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sur 1079 notes
Jeanne et Emma, sa soeur aînée de quatre ans ont une enfance difficile. Elles subissent la violence d'un père qui n'épargne pas non plus leur mère, impuissante face à un mari irascible qu'elle ne parvient pourtant pas à quitter. Jeanne parvient tout de même à s'extirper de l'enfer familial, grâce à une scolarité réussie et une aide extérieure qu'elle n'identifiera que beaucoup plus tard qui lui permettent d'accéder pendant cinq années à l'école normale d'instituteurs de Sion. L'autrice nous offre un roman bouleversant où la tendresse et l'espoir tentent de se frayer un chemin parmi des tentatives de reconstruction difficiles.
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Genre : Roman sociétal
Avis : DIFFICILE
Quand l'enfance ne peut s'effacer…
J'aime les premiers romans, ils sont emplis pour moi de l'idée de découverte, d'interrogations sur la qualité d'écriture de l'auteur, sur son imaginaire, sa façon de provoquer des émotions. Je peux le dire, c'est réussi, d'autres lecteurs ont voté avant moi.
Années 70. Jeanne a appris à éviter les coups la plupart du temps mais cela n'est pas toujours possible quand on a un père pervers et que la mère ne peut que se taire et essayer de dévier les emportements sauvages. Elle n'a qu'une solution : étudier. Elle est intelligente, sa soeur ne l'est pas assez. Elle va tout faire pour réussir, pour sortir physiquement de la zone de danger. Qui devra-t-elle laisser derrière elle ? Pourra-t-elle oublier ?
Comment décrire l'atmosphère oppressante, jamais légère même dans les quelques bons moments, que distille ce roman ? Il n'y a pas des coups tous les jours, et Jeanne va vivre pour elle-même mais malgré cela, l'écriture est si précise, détaillée que rien ne peut s'oublier même un instant. C'est si subtilement fait que la fin sera un coup de tonnerre.
La narratrice, c'est Jeanne ! Alors toutes les actions passent par le filtre d'une enfant qui cherchera à devenir une adulte responsable et aimante. Elle quittera son village et partira sur Lausanne, découvrira Paris et se régalera des silences et de la solitude mais…
Le long supplice des femmes sous emprise nous est dévoilé petit à petit, par des touches d'une violence rageuse qui viennent avec les souvenirs de Jeanne. le martyre des enfants, témoins et victimes, leur devenir est décrit de façon pudique tout comme la lâcheté de ceux qui savent. Il est terrible de voir que la peur et la rage parfois ne s'effacent jamais. Il est terrible de voir ce que « être la préférée » peur entraîner.
Conseiller cette lecture, c'est ouvrir la porte aux lecteurs de bonne volonté, ceux qui se serviront des émotions pour regarder sans détourner les yeux, pour affronter ce qui se devine, pour sauver ceux qui doivent l'être. C'est partager une douleur lancinante à travers une fiction basée sur tant de faits divers. Ce n'est pas une lecture facile et si vous choisissez comme moi, de l'écouter avec la voix chaude et passionnée de Lola Naymark, vous en serez d'autant plus bousculé.
Je remercie NetGalleyFrance et Audiolib pour le SP de #Sapréférée
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Un de plus.
Un roman de plus sur les violences familiales, sexuelles ou autres faites aux femmes. Cela devient un genre en soi avec lequel vous êtes sûre de rentrer dans le flot continu de la parole libérée. J'ai lu Trois soeurs, puis Une vie clandestine, toute lecture à relier à celle-ci. L'homme de 66 ans que je suis a rencontré beaucoup de femmes dans sa vie, à commencer par ma mère, ma grand-mère, puis les autres, femmes des années 70, étudiantes à la féminité affirmée, dont certaines considéraient l'homme comme l'ennemi potentiel, à traiter comme tel. Un jeune homme sortant de sa campagne, élevé par des femmes travailleuses, heureuses en ménage, ne saisissait pas trop l'agressivité dont il était l'objet. J'ai survécu, comme tout homme, par une vie sentimentale chaotique, j'ai pris ma part, reçu aussi, considérant aujourd'hui, l'âge venant, que noyer la gent masculine dans un torrent de monstruosités n'est peut-être pas la meilleure manière de rééquilibrer, si besoin est, ou de panser les plaies de souffrances indicibles. L'édition est un corps professionnel très féminisé, femmes diplômées, libérées qui trouvent ici un outil formidable d'affirmation d'une lutte par ailleurs légitime. L'excès est stérile, il peut-être dérisoire et contre-productif.
De ce roman, je retiens les scènes épouvantables de violence domestique, et le crachat justifié.
Quel est le message ?
L'amour sauve, jusqu'à quand ?
Une suite reste à imaginer, fin ouverte où l'on peut détricoter jusqu'à la nausée la belle histoire en devenir, transformer la bluette en sordide vieillissement.
J'ai lu récemment Partie italienne d'Antoine Choplin, dont j'ai donné un avis ici même. Merci à lui, une fois encore, pour la promenade romantique rafraîchissante.
Je suis circonspect sur l'utilité littéraire de ce genre de texte. Mon avis n'est que le mien, à rebours de l'admiration lue un peu partout.
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S'il ne me fallait retenir qu'une lecture de cet été, ce serait celle-ci. Et dire que c'est un premier roman, de l'écrivaine Sarah Jollien-Fardel ...

