Il était un pays où le roi et la reine était en souffrance. Ils avaient deux filles, Iléna, l'aînée, et Maélys. Iléna était une enfant étrange, qui ne parlait pas, riait parfois devant des ombres ou des silhouettes que personne d'autre qu'elle ne voyait. Quand elle marchait, souvent elle donnait l'impression de danser une ronde folle que rien ne pouvait arrêter. Et quand on tentait de l'approcher, sa douleur était si profonde, qu'elle se mettait à hurler, d'un cri qui oppressait le château tout entier. Maélys, elle ne craignait pas son esprit égaré mais sans se l'avouer, elle n'aimait pas sa soeur qui retenait toute l'attention de ses parents et se sentait très isolée…
Mon avis : Quel superbe album que celui-ci…
Régine Joséphine - que j'ai découverte avec délice grâce à «
Coton Blues », son livre dédié à une petite esclave noire exploitée à la cueillette du coton - a choisi d'aborder la douloureuse thématique de l'autisme par le biais d'un conte somptueux et intense. Ses mots, que l'on sent soigneusement choisis et empreints d'une douce poésie, nous entraînent avec justesse et sensibilité sur la trace de Maélys et de son entourage, de leur souffrance et de leur impuissance face au handicap et ses diverses formes d'expression. le récit est magistralement illustré sur double page par le magnifique travail de
Selma Mandine qui en accentue l'onirisme. Elle a privilégié des teintes sombres pour mettre en exergue un rai de luminosité systématiquement présent. Certaines planches, pleines de mouvances, nous plongent plus directement dans l'univers torturé de la jeune princesse. D'autres, où décors et personnages sont statiques, dépeignent l'impuissance et parfois le découragement ou la peur de son entourage. La mise en page est délicate, la typographie très agréable avec ça et là des phrases qui ondulent et de très jolies lettrines stylisées. La clé de l'histoire nous est livrée en fin d'ouvrage, dans un texte court et abordable qui permet au jeune lecteur d'en savoir un peu plus sur l'autisme. Je ressors très émue par cette découverte qui présente plusieurs niveaux de lecture et que je recommande aussi aux adolescents ou aux adultes. Un coup de chapeau aussi à la maison d'édition Gecko qui a choisi comme fil conducteur : « La différence est une richesse ». Sa collection Les mots sésames aborde des sujets sensibles… Avec « La cité des Songes », je suis convaincue et bien décidée à poursuivre mon chemin dans son catalogue.
Public : à partir de sept – huit ans en lecture accompagnée
Si vous voulez vous rendre sur le site de l'auteure,
Régine Joséphine, vous pouvez suivre cette adresse :
http://www.regine-josephine.com/index.htm
Si vous voulez vous rendre sur le site de l'illustratrice,
Selma Mandine, vous pouvez suivre cette adresse :
http://www.petiteselma.free.fr/