se contenter du bonheur simple d'avoir un mari qui l'aime, des enfants qui réussissent, de leur cuisiner chaque jour de bons plats… mais malgré cela, elle se sent "invisible".

Dans ce roman, j'ai particulièrement apprécié l'introspection de la narratrice, qui se rend bien compte qu'elle n'est pas assez forte pour affronter la vie et assumer ses choix. Elle fait des erreurs, mais au lieu de demander de l'aide, elle les cache car elle n'a pas la force d'affronter le regard de son mari ou de la société.

Radhika Jha décrit avec talent les émotions de Kayo et nous permet de vivre à sa place le temps du roman, de ressentir ce qu'une femme comme elle pourrait ressentir. J'ai notamment trouvé exceptionnelle la description des émotions de Kayo lorsqu'elle se retrouve dans le jardin zen d'un temple bouddhiste dans lequel elle tente de se ressourcer. On comprend cette femme, malgré ses défauts, et on aimerait pouvoir l'aider à trouver un équilibre…

Je ne vous en dis pas plus et vous invite à vous plonger dans la lecture de ce roman !
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Un bon nombre d'addictions sont connus mais celui au shopping l'ai moins. Pourtant cela peut détruire une vie peut-être même une famille.
Dans ce roman, le lecteur prend la place du confident d'une tokyoïte nommée Kayo.
Elle a tout pour être heureuse : une belle famille, un mari banquier, pas besoin d'aller travailler, ... et même une poitrine généreuse.
Mais elle a un problème, elle adore les magasins de vêtements, l'odeur des vêtements neufs et les acheter.
Pour assouvir sa passion, elle utilise un compte personnel dont son mari ne connaît pas l'existence, mais très vite elle se retrouve à découvert et doit trouver une solution pour rembourser la banque.
Son addiction deviendra un cercle diabolique et elle aura du mal à retrouver une vie sans dépenses et donc sans shopping.
Kayo accro au shopping le jour et mère au foyer le soir. Mais pour autant ne la croyez pas superficielle ...

Une très belle histoire à la découverte d'un maux qui pourrait très bien se dérouler dans n'importe quelle partie du monde. Ce livre permet la découverte du Japon très bien analysé et décrite par l'auteure.
Une lecture très agréable, qui pourra également vous rendre accro ... à la lecture.
Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
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Non, ce ne sont pas les confessions d'une accro du shopping, avec les suites à rallonge que l'on connaît – son mec, sa meilleure ennemie, sa gynéco, son bébé. J'ai pris grand plaisir à ces confessions et à la suite des aventures plaisante de notre amie Becky, mais avec Kayo, on ne joue pas dans la même cour. L'initiative d'une Indienne ayant vécu au Japon et écrivant sur les femmes japonaise ne pouvait être que prometteuse et Rhadika Jha a fait mieux que transformer l'essai.
Il y a l'addiction, et la comparaison pourrait être simple et basique avec notre plaisante accro du shopping. le goût des belles fringues, des marques, du luxe, accumulation de chaussures et de sacs, de robes que l'on ne portera jamais, de lingerie, d'accessoires en tous genres. Mais au-delà de l'addiction dont les mécanismes sont parfaitement et froidement décrits, aussi sobrement qu'une plongée dans l'alcool ou la drogue, il y a la chute d'une femme seule, abandonnée de sa famille, de sa mère, de ses amis, de son mari, incapable de se raccrocher à un quelconque centre d'intérêt et qui va lentement sombrer. Statut ambigü de la femme japonaise, perdue entre tradition et consommation, victime de relations de couple qui se délitent, engloutie dans l'incapacité à trouver un fil conducteur à sa vie. Cette femme on a envie de la rattraper au bord du gouffre, de lui crier de ne plus faire un pas, de la secouer, de la gifler pour l'empêcher de se détruire, et on reste figé, aussi incapable de tirer l'alarme que la triste héroïne à lutter contre son addiction.
Le plus étrange est que cette sonnette d'alarme soit tirée par une Indienne bourrée de talent, qui a produit là un roman détaché du reste de son oeuvre – mais que cela ne vous empêche pas de lire ses autres productions.
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Kayo s'est mariée très jeune et ne s'épanouit pas dans sa vie d'épouse-mère au foyer. Les retrouvailles avec son amie d'enfance et une grosse somme d'argent reçue de sa mère vont lui offrir une échappatoire en lui ouvrant les portes d'un autre Tokyo : celui des grands magasins et des ventes privées. Très vite, acheter de beaux vêtements devient son seul plaisir... Et Kayo achète jusqu'à l'obsession. Jusqu'au jour où l'argent vient à manquer.
Kayo, endettée, saura-t-elle résister à la tentation ? Arrivera-t-elle à remonter la pente afin de protéger sa famille ? Ou laissera-t-elle son addiction prendre le dessus, la forçant à mener une double vie qui pourrait la mener à sa perte ?

Ce très beau roman nous montre un Tokyo où le monde du luxe, de la consommation et de l'excès côtoie la tradition et la réserve japonaise. L'héroïne, perdue entre deux vies totalement incompatibles est touchante dans sa solitude et on ne peut que s'attacher à cette jeune femme qui, à cause des tabous de la société ne peut avouer à personne son mal être initial, et encore moins l'addiction qui en a découlé.
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Cela faisait une éternité que je voulais lire un deuxième livre de Radhika Jha après avoir savouré L'odeur. C'est enfin chose faite grâce à La beauté du diable qui est vraiment un livre à part entière puisqu'il relate une addiction assez singulière: celle du shopping. Il n'est pas question ici d'une gentille addiction de “midinette” mais bien d'une maladie incurable et qui poussera le personnage et ses proches dans leurs retranchements voire pire !

Une histoire de cercle vicieux, sous la plume virtuose de cette auteure indienne dont je ne me lasse pas.
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