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sur 1079 notes
Un mot n'est jamais dit dans Sa préférée, le premier roman de Saraj Jollien-Fardel, celui de résilience, et pour cause, elle ne peut exister pour Jeanne, l'héroïne et la narratrice d'une histoire terrible et par moments presque insupportable. Tout vient de l'enfance, dans un petit village du Valais et d'un père alcoolique d'une violence inouïe envers sa femme et ses deux filles. Sans entrer dans le détail, il est nécessaire de préciser que certains passages du livre sont très difficiles à lire. Mais à mesure que Jeanne s'éloigne de cette atmosphère délétère et essaie de se reconstruire, sa guérison éventuelle ne résiste pas à des deuils directement liés à son monstre de père. le lecteur ne souhaite qu'une chose : qu'elle remonte la pente, mais ... Malgré quelques amitiés, malgré une histoire d'amour incandescente, malgré les heures apaisantes à nager dans le Léman, ce lac clément, Jeanne va t-elle couler à pic, elle qui est la fille du monstre et que la culpabilité ronge, incapable de se donner une chance d'oublier ? Jusqu'au dénouement, que l'on voudrait tout autre, l'on s'agrippe au récit comme à un morceau de bois au milieu de l'océan, avec l'espoir chevillé au corps. Dire que ce roman est dur relève de l'euphémisme, porté par un style à la fois direct et délié. Aucun mot ne semble de trop, l'auteure avouant d'ailleurs avoir retravaillé son texte encore et encore. Pour un résultat étouffant mais haletant qui, au-delà de l'intrigue, est aussi un hymne à la belle rudesse des paysages de la Suisse romande.
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Un coup de coeur pour ce roman.
Bien que traitant du thème des violences intrafamiliales et de l'enfance brisée, malgré la noirceur du roman, ce récit est intense, percutant, avec une sensibilité à fleur de peau.
« Je n'avais pas trente ans, j'étais en guerre. Depuis toujours. Pour toujours ». Voici Jeanne. Son enfance a été détruite par la violence de son père, un tyran alcoolique, violent envers sa femme et ses deux filles, qui attendaient avec frayeur le retour du père chauffeur routier.
Leur maison, dans un village montagneux du Valais, en Suisse, est devenue une prison : aucun chant, aucune joie, aucun répit ne leur est laissé.
Jeanne est continuellement sur ses gardes et sait quand la situation va déraper : le mot de trop, le plat qui ne convient pas, le geste prétexte ...
Jeanne n'attend que la possibilité de fuir, surtout quand elle se rend compte que personne ne lui viendra en aide, pas même le docteur du village qui comprend bien d'où viennent ces blessures. Elle part enfin s'installer à Lausanne en espérant pouvoir passer outre cette enfance.
C'est un roman émouvant soulignant bien la difficulté de la résilience et les séquelles des traumatismes de l'enfance.
Une lecture magnifique!
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Sarah Jollien-Fardel utilise la première personne pour s'intéresser aux traces laissées par l'enfance sur une vie. Elle nous montre que les traumatismes de cette période sont des boulets que les victimes trainent toute leur existence.

De bons parents et un bel environnement donnent la voie à suivre et peuvent devenir un tremplin vers une vie réussie. A l'inverse, les enfants sous le joug de mauvais parents partent avec un handicap qu'ils vont devoir surmonter. Une seule pièce est défaillante ou manquante à la base et c'est tout le développement des futurs adultes qui s'effondre. Dès lors, ils sont donc en reconstruction perpétuelle et en combat avec leur passé.

Dans « Sa préférée », on vit tous les évènements de la narratrice, avec empathie. On subit ses souffrances, on recueille ses joies et on éprouve ses ressentiments et la violence ancrée en elle. Comme elle est émotionnellement esquintée, elle nous partage toute la difficulté qu'elle rencontre à recoller les morceaux et à se recréer une nouvelle vie, libérée de ses démons. Une question se pose alors : Est-ce réellement possible de renaître ?

Alors oui, le sujet est éculé. Il est vrai que beaucoup d'autrices et d'auteurs l'ont déjà développé et j'en ai lu un certain nombre. Mais je pense que si la littérature peut ouvrir les portes des foyers pour en dénoncer les drames familiaux et qu'en plus c'est fait avec talent, tous ces textes sont nécessaires. Grâce aux émotions qu'ils véhiculent, ils permettent à la parole de se libérer et empêcheront, je l'espère, ces actes de se reproduire !

J'ai plongé sans retenue dans l'esprit fragile de Jeanne, porté par la lecture très juste de Lola Naymark. La sensibilité de l'autrice m'a transporté et j'ai ressenti par sa plume toute la colère qui coule dans les veines de l'héroïne. Un grand choc d'émotions que je vous recommande !
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Roman dur et percutant dont je me souviendrai longtemps…

Jeanne, malgré l'amour de sa mère et de soeur, vit une enfance abominable à cause de la violence de son père. Est-ce seulement possible de s'en sortir un moment? Comment comprendre la femme qui ne s'échappe pas de cet enfer alors qu'elle en a la possibilité? Est-ce que les témoins de telles violences sont également coupables?

Autant de questions que ce livre à l'écriture simple et addictive pose sans pour autant donner de véritable réponse.

La fin du livre laisse libre court à l'imagination ce qui peut être déstabilisant.
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Bravo. Une écriture percutante, le poids des mots, les ressentis sont profonds et bien traduits, dur et sans appel. Un sujet délicat traité avec a la fois force et sensibilité. L'auteur vous emmène dans son histoire, vous êtes son double, vous êtes a sa place. N'hésitez pas allez y vous ne le lacherez pas. Personnes trop sensibles evite
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La violence est-elle contagieuse ? Se retrouve-t-on forcément un jour à rendre les coups reçus, peut-on pardonner, comment se reconstruire ?

Un livre puissant, rude. Une famille avec un père violent, abuseur, inscestueux, imprévisible et pervers. Une grosse saloperie ! Une femme et deux filles prises dans ses griffes dans un petit village du Valais (mais il y en a partout) où chacun regarde ailleurs, refuse de voir, d'aider, d'intervenir.

L'histoire d'une fuite, d'une reconstruction, des cicatrices qui ne se referment pas. L'histoire des victimes et du bourreau.

Un roman qui ne se referme pas sans malaise et questionnements. Une fiction qui dépeint une affreuse réalité, celle de la maison d'à côté, de l'étage en dessus, la porte du voisin
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Nous sommes dans le Valais, en Suisse, dans les années 70; nous assistons horrifiés, impuissants, muets, à la violence qu'abat Louis, le père, sur sa femme Claire, sa fille aînée, Emma et sa cadette, Jeanne, la narratrice. Tout le village ferme les yeux, en particulier le médecin auquel se confie Jeanne.
Chacune des trois femme essaie d'échapper à sa façon à l'enfer : Claire, par les fleurs qu'elle plante et les romans d'amour, Emma dans les bras d'hommes qui la payent et par le suicide, fuite ultime; seule Jeanne partira physiquement en suivant la scolarité de l'École Normale à 15ans, puis en allant à l'université à Lausanne. Mais partir ne guérit pas; la douleur, la haine, le dégoût, la rage empoisonnent la jeune fille, puis la femme que deviendra Jeanne. Seul, l'amour bienveillant de sa compagne, l'amour doux et respectueux de Paul et son retour dans le Valais lui apportent un certain apaisement.
Il y a quelques semaines, j'avais lu "Vers la violence" qui traite du même sujet, quoiqu'avec une bestialité moindre et avec une différence de taille : l'héroïne aimait son père.
Ici, le roman dégage une haine palpable de la part de Jeanne qui ne pardonnera pas à son père même sur son lit de mort et ira jusqu'à lui cracher son mépris au visage. C'est le roman du combat d'une femme pour devenir elle-même, pour se défaire du poison que la violence paternelle a instillée dans son coeur, pour essayer de ne pas voir une menace dans les hommes qui l'entourent, pour s'éveiller à la douceur. Elle ne sera jamais totalement en paix avec son enfance, avec son passé et en cela, ce texte est plus sombre que "Vers la violence".
Cependant, il y a des moments de bonheur : l'amour profond que Jeanne porte à sa mère tout en lui reprochant de ne pas être partie avec ses filles loin de leur bourreau, les instants de grâce et de sérénité à nager dans le lac Léman comme si elle se purifiait, se lavait de la souillure de son père, comme si elle retournait dans la chaleur et la sécurité de la matrice.
L'auteure nous offre de très beaux passages sur le Valais que Jeanne a fui mais vers lequel elle est revenue : amour de la terre, racines, authenticité des montagnes et des montagnards; Sarah Jollien-Fardel a elle-même vécu ce mouvement de rejet-amour pour son Valais natal.
Ce roman n'est pas un réquisitoire contre les hommes malgré les figures très négatives du père bestial, du médecin lâche, du gosse volontairement méchant et prétentieux; le personnage de Paul, tout en douceur, en patience, en empathie fait que le roman ne plonge ni dans le manichéisme, ni dans le simplisme.
Une lecture qui laissera une trace encore longtemps.
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Jeanne et sa soeur Emma grandissent dans un village valaisan entre un père violent et une mère effacée. Un court roman écrit d'une plume dure, âpre, presque sans respiration, pour exprimer la douleur, la colère, le désespoir inextinguibles et l'impossible pardon. Si l'on peut ressentir une certaine complaisance dans la noirceur, l'on ne peut qu'admirer la force d'un premier roman.
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J'ai lu ce livre dans sa version audio. Cela a son importance dans ma chronique, dans mon ressenti personnel et la façon dont j'ai perçu ce texte.

Dans ce roman, Jeanne, la narratrice, nous raconte son enfance marquée par la violence paternelle, puis sa construction en tant qu'adulte, avec ce lourd bagage dans son sillage. Dès la première phrase, l'autrice donne le ton et ne laisse aucune place au doute quant à ce qu'elle s'apprête à nous raconter. Autant vous dire que si vous pensez pouvoir lire ce roman sans vous investir émotionnellement, cela risque d'être compliqué. Ces premiers mots sont restés gravés dans mon esprit, et j'aimerais que vous puissiez entendre, au moment où vous lisez ces lignes, la façon dont Lola Naymark les énonce, avec une justesse bouleversante : « TOUT À COUP, il a un fusil dans les mains. La minute d'avant, je le jure, on mangeait des pommes de terre. Presque en silence. Ma soeur jacassait. Comme souvent. Mon père disait « Elle peut pas la boucler, cette gamine ». Mais elle continuait ses babillages. » Alors dès le départ, vous sentez monter l'angoisse et vous priez silencieusement pour que “cette gamine” se taise, parce que vous n'avez pas envie que la situation dégénère.

Jeanne savait reconnaître les signes. C'est qu'elle apprend vite Jeanne. Contrairement à Emma, sa soeur aînée, plus naïve et spontanée. Intelligente, elle a su très tôt repérer les changements dans l'air, l'atmosphère qui se fait plus lourde, l'odeur de l'alcool qui imbibe le père. Très tôt, elle a su qu'il valait mieux se trouver sous le radar paternel, ne pas faire de mouvement brusque, ne pas attirer l'attention. Jusqu'au jour où, avec l'assurance de ses huit ans et probablement aussi de sa joie du moment, la pauvre enfant a lâché un “cher ami” prononcé un peu trop “crânement”, ce qui a fortement déplu au père.

Dans ce petit village, au coeur des montagnes valaisannes suisses, tout le monde se connaît, tout le monde sait, et tout le monde se tait. Jusqu'au gentil et respectable médecin, qui, envoyé à son chevet ce fameux jour, n'a pas voulu entendre son appel à l'aide, laissant choir, par sa lâcheté, ses espoirs et ses illusions d'enfant. Un petit village qui pourrait être n'importe quel autre.

Dès que possible, Jeanne part faire ses études loin de cet enfer, avec la culpabilité de celle qui laisse soeur et mère derrière elle. Tant bien que mal, elle tente d'apaiser sa colère en nageant dans le lac Léman, mais la réalité se rappelle souvent à elle. Car, même loin de “lui”, la peur reste présente, profondément ancrée. Une "terreur increvable" qui s'insinue dans tout son être comme un poison dans les veines. Et elle n'était pas sa préférée

Comment trouver la sérénité quand on a grandi la peur au ventre ? Comment trouver l'équilibre qui nous a fait défaut pendant tant d'années ? Comment se construire une identité et devenir une adulte épanouie ? Est-il possible de pardonner, de surmonter la rancoeur ?

Sa préférée est un roman particulièrement éprouvant à lire. Il a ces mots forts et cette plume acérée, cette violence et cette haine qui transparaissent à chaque page. Des sentiments décuplés dans la version audio, où Lola Naymark laisse libre cours à son interprétation, avec une acuité saisissante. Mais ce qui m'a attristée, ce n'est pas seulement cette enfance faite de violence, mais aussi cet implacable désespoir. Cette sensation que la vie tente de se frayer un chemin, avec tout l'amour et la beauté qu'elle aurait à offrir, mais que la noirceur a tout envahi, empêchant toute forme de renaissance. C'est triste, c'est dur, c'est terriblement tragique.

Dans la version audio, Lola Naymark, la narratrice, m'a subjuguée. Chaque mot qu'elle prononce, chaque scène qu'elle raconte nous percute de plein fouet, jusqu'à nous meurtrir. Une lecture audio comme une seconde peau, pour un roman âpre et poignant qui m'a bouleversée.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Prix Audiolib 2023.

Ma chronique complète est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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"sa préférée" est un roman qui a résonné en moi dès les premières lignes.

SARAH JOLLIEN-FARDEL est parvenue à trouver les mots justes pour raconter cette enfance ravagée par la violence d'un père.
A de nombreuses reprises, j'ai dû reprendre mon souffle et j'ai été bouleversée par ma lecture.

Ce premier roman percutant auréolé du prix du roman FNAC est une véritable claque...comme celles que le père de la narratrice faisait pleuvoir sur elle, sa mère et sa soeur "sa préférée" à qui elles n'ont rien à envier.

SARAH JOLLIEN-FARDEL aborde également la difficulté étant adulte de tenter de se reconstruire mais le chemin est difficile.

"sa préférée" est un roman terrible mais superbe.
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