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sur 696 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'histoire démarre en 2007, avec John Maloof. En réalité, l'histoire démarre bien avant, même avant la naissance de Vivian en 1926.
L'histoire c'est celle de la famille de Vivian Maier, l'histoire d'une tension entre les États-Unis, terre promise et la France, terre des racines.

Lors de sa sortie l'éclectisme était de rigueur, chacun y allait de son propre avis, tantôt enthousiaste, tantôt détracteur.
J'en ai retenu qu'avec son livre, « on apprend rien de plus » que dans le documentaire réalisé par Arte. Mais n'ayant pas vu le documentaire, ne connaissant pas Vivian Maier, j'ai tourné les dernières pages en ayant un sentiment de mystère jamais révolu, en pensant que Gaëlle Josse a tout résumé.

Peut-être que ça fait un peu « catalogue » dans le genre je vous balance tous les éléments biographiques glanés ici et là, mais pour moi ça fait aussi intimiste. Vivien Maier m'apparaît comme un être fantomatique, petit fantôme voguant sur la terre avec son appareil, prête à capturer les clichés de la vie.

Vivien Maier est inscrite dans chaque page, et à la fois elle est évanescente, insaisissable. Elle reste cette artiste un peu trop mystérieuse. Cette artiste dont il est impossible de justifier le pourquoi du comment, pourquoi était-elle aimée en tant que nourrice dans certaines familles et détestée dans d'autres ? Mais question plus importante encore : pourquoi n'a-t-elle pas développé ses photos ?
Manque de confiance en soi ? Idée de la gloire comme d'un élément impossible à atteindre ?

"Vivian invente sa vie, une vie vierge de toutes les scories familiales, de tous les conflits, les déchirements, de tous les manques. Une pellicule vierge où va s'imprimer ce qu'elle est, ce qu'elle voit, ce qu'elle saisit, ce qui l'émeut, la surprend, la bouleverse."

C'est le portrait d'une femme forte et solitaire que nous dépeint Gaëlle Josse, l'image d'une femme inconnue mais géniale. On ne sait sur quel pied danser : femme odieuse ou adorable ? Laquelle était la bonne ? Est-il possible d'être tout à la fois ? L'attachement pour la personne n'était pas au rendez-vous, mais la fascination pour cette photographe mise au ban de la société était bien là.
Munie comme toujours d'une écriture délicate, l'auteure tente de percer un mystère indéchiffrable. On entre à l'intérieur d'une vie secrète grâce à la minutie et la concision, deux éléments fondamentaux de l'écriture de Gaëlle Josse.


Mon avis est en intégralité :

Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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J’ai été captivée par cette vie « d’invisible » racontée par Gaëlle Josse. Mais, une fois le roman refermé, je suis restée avec un sentiment de frustration, comme si j’étais passée à côté d’une personne sans la voir. J’ai alors recherché sur internet des renseignements sur cette femme et surtout sur ses photographies. Et là, face aux clichés exposés, j’ai été éblouie par la pureté, la force et la vie qui s’en dégageaient. L’œil de cette artiste trop tardivement connue est impitoyable. Les portraits saisis sont pleins de vie, figés pour l’éternité dans leurs imperfections, immortalisés par cet œil exigeant et intransigeant. La force qui se dégage de ces instants de vie vous happe et vous transporte dans la rue aux côtés de ces modèles involontaires. J’ai été subjuguée par toutes les émotions qui ressortent de chaque cliché. Et, Gaëlle Josse arrive par ses mots à faire découvrir le mystère entourant cette artiste. L’écriture simple et économe est parfaitement ajustée à la vie de cette femme. Les mots sont percutants et précis. Un beau roman inoubliable comme les photographies de Vivian Maier.
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"Que faire des secrets d'une disparue, ayant elle-même vécu dans la plus totale invisibilité ? Théâtre d'ombres et insaisissable royaume... Vertige."

Voilà, sûrement, de quel questionnement est née l'envie de Gaëlle Josse d'évoquer, ou d'invoquer, même, la vie de Vivian Maier.

Il faut dire que le mystère entourant Vivian, "comme la fée", appelle le romanesque.

Anonyme parmi les anonymes, Vivian est la Dame du siècle.

Fille d'immigrés estropiés par le rêve américain, sa notoriété, elle la doit à la misère qui a mis aux enchères ses biens les plus précieux: des cartons par dizaines, remplis de pellicules photos par milliers, stockés dans un entrepôt dont elle ne pouvait plus payer le loyer.

Lorsque le contenu de ces cartons sera révélé, dans tous les sens du terme, et qu'alors le monde découvrira l'ampleur et la beauté de son oeuvre, Vivian sera morte dans le dénuement, sortie in extremis de la rue par 3 frères dont elle fut la nounou adorée pendant plus de quinze ans.

Avec bienveillance, Gaëlle Josse embrasse la vie de Vivian Maier. Son écriture, toute en douceur, étreint la photographe, comme pour la protéger de cette notoriété posthume, pour la délester des souffrances endurées.

Cette vie hors norme sans laquelle , ne peut-on pourtant s'empêcher de penser, avec une pointe de regret, Vivian n'aurait pas été l'artiste que l'on connait désormais.

"Il faut avoir beaucoup vécu soi-même, connu le difficile de l'existence pour reconnaître ainsi, en quelques secondes, dans un visage, dans un geste, dans un détail, le déroulé de toute une vie."

Car les photographies, qu'elle n'a pour la plus grande majorité jamais vues faute d'avoir développé les pellicules, sont extraordinaires.

Outre qu'elle révèlent un sens du cadrage et de la composition particulièrement juste et acéré, elles captent une humanité qui déborde le papier.

A l'image de ces photographies, le livre de Gaëlle Josse est une oeuvre d'empathie bouleversante, une main tendue vers Vivian Maier, laquelle, pour autant, nous glissera toujours entre les doigts...
Lien : https://chatpitres.blogspot...
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Ayant presque lu tous les romans de Gaelle Josse et Vivian Maier faisant partie de mes photographes préféré(e)s, j'étais impatient de voir la rencontre de ces deux femmes. Avant d'aborder cet ouvrage une visite du site consacré à Vivianne Maier (http://www.vivianmaier.com) est, à mon humble avis, indispensable pour saisir toute la force qui émane de ses photos. Il fallait tout le talent de Gaelle Josse pour percer les mystères d'une vie aussi solitaire que singulière.
Dans la première partie, l'auteure se focalise sur l'histoire des photos récupérées dans une vente aux enchères par un jeune agent immobilier qui va mettra tout en oeuvre pour faire découvrir au plus grand nombre les chefs d'oeuvre de la photographe.
La seconde partie, elle, s'attache à l'histoire familiale de Vivianne Maier, la partie du livre qui m'a le moins intéressé mais nécessaire pour cerner la personnalité de la photographe.
La troisième et dernière partie est basé sur les années New York et surtout Chicago où Vivianne Maier, une autodidacte, va parfaire et exprimer tout son talent, armée de son rolleiflex à la faveur de nombreuses balades dans ces villes que ce soit dans ses heures de travail ( elle était nounou) ou dans son temps libre. Un véritable témoignage humaniste de son époque au coeur de l'amérique urbaine et des laissés pour compte, égratignant au passage la bougeoisie.
Cet ouvrage qui se lit comme un roman grace à la fluidité de la plume de l'auteure, reste toutefois une bio, Gaelle Josse expliquant en appendice ce choix délibérée.
Merci au édition Noir sur Blanc et à NetGalley
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« le roman et la vie se confondent, ma vie est une Narration tantôt vécue tantôt imaginée et si un journal américain m'a donné le nom de collectionneur d'âmes, c'est que je ne cesse de faire mon plein de je innombrables, par tous les pores de ma peau » (Roman Gary, La nuit sera calme)
S'il y avait un métier qui valait tous les trésors du monde, nous dit l'auteur de la «Promesse de l'aube», ce serait donc celui de collectionneur d'âmes.

Viviane Maier, le personnage du livre de Gaëlle Josse « Une femme en contre-jour » illustre bien cette passion incessante et fébrile qu'elle exerça à son tour, non pas au travers des mots de la littérature, mais avec les images de la photographie qu'elle exerça avec une amour débordant, excessif, obsessionnel.

Romain Gary et Viviane Meier, deux écorchés vifs parmi tant d'autres …

La photographe américaine a su relever à son tour le défi « de dire le monde, de dire les êtres, les vies » comme « un réceptacle, un révélateur, [une] plaque sensible de la vie » au risque d'accepter le risque de laisser au bord du chemin la vérité sur sa personne. Raconter la vie de cette femme si particulière n'est pas une démarche facile pour Gaëlle Josse, s'agissant pour elle de prendre le risque de construire ce que l'on pourrait appeler une anti-biographie romanesque, en plaçant symboliquement son sujet en contre-jour et transposant ainsi en littérature une technique d'éclairage surprenante où la lumière sert plutôt à cacher l'objet photographié qu'à le mettre en valeur.
Lien : https://lettrescapitales.com..
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Pour photographier en contre-jour, le photographe doit être face au soleil et le sujet éclairé par l'arrière, de sorte qu'il y a comme une sorte de halo autour du sujet. Gaëlle Josse a voulu donner à Vivian Maier cet aura de lumière et nous faire découvrir une photographe qui a su capturer l'air de son temps avec génie.
Vivian Maier, née en 1828 sur le sol américain, d'une mère française et d'un père américain, est abandonnée par sa mère, élevée par sa grand-mère maternelle en Savoie, plusieurs fois ballottée entre les deux pays. Elle finit par poser ses valises aux États-Unis. Son besoin de liberté la pousse à quitter sa mère pour voler de ses propres ailes et devenir nurse pour familles aisées.
Dans son métier de nounou, elle ne quitte jamais son appareil photo. Nous sommes dans les années cinquante-soixante, Viviane Maier photographie la misère, les noirs, les enfants, les familles… Toute une collection qu'elle ne développe pas ou plus et qu'elle entasse chez un garde-meubles. Cela fait le bonheur d'un jeune homme, John Maloof qui, dans une vente aux enchères, rachèt tout le bric-à-brac, lorsqu'elle n'a pu en régler la location. Dubitatif devant ce fatras, il décide de poster, sur FB, des photos de Vivian Maier. Devant le succès, John Maloof décide de monter une exposition. A partir ce cet instant, Vivian Maier connaît un grand succès post mortem, ses photos sont exposées partout.

Peut-être que son amour de la photographie prend-il naissance de sa rencontre avec Jeanne Bertrand, portraitiste reconnue, qui les a hébergées, elle et sa mère pendant quelques temps. Prendfre des photos, est le pilier de sa vie, son moteur « Une femme dont le geste photographique, le geste seul donna un sens à sa vie, la sauva peut-être du désespoir ».
Pourquoi Vivian Maier a t-elle pris tant de photos sans jamais avoir l'envie de les développer, de les regarder ? Son enfance, pas très heureuse, les divers déménagements font qu'elle peine à lier des amitiés, sans parler d'amour. Qu'à t'elle connu pour exiger, sur contrat, que soit apposé un verrou à sa chambre de nurse ? Gaëlle Josse ne donne pas de réponse mais offre un portrait réaliste de Vivian Maier.
Souvent, lorsque l'on choisit de photographier c'est pour ne pas être photographié soi-même, enfin, c'est valable pour moi. Les auto-portraits de Vivian Maier sont, peut-être, une façon de se montrer tout en ne se montrant pas et en étant très présente. « Elle s'y montre dans une troublante présence-absence, en dévoilant des fragments de corps ou de visage, champ et hors-champ, décalée, décentrée, inventant une forme de désagrégation, d'effacement du sujet, comme une métaphore de sa propre existence. » Les photos de rue parmi les noirs, les paumés, les fauchés, quelque fois les stars sont un apport sociologique important sur l'Amérique d'après-guerre ; des photos de rue éloquentes et belles. « En pleine ségrégation raciale, au coeur des années cinquante, Vivian Maier photographie les Noir, les Hispanos. Les exclus, les marginaux, les abandonnés, les abîmés, les fracassés. »
Vivian Maier cherche l'humain dans les visages, les situations, qu'elle photographie, sonde les âmes. Je suis allée à la quête de cette photographe et j'ai été saisie par l'humanité, la tendresse trouvées.
J'ai aimé le portrait tout en tendresse qu'en a fait Gaëlle Josse. Elle a sortie du cadre la vie de la photographe, la réinventant, plutôt, comme une péloche argentique dans le bain révélateur, l'autrice a révélé le visage, la vie de Vivian Maier.

« Vivian Maier. Une silhouette anonyme, une invisible dans la rumeur d'océan de la ville. Un visage parmi d'autres. Elle marche. S'arrête. Cadrage. Intuitif, parfait. Déclenchement. L'autre, dans sa vie lu fait face. Reconnaissance. Ni pathos ni pitié. Ni bons sentiments ni voyeurisme. Rien qu'une urgence créatrice, cette formidable tension qui rend vivant. »

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Soutenir un fils durant une compétition c'est bien mais passer un week-end dans un gymnase, c'est parfois… long.
Alors, j'ai trouvé une libraire qui a fait mon bonheur avec une femme en contre-jour. Un voyage à la recherche de Vivian Mayer, photographe de rue talentueuse dont le travail ne sera découvert qu'à sa mort. Artiste dans l'ombre, officiellement nounou, Vivian avait mille visages. Un court récit qui met en lumière, de façon délicate et nuancée, une vie fracassée et pourtant nourrie d'espoir.
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Comment raconter la vie d'une inconnue qui n'a de cesse de scruter le visage des autres tout en s'effaçant elle même.
Cette femme "en contre-jour" c'est Viviane Maier dont l'oeuvre photographique est retrouvée par hasard dans des cartons au fond d'un garde meuble.
Gaëlle Josse esquisse une biographie exemplaire, discrète et subtile.
C'est un livre très attachant parce que la romancière superpose son propre regard à celui de la photographe.
Une même passion des visages - de ce qui s'y lit, de ce qui le dérobe.

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Quel destin incroyable que celui de Vivian Maier! Enfance pour le moins chahutée, talent brut mais ignoré, énigmatique chemin et gloire postume... Tous les éléments étaient là pour une biographie captivante, à laquelle la belle plume de Gaëlle Josse offre un cadrage parfait.

A partir de la découverte fortuite du trésor que recelaient les cartons de Vivian Maier, entreposés dans un box américain à la fin de sa vie, Gaëlle Josse déroule la pellicule de son histoire singulière : femme taiseuse, libre et affranchie dans une société portant bien codifiée, Vivian Maier a tracé sa vie au fil des innombrables photographies qu'elle prenait au jour le jour.

Son exceptionnelle production, ainsi que les qualités artistiques de celle-ci, dénotent pour une femme de sa condition et de son époque ; d'autant plus qu'elle ne cherchait qu'à fixer son regard sur le monde et à exercer sa créativité, sans apparente volonté de faire connaître son travail ou elle-même, comme la plupart des photographes.

Elle se plaisait à offrir aux oubliés et aux marginaux une part de visibilité et de beauté, fût-elle uniquement au travers de la subjectivité de son regard ; car elle-même n'a pas toujours eu le loisir de voir de ses yeux ses propres clichés, faute de moyens pour les faire développer.

Son oeuvre, comme son personnage, recèlent une fascinante part de mystère, et des failles que Gaëlle Josse met très habilement en lumière, avec le bon mélange de sensibilité, de sobriété et de distance.

Celle qui passa sa vie à s'effacer derrière les autres et derrière son objectif méritait amplement de se retrouver un jour au premier plan - et Gaëlle Josse lui offre le meilleur révélateur.

Dire que son oeuvre magistrale aurait pu être détruite sans même être découverte... On se console en pensant que cette femme solitaire préférait certainement qu'il en soit ainsi, sans être embarrassée d'une gloire qui l'aurait sans doute mise mal à l'aise, ou aurait peut-être même altéré son regard singulier.

Cet ouvrage concis, mais très complet, est une excellente porte d'entrée pour découvrir le travail photographique d'artiste de Vivian Maier, au delà de la femme qu'elle était.
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c'est une biographie à peine romancée d'une femme photographe née dans les années 20. le destin d'une inconnue méconnue de son vivant pour qui la photographie était raison de vivre. Un petit bijou ce livre; très bien écrit avec le sens de l'humain. Je ne pouvais qu'être comblée, la photo étant une passion. Je l'ai lu d'une traite et vous recommande une visite sur le site officiel de cette artiste à présent reconnue:http://www.vivianmaier.com/
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