Envoûtée !
Je vous entends d'ici : est-il possible qu'elle soit encore objective lorsq'elle chronique le livre d'un auteur islandais ? La réponse est définitivement oui ! Je suis une lectrice exigeante et le fait que l'intrigue se passe en Islande n'est pas forcément gage de bonne lecture pour moi, dans le sens où si l'action attendue n'est pas là, je n'arriverais clairement pas à poursuivre mon livre. Alors oui, forcément, les auteurs islandais partent avec un avantage non négligeable avec moi parce qu'après les polars français, mes polars favoris sont islandais, mais j'arrive malgré tout à prendre du recul pour décortiquer l'intrigue pour vous proposer un avis le plus neutre possible, ou disons plutôt sans parti pris. Donc, c'est en toute objectivité que je vous crie haut et fort, qu'encore une fois j'ai été absolument charmée par Natt !
Je m'interdirais ici de comparer l'auteur aux autres écrivains islandais, pour la simple et bonne raison qu'il a réussi, à mon sens et en l'espace de trois livres, à définir son propre style d'écriture, à imposer son style narratif, qui ne ressemble à celui d'aucun autre.
Ragnar Jonasson a réussi à s'affranchir des codes du thriller nordique en osant, il en respecte tout de même certains pour en bousculer d'autres et c'est cela qui fait sa singularité ; il est un magicien des mots parce qu'il crée à chaque livre une atmosphère, en s'appuyant sur la nature préservée et les paysages bruts islandais qu'il décrit de manière admirable et avec une certaine sensibilité. Ces paysages se matérialisent sous sa plume, ils deviennent vivants, on sentirait presque les bourrasques de vent qui balayent l'île, on la verrait presque, cette lumière éternelle du soleil d'été, on sentirait presque le soufre de cette éruption volcanique et de ce nuage qui recouvre une partie du pays. Cette aura qui entoure l'intrigue policière rend l'histoire particulière parce que l'environnement contribue à renforcer le climat lourd que toute intrigue policière se doit d'avoir. J'apprécie toujours autant l'effet insulaire, qui procure un sentiment d'éloignement et de huis-clos et bien que les personnages soient plus nombreux que dans
Mörk, on sait que forcément c'est l'un d'entre eux (ou peut-être plusieurs ? ) qui est dans le coup…
L'intrigue policière est également renforcée par ce climat étrange qui plane sur le pays au moment où un volcan au nom imprononçable (Eyjafjallajökull) est en train de créer un sacré bazar dans le ciel islandais et européen, après la terrible crise financière qui a plongé le pays dans une situation économique catastrophique. A l'image de ces deux précédents livres, Snorj et
Mörk, l'écrivain se sert à nouveau du contexte climatique et politique pour les utiliser de manière à rendre le poids du récit encore plus chargé.
Le mot de la fin
Je réitère ce que je disais l'an dernier :
Ragnar Jonasson est l'étoile montante de la littérature nordique. Il est, pour moi, l'écrivain nordique le plus prometteur, à découvrir ou à suivre à tout prix, et je ne doute pas que sa notoriété continuera à prendre de l'ampleur au fur et à mesure que ses livres seront traduits et diffusés dans de nombreux pays.
Plus qu'un ouvrage d'atmosphère, j'ai retrouvé tout ce qui me plaît dans le genre du thriller : action, suspense, rebondissements habilement distillés et qui m'ont laissés bouche bée devant mon bouquin.
Mention spéciale pour la couverture du livre, en totale adéquation avec l'intrigue. On y retrouve avec justesse le noir de la poussière de lave, le rouge de la lave incandescente.
Ai-je besoin de vous dire que je le recommande ? :)
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