Voici un livre dont je veux absolument parler car je trouve que l'on pourrait trop facilement passer à côté. le titre rappelle
le diable s'habille en Prada mais à part le sujet qui aborde les vêtements de marque, l'histoire n'a rien à voir avec le roman de
Lauren Weisberger. D'ailleurs, le titre original est My beautifil shadow, que je trouve plus à l'image du roman. En lisant la quatrième de couverture, on pourrait penser que ce roman n'aborde que le monde des grandes marques et la superficialité de la mode, mais c'est en réalité une plongée au coeur de la société japonaise, décrite avec beaucoup de finesse, tout autant que les pensées et émotions de la narratrice.
On est ici dans le Japon moderne, où l'on suit une mère au foyer qui nous raconte son histoire. Mariée jeune sans avoir été à l'université, Kayo a une existence sans saveur, entre un mari pris par son travail, des voisins qui l'épient et une mère qui désapprouve son choix de vie, ne lui ayant même pas offert de kimono pour son mariage, comme le veut la tradition. Elle se confie au lecteur, mais on découvre au fil du roman qu'elle s'adresse en réalité à une personne en particulier, lui demandant de ne pas la juger trop sévèrement…
Tout au long du roman, on va donc suivre Kayo dans sa recherche d'un sens à sa vie. Elle sera initiée au monde de la mode et des vêtements de marque par une amie de lycée retrouvée par hasard dans une rue, tombera dans des excès et tentera de s'en relever à plusieurs reprises. Kayo découvre le bonheur que peut apporter le fait de se sentir belle et d'attirer le regard, grâce à une toilette soigneusement choisie. Elle se sent revivre et pense avoir besoin de ça pour exister. Par moments, elle essaie de reprendre sa vie en main et de se contenter du bonheur simple d'avoir un mari qui l'aime, des enfants qui réussissent, de leur cuisiner chaque jour de bons plats… mais malgré cela, elle se sent "invisible".
Dans ce roman, j'ai particulièrement apprécié l'introspection de la narratrice, qui se rend bien compte qu'elle n'est pas assez forte pour affronter la vie et assumer ses choix. Elle fait des erreurs, mais au lieu de demander de l'aide, elle les cache car elle n'a pas la force d'affronter le regard de son mari ou de la société.
Radhika Jha décrit avec talent les émotions de Kayo et nous permet de vivre à sa place le temps du roman, de ressentir ce qu'une femme comme elle pourrait ressentir. J'ai notamment trouvé exceptionnelle la description des émotions de Kayo lorsqu'elle se retrouve dans le jardin zen d'un temple bouddhiste dans lequel elle tente de se ressourcer. On comprend cette femme, malgré ses défauts, et on aimerait pouvoir l'aider à trouver un équilibre…
Je ne vous en dis pas plus et vous invite à vous plonger dans la lecture de ce roman !
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