Citations sur Le Livre des Mots, Tome 1 : L'enfant de la prophétie (2)
-Aux poils ,La Bousille. Plus une femme est velue plus elle en réclame. Prends la vieille veuve Harpit. Elle a les bras poilus comme le cul d'une chèvre , et tu ne trouveras pas plus chaude dans tout le château .
« C’est fait, maître. »
Lusc eut à peine le temps d’apercevoir le scintillement du long couteau, et encore moins celui d’en comprendre la signification.
Baralis l’incisa d’un coup énergique mais élégant, l’ouvrant de la gorge au bas-ventre. Il tomba à la renverse avec un bruit sourd. Baralis frissonna et toucha son visage à l’endroit où il sentait quelque chose d’humide et de poisseux : le sang de Lusc. Une impulsion lui fit lécher son doigt, pour goûter. Cuivré, salé et encore tiède – comme une vieille connaissance.
Se détournant du corps sans vie, Baralis s’aperçut que ses robes étaient souillées de sang. Les éclaboussures, au lieu de s’étendre au hasard, avaient dessiné un arc écarlate sur le tissu gris. Un croissant de lune. Il sourit. C’était un heureux présage, le symbole des nouveaux départs, des naissances, des opportunités – tout ce qu’il lui fallait cette nuit-là.
Dans l’immédiat, pourtant, il restait quelques détails à régler. D’abord se changer ; il n’allait pas se présenter à sa promise dans des habits ensanglantés. Venait ensuite la question du cadavre. Lusc avait été un serviteur fidèle, hélas affligé d’un léger défaut – une langue par trop encline aux indiscrétions. Baralis ne pouvait laisser un homme porté sur la bouteille et les confidences d'ivrogne compromettre ses plans.