J'ai été séduit par le graphisme, très naturel, comme des esquisse prises sur le vif, le crayon, le pinceau restent visibles, le trait est rapide mais juste, vivant, simple, brut, sans emphase, il nous fait entrer dans l'intimité des personnages, c'était indispensable pour entrer dans ce récit intimiste. La colorisation est fraiche, moderne, rien que des aplats qui viennent rehausser la graphisme en noir, lui octroyant une belle lumière chaude, calme et sereine.
L'histoire est calqué sur “Les choses de la vie” de
Claude Sautet, auquel elle rend un hommage appuyé, avec bien sûr l'accident de la route qui permet de refaire le point sur sa vie, sauf qu'ici, c'est l'homme, Benjamin, qui survit et la femme, Romy, qui est dans le coma.
Tout est juste, mélancolique, d'une grande finesse, mais cette bande dessinée souffre un peu des mêmes défauts que le film. Ici, Benjamin est sculpteur, le récit nous donne une vision de cet art très romantique, maniérée et détachée des réalités, s'appuyant sur le sensuel, sur l'expression, c'est un peu l'archétype de “L'artiste” du roman érotique, bref, il faut que le héros soit riche, beau, artiste et forcément tourmenté, on tombe dans les clichés de la romance avec une prétention intellectuelle, et on est loin d'une réalité de la vie, de la confrontation à la mort, tout est idéalisé. du coup, comme pour le film, le soin visuel remarquable, juste et élégant, finit par rendre cette oeuvre pédante et snob. le film m'a assez agacé, il propose une vision bourgeoise du monde dont on n'a finalement pas grand chose à faire, la bande dessinée est du même tonneau. Ça se torture l'esprit à savoir pourquoi telle femme nous attire, fantasmer est-ce tromper et autre questionnements que seul un riche oisif peut se permettre. La sculpture de Benjamin semble ne s'adresser qu'à un public mondain, et la bande dessinée finit par faire le même effet. Sans doute que l'hommage au film est très réussi, mais si on a pas aimé le film…
Dommage, c'est beau, mais je n'ai pas du tout eu envie de m'attacher aux personnages.