L'histoire dure, âpre, violente de Jeanne. D'une mère et de ses deux filles persécutées par un mari et un père violent et pervers.

Alors Jeanne fuit. Elle se réfugie dans les études, dans le travail, construit une relation qu'elle pense solide. Mais son passé la rattrape, se rappelle à elle, aussi bien par le suicide de sa soeur que par son sentiment de n'avoir pas su protéger sa mère.

"Sa préférée" est un roman qui secoue. Parce que c'est celui d'une construction ou d'une reconstruction impossible. Toujours, Jeanne est confrontée à la violence de son enfance, jusque dans ses propres réactions d'adulte. Toujours elle est en questionnement sur son identité, sur qui elle est profondément.

Une très belle voix.
Et l'envie de suivre avec attention le parcours de Sarah Jollien-Fardel.
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L'histoire : Jeanne a vécu son enfance sous la menace permanente des cris, des insultes et des coups de son père, qui pleuvaient dru et souvent, sur sa mère, Emma sa soeur aînée, et elle. Nous allons la suivre sur plusieurs décennies et comprendre comment elle gère la suite de cette enfance fracassée.



Mon avis : un roman magnifique ! Dès le début, nous sommes dans l'ambiance, dure, impitoyable, les insultes vulgaires, les coups d'une rare violence. Puis Jeanne arrive à "s'échapper" en allant faire des études à l'Ecole Normale. Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que même en faisant un pas de côté, ce genre de traumatisme ne s'efface jamais, toute la vie se fait en fonction de cette teinte-là, celle de l'enfance. Nous suivons donc Jeanne dans sa vie, professionnelle, amicale, amoureuse, et surtout dans ses réflexions, ses avancées, ses prises de conscience. Et c'est totalement passionnant, crédible de bout en bout, sans jamais une once de misérabilisme ou de voyeurisme, sans pathos ni grandes envolées lyriques. La distance de narration est parfaite, le respect juste, le regard acéré, le réalisme pointu. Jusque dans les moindres détails tout est crédible, criant de vérité, et pourtant superbement mis en mots, depuis les scènes de l'enfance jusqu'aux prétextes bidons des témoins, en passant par le poids social qui ne pèse pas sur les bonnes épaules, même longtemps après. Une très belle performance, sur un thème très épineux, traité avec brio.

J'ai beaucoup aimé la lecture de ce roman.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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C'est une histoire de famille. de violence.
Une histoire de coups. Ceux que le père donne à tout va. Ceux que le lecteur reçoit.
Une histoire d'actes innommables, abjects.
Le pire que l'on puisse infliger à un enfant.

C'est une histoire de silences.
Par peur. Par habitude.
Par lâcheté.
Une histoire de cris. D'appels à l'aide.

C'est une histoire de douleur, de culpabilité, de honte, de colère, de rancoeur.
Une histoire de reconstruction.
De blessures qui ne cicatrisent pas. D'espoirs, de tentatives vaines et d'échecs.

Une histoire aves des mots percutants. Ils atteignent votre coeur, vous brisent l'âme.
Une écriture tranchante. Ca claque, ça fait mal.
La voix de Lola Naymark qui se pose sur la noirceur des mots. Elle enveloppe tout d'un voile de douceur.

C'est une histoire dont j'ai du mal à parler.
Elle secoue méchamment. Elle émeut, elle ébranle. J'écoute et je tremble d'effroi.
J'ai serré les dents. J'avais une boule dans la gorge.
Moi je n'ai pas senti les coups. Je n'ai pas versé de larmes. Je ne me suis pas attachée à Jeanne.
Mais au final, cette histoire m'a anéantie.
Lien : https://www.facebook.com/lec..
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Ce premier roman est bouleversant, percutant même avec une plume incisive, tranchante et émouvante.
Le thème est difficile, Jeanne, suissesse qui nous raconte son enfance sous la terreur, les humiliations et les coups ; puis la construction de sa vie d'adulte, faire confiance, comprendre sa mère qui reste auprès de cet homme violent, comprendre sa soeur et sa propre enfance identique et tellement différente.

L'autrice dresse un décor noir et miséreux d'une famille détruite, et de ses enfants au bord de l'abîme que personne n'écoute, n'aide.
Comment se construire avec ce père toujours présent dans sa vie? Sans avoir été aidé ? Peut-on parler de résilience lorsqu'on s'enferme dans ses terreurs et qu'on reste dans une haine de son père et de ce qu'il a fait à notre famille entière ?

J'ai écouté avec beaucoup d'émotion Lola Naymark narrer ce roman. C'est une excellente narratrice qui sait poser sa voix à l'endroit où il faut avec l'intention qu'il faut.

Merci à Netgalley et Audiolib pour ce roman.



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Pour ma part je n'ai absolument pas compris comment ce roman avait pu être sur plusieurs listes de présélections des prix de cet automne 2022.
Assurément il faut décrire, écrire sur la maltraitance, les malheurs des enfants. Mais je trouve que ce ne sont que des jérémiades pas vraiment dignes d'une bonne autrice.
Ce roman n'apporte rien de plus sur le sujet, d'autant moins que bien d'autres auteurs ont réussi, avant elle, à nous émouvoir intensément.
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Les premières pages font l'effet d'une gifle, le style est simple, fluide, peu de fioritures, les mots sont nets, tranchants.
Un travail original de composition qui met bien en avant les dialogues, les phrases dures.
C'est presque un coup de coeur, pour ce livre, exutoire.
L'histoire est celle de Jeanne, fille cadette dans une famille de classe modeste dans un petit village montagnard du Valais. Un père qui boit et qui a le vin mauvais, qui hurle et frappe dès son retour à la maison, la mère, la soeur aînée et elle sont les seuls témoins de ces crises. Jeanne va tout faire pour se sortir de cette maison. Elle sera d'ailleurs la seule à réellement réussir cette extraction, mais à quel prix.
Lorsqu'on a vécu de telles choses, peut-on vraiment mener une vie normale, est-on réellement à risque de dupliquer un tel comportement ?
Comment s'en sortir sans créer plus de douleur.
Un livre qui parle des douleurs, celle des coups, celle des mots, celle personnifiée par ce père, la douleur de ceux qui ne voient rien, qui ne font rien. La spirale que cette douleur engendre. La douleur de grandir sans racines, sous les coups, la difficulté de prendre son envol lorsque tout a été brisé ?
Comment s'aimer et aimer lorsqu'on a jamais eu d'amour.
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Ce roman c'est une apnée.
Il se lit d'une traite.
On s'imagine le Valais.
Cette campagne reculée.
Ces non-dits, ces silences, le regard qu'on détourne.
Parce que tout se sait.
Parce que tout le monde a vu les bleus sur le corps de Jeanne, de sa mère Claire et de sa soeur Emma.
Mais que personne n'a rien fait.
Personne pour arrêter la folie de cet homme.
Personne pour retenir ses pulsions, sa violence, sa cruauté.
C'est le hurlement sourd de Jeanne qui survit. Qui crie son manque d'affection. Sans possibilité aucune de résilience.
Un tremblement de terre à chaque mot.
Une vraie claque.

Il y a bien Lausanne et le Lac Leman.
Il y a bien la chaleureuse Marine et Paul. le fabuleux Paul.
Il y a bien l'école normale, la fuite, la possibilité d'être.
Mais à quoi bon ?
Peut on donner de l'amour si on n'en a jamais reçu ?
Quel avenir pour cette jeune femme qui ne s'accorde aucune trêve ? Quelles possibilités ?

Un roman fort. Incroyable. Bouleversant.
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