Genre : Roman sociétal
Avis : DIFFICILE
Quand l'enfance ne peut s'effacer…
J'aime les premiers romans, ils sont emplis pour moi de l'idée de découverte, d'interrogations sur la qualité d'écriture de l'auteur, sur son imaginaire, sa façon de provoquer des émotions. Je peux le dire, c'est réussi, d'autres lecteurs ont voté avant moi.
Années 70. Jeanne a appris à éviter les coups la plupart du temps mais cela n'est pas toujours possible quand on a un père pervers et que la mère ne peut que se taire et essayer de dévier les emportements sauvages. Elle n'a qu'une solution : étudier. Elle est intelligente, sa soeur ne l'est pas assez. Elle va tout faire pour réussir, pour sortir physiquement de la zone de danger. Qui devra-t-elle laisser derrière elle ? Pourra-t-elle oublier ?
Comment décrire l'atmosphère oppressante, jamais légère même dans les quelques bons moments, que distille ce roman ? Il n'y a pas des coups tous les jours, et Jeanne va vivre pour elle-même mais malgré cela, l'écriture est si précise, détaillée que rien ne peut s'oublier même un instant. C'est si subtilement fait que la fin sera un coup de tonnerre.
La narratrice, c'est Jeanne ! Alors toutes les actions passent par le filtre d'une enfant qui cherchera à devenir une adulte responsable et aimante. Elle quittera son village et partira sur Lausanne, découvrira Paris et se régalera des silences et de la solitude mais…
Le long supplice des femmes sous emprise nous est dévoilé petit à petit, par des touches d'une violence rageuse qui viennent avec les souvenirs de Jeanne. le martyre des enfants, témoins et victimes, leur devenir est décrit de façon pudique tout comme la lâcheté de ceux qui savent. Il est terrible de voir que la peur et la rage parfois ne s'effacent jamais. Il est terrible de voir ce que « être la préférée » peur entraîner.
Conseiller cette lecture, c'est ouvrir la porte aux lecteurs de bonne volonté, ceux qui se serviront des émotions pour regarder sans détourner les yeux, pour affronter ce qui se devine, pour sauver ceux qui doivent l'être. C'est partager une douleur lancinante à travers une fiction basée sur tant de faits divers. Ce n'est pas une lecture facile et si vous choisissez comme moi, de l'écouter avec la voix chaude et passionnée de
Lola Naymark, vous en serez d'autant plus bousculé.
Je remercie NetGalleyFrance et Audiolib pour le SP de #
Sapréférée