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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une femme en contre-jour - Gaëlle Josse - Éditions J'ai lu - Lu en janvier 2021.

Je viens de le terminer, là, à l'instant et j'ai le coeur serré pour Vivian Maier, qui après une enfance malheureuse, est devenue une nounou pour enfants aux Etats-Unis, juste pour avoir un toit et se nourrir.

Mais sa vie ne s'arrête pas à ce travail, car sa passion, c'est la photographie, pas n'importe quelles photos, celles de la rue, celles de la pauvreté, celles des démunis, celles des regards blessés , celles des enfants, des femmes des hommes qui ne sont que des ombres dans le monde. Attirée comme un aimant par ces vies qui n'en sont pas, comme le fût la sienne.
"Chez Vivian Maier, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Des femmes épuisées et des hommes à terre." Page 31

Jamais Vivian Maier n'a tiré profit de ses photos, était-elle consciente de leur valeur ? Elle restait dans l'ombre.
Jusqu'au jour où....

Comme beaucoup d'artistes, Vivian Maier ne connut la célébrité qu'après son décès.

C'est au hasard d'une vente aux enchères (Vivian ne payait plus le loyer du garde-meubles) de ses cartons remplis de photos,négatifs... , qu'un agent immobilier à la recherche de photographies pour son travail a acquis le lot de cartons, sans savoir qu'il tenait entre ses mains toute la vie de Vivian Maier.

John Maloof a fait des recherches sur la vie de Vivian Maier aux États-Unis, femme aux multiples personnalités, née le 1er février 1926 à New York d'une mère Française et d'un père Autrichien, décédée le 21 avril 2009 à Chicago à l'âge de 83 ans

Qui était-elle vraiment ?

C'est au fil de la plume de Gaëlle Josse que j'ai découvert ce qu'a été la vie de Vivian Maier, une vie faite de précarité et de solitude, de silences, avec pour seul ami toujours pendu à son cou, son appareil photo. Elle parviendra à force de ténacité à traverser les États-Unis, se rendre au Canada et en Amérique Latine, avec aussi des allers-retours en France dans le Champsaur, la vallée d'origine de sa famille maternelle, dans les Hautes-Alpes.

"Faire passer un peu de lumière dans l'opacité des êtres, dans leur mystère, leur fragilité, dans leurs errances, et dire ce qu'on entrevoit, ce qu'on devine, ce qui se dérobe"- page 153 - c'est ce qu'a fait Gaëlle Josse dans ce roman sur Vivian Maier, une femme qui se fichait du qu'en dira-t-on, qui était libre , qui se concentrait sur l'essentiel et la photographie. C'est probablement cette passion qui l'a sauvée et l'a aidée à vivre, elle jetait un regard humain sur le monde d'en bas.

C'est le premier livre de Gaëlle Josse que je lis, et ce ne sera pas le dernier.

Continuez à prendre soin de vous.
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Les photographies réalisées sa vie durant par Vivian Maier, Américaine d'origine française et autrichienne née en 1926, n'ont été découvertes qu'après sa mort, tout à fait par hasard. Désormais au panthéon des plus grands photographes de son siècle, cette gouvernante d'enfants issue d'un milieu modeste, voire misérable, grandie sans amour auprès d'une mère dysfonctionnelle, mena une existence solitaire et étrangement libre pour l'époque, centrée sur l'obsession de sa collection d'images qu'elle n'a jamais cherché à faire connaître, qu'elle n'a parfois même jamais vues elle-même, faute de moyens suffisants pour développer ses plaques et pellicules. Elle a laissé la trace de son regard sur le monde et sur elle-même, au travers de scènes de rues croquées sur le vif où elle s'intéresse aux failles de ses sujets, souvent marginaux et laissés-pour-compte, et d'auto-portraits sans coquetterie où elle ne se profile que sous la forme d'ombres ou de reflets. Son personnage reste un mystère, que Gaëlle Josse tente d'approcher au travers de son histoire, étonnante à plus d'un titre, et qu'elle nous restitue fidèlement, avec sensibilité et élégance.


Ce qui frappe chez Vivian Maier est sa volonté de ne pas exister et de s'effacer, qui la fait se transformer en témoin quasi invisible, en regard qui traverse le monde sans se donner le droit d'y laisser sa marque ni d'y devenir quelqu'un : dans ses images d'êtres souvent misérables et marqués par la vie, ces invisibles anonymes qui la fascinent, on est tenté de voir une projection d'elle-même, elle qui assiste au naufrage de ses proches dans le dénuement, la violence, les addictions et la folie, et qui, privée d'amour dans une famille où chaque naissance engendre honte et rejet, ne se reconnaît aucune valeur et préfère se faire discrète pour moins souffrir.


Au fur et à mesure que l'on devine les failles de la personnalité de Vivian, que certains témoignages viennent même teinter d'une suspicion de pathologie quasi psychiatrique, l'on perçoit aussi l'importance vitale qu'a pu revêtir pour elle la prise quotidienne d'images. Loin d'un hobby, la photographie est chez elle un acte salvateur, un moyen qui lui permet sans doute, inconsciemment, d'exprimer et de mettre à distance sa souffrance, de vivre sous la protection de reflets qui la dévoilent et la masquent en même temps. L'appareil-photo de Vivian devient une sorte d'instrument de camouflage, qui en la transformant en miroir réfléchissant, lui permet d'exister au travers de ses sujets, sécurisée par son invisibilité.


L'on ne peut désormais plus que s'émouvoir de la trace fantomatique laissée par cette artiste, et frémir à l'idée que son oeuvre aurait bien pu disparaître corps et bien avec elle.


Gaëlle Josse a donné à son récit un équilibre parfait : sans ajouter aux prédispositions romanesques de cette biographie, avec fidélité, sobriété et discrétion, elle réussit à faire revivre cette femme et son histoire de façon crédible et vivante, dans un style élégant, sensible et soigné qui hypnotise de la première à la dernière ligne. Il ne reste plus ensuite qu'à courir découvrir les clichés de Vivian Maier, et à éternellement s'interroger sur la manière dont elle aurait considéré sa notoriété posthume. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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C'est après avoir vu la superbe exposition Vivian Maier au Musée du Luxembourg (jusqu'au 16 janvier 2022) que j'ai voulu en savoir plus sur cette photographe de génie découverte après sa mort.
Le parcours de Vivian Maier, née à New York en 1926, est pour le moins curieux et peu banal. Bien qu'américaine, elle va vivre quelques années en France, à Saint-Julien, petit village des Hautes-Alpes d'où est originaire sa mère.
Bonne d'enfants d'origine modeste, Vivian Maier est une solitaire. Célibataire toute sa vie, elle va de famille en famille dont elle garde les enfants, ce qui lui offre du temps libre pour arpenter les rues et s'adonner à sa passion : la photographie. D'après les témoignages recueillis après sa mort, on la dit très libre, voire excentrique, elle peut parfois se montrer cruelle envers les enfants dont elle a la charge. Mais peut-être faut-il voir dans ce comportement les stigmates d'une enfance chaotique entre un père violent et alcoolique et une mère perturbée et absente.
La photo est sans doute un moyen de s'affirmer tout en restant en retrait d'une société qui ne peut que l'ignorer, voire la repousser. Vivian Maier laissera à la postérité des milliers de négatifs qui n'auront jamais été développés. Elle a observé avec une méticulosité rare la vie urbaine de son époque, a sillonné les quartiers pauvres à la recherche de portraits des sans-noms, des oubliés du rêve américain. Ce qui l'intéresse, c'est l'envers du décor que représente la société américaine dans les années 1950. Aucun geste, aucune mimique n'échappent à l'acuité de son regard. Elle photographie avec humanité et parfois ironie. Elle sait se rendre invisible et, si on connait son visage, c'est grâce à des dizaines d'autoportraits qu'elle a fait d'elle, son reflet dans des miroirs, des vitrines. Mais qui était-elle vraiment ? D'elle, elle n'a laissé que peu de traces si ce n'est son oeuvre immense : photos, films et enregistrements.
Mais pourquoi avoir caché cette oeuvre ? Pourquoi n'avoir jamais cherché à développer ses négatifs et dévoilé son travail ? La folie de sa mère et de son frère, sa propre singularité et sa situation précaire l'ont-ils poussée à garder tout cela secret comme pour mieux combattre ses démons ?
Au prix d'un travail de recherche minutieux au plus près de la vérité, Gaëlle Josse tente de donner des réponses au mystère Vivian Maier. C'est avec une vraie curiosité et une grande empathie qu'elle nous entraîne sur les pas de cette immense photographe du XXe siècle morte dans l'anonymat et la pauvreté.
On retrouve dans ses pages des fragments du film documentaire « Findind Vivian Maier » dans lequel figurent les témoignages des enfants gardés par la gouvernante.
Une biographie qui se dévore comme un roman. Mon seul regret, c'est qu'elle soit si courte mais vous pouvez comme moi, prolonger la quête de Vivian Maier en visionnant le film documentaire de Maloof et Siskel et en allant sur le site de l'association Vivian Maier et le Champsaur.




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Je referme ce livre émue et éblouie.
A plusieurs reprises en le lisant j'ai eu envie de revoir des photos de Vivian Maier. J'en connaissais certaines et en ai découvert beaucoup d'autres. Quel talent. Une qualité inouïe se dégage de ces clichés pris sur le vif il y a un demi siècle. Des couples, des rombières, des godasses et des bagnoles. Des gamins pauvres, des noirs, des ouvriers. de pauvres ouvriers noirs.

Et une femme qui revient souvent en premier plan, dans le reflet d'un miroir ou en contre-jour.
Habillée à la va comme j'te pousse, les cheveux retenus par une barrette, un Kodak ou un Rolleiflex sur le ventre. Les yeux plongés dans les nôtres. Je me suis sentie aspirée dans son regard, essayant de comprendre pourquoi elle a fait tant d'auto-portraits qui en révèlent si peu d' elle si secrète par ailleurs. de surcroît, elle ne les a pratiquement jamais vu, les contingences matérielles lui ayant souvent fait défaut, un nombre énorme de négatifs n'a jamais été développé.

C'est elle, l'inconnue sur la photo, le sujet du dernier livre de Gaëlle Josse. Cette immense photographe dont il est vertigineux de remonter le fil de la vie. Inconnue de son vivant, son oeuvre a été découverte par hasard. Son histoire familiale est gratinée : secrets, mensonges, non dits et mystères abondent. Toute aussi troublante est son existence. Secrète, indépendante et discrète ses photos des humbles lèvent un peu le voile sur sa personnalité. Elle semble avoir eu une conscience sociale aiguë. Son sens de la lumière, sa créativité et la maîtrise de sa technique trahissent une artiste sachant ce qu'elle voulait et peut-être ce qu'elle valait.....

On la décrit parfois comme «  la nounou photographe «. Rien ne me paraît plus éloigné d'elle que ce terme rassurant et évocateur de contes de fées et de chocolat chaud. Elle gagnait sa vie en gardant des enfants. Les mômes étaient embarqués dans des explorations urbaines pendant lesquelles elle pouvait prendre des photos. ( Quelques témoignages décriront une personne brutale et revêche alors que d'autres diront le contraire. le mystère Vivian Maier toujours... )

Gaëlle Josse ne me connaît pas et pourtant elle est pour moi comme une amie. J'aime sa plume sobre, délicate et bienveillante. L'intelligence de sa réflexion, quel que soit le sujet abordé est bouleversante d'humanité. Ses personnages me touchent comme ils l'ont touché, intimement avec leurs failles et dans les nôtres.
Ses courts livres - qualité n'a point besoin de quantité - sont l'occasion de faire la connaissance de personnes effacées mais aux vies complexes.

C'est avec « Une longue impatience « que j'attends son prochain ouvrage !
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Un intense moment de lecture… où on ferme cet ouvrage, la gorge complètement serrée par l'émotion !
« Vivian Maier fut donc cette gouvernante aux origines françaises et autrichienne , cette nourrice née