Fée et Tendres Automates, tome 2 : Elle

Une ville qui s'effondre, un empereur rongé par la démence, un peuple qui se révolte dans la haine et la violence. Voici Carlotta : ville-musée, ville fantasque aux relents de désespoir. Mais caché en son sein, dans la Forteresse Cathédrale surplombant la cité déchirée, demeure l'espérance d'un vieil homme déterminé à retrouver l'oeil-fée ; « cet état de grâce, ce merveilleux qui a quitté l'esprit des hommes »…

L'étincelle de l'oeil-fée, a aujourd'hui aussi, pâlie dans le regard de beaucoup. Tout comme à Carlotta le merveilleux a cédé le terrain à la raison, l'âme, désenchantée, cherche sa place. Et c'est sans aucun doute pour ces raisons que le triptyque Fée et tendres automates sait atteindre le lecteur au plus près du coeur, murmurant quelque magie à cette place vide où se trouvait autrefois l'émerveillement.
C'est à cette parcelle de rêve perdue que s'adresse la fresque baroque et poétique qui se dessine sous nos yeux. Les traits, de B.Tillier, sont fins, ses couleurs, alternance de rouge et de bleu, de chaud et de froid, guident le lecteur aux côtés de la folie des hommes ou d'un automate sentimental recherchant désespérément « sa fée ». Fée automate, fée inachevée, qu'un seul regard de Jam suffit à éveiller. Mais la vie est fragile et la pureté rapidement souillée par l'avidité. Car quand il s'agit d'humanité, on ne parle plus ici des hommes, mais bien des automates et du héro à qui Téhy (connut pour sa série La Teigne) attribut des fêlures et des émotions merveilleusement retranscrites :
«…Les étoiles…Les étoiles…Tout là-haut…Petit yeux cristallins…infracassables noyaux de nuit…ici la constellation du centaure…et ici, un peu plus haut…le tropique du Capricorne…L'étrange impression…de naître à la vie en connaissant déjà…le nom de chaque…chose…Je suis né à la vie en entendant ces mots…Raté, raté, raté. Décevoir…naître à la vie en décevant quelqu'un…une amère tristesse qui vous colle à la peau pour le restant de vos jours…une amère et…vertigineuse…tristesse. »

En offrant une véritable réflexion sur l'âme humaine, ce conte des temps moderne à la fois sombre et touchant réconcilie avec la bande dessinée qui, trop souvent, reste à la surface des choses. Triptyque féerique de référence, alliant dessins de toute beauté et texte poétique de qualité…c'est certain, les fées ont dû veiller sur ce petit bijou.

C'est encore sous le charme de «Jam» que j'ai entamé «Elle», deuxième tome du triptyque que «Wolfgang Miyaké» viendra conclure. C'est avec plaisir que je me suis replongé dans ce monde de "Fée et tendres automates" contrastant violence brusque et amour pur, décadence humaine et marionnettes féeriques, cruauté destructrice et innocence poétique.

Un deuxième tome qui nous dévoile beaucoup d'informations sur l'histoire de l'univers de "Fée et tendres automates". Alors que le premier tome nous émouvait avec la pureté de l'amour de Jam pour sa fée, celui-ci nous attendrit en ajoutant la notion d'éternité à cet amour grandissant à travers les siècles.

Un deuxième tome qui incite également le lecteur à tirer des parallèles avec le monde actuel et à s'interroger sur son évolution future.

Un conte allégorique pour adultes qui tient toutes ses promesses.

Carlotta, au temps d'avant. Jam se souvient, comment les hommes ont investi la forteresse-cathédrale, comment Mister Sir Crampett's a tenté de le sauver, lui et Fée et comment, après que la grande lumière ait tout dévasté, Fée a disparu.
Un tome sombre et triste qui laisse peu de place à la féerie, disparue avec Fée et qui ne dépeint pas le genre humain sous son meilleur aspect. le tout est un peu fouillis et moins réussi que le premier opus, peut-être justement parce que l'étincelle de l'oeil-fée en est absente ?

Une magnifique histoire d'amour entre deux automates, par delà les siècles et la folie des hommes, dans un univers où se côtoient le merveilleux et l'horreur, le luxe baroque et la misère, la pureté et la souillure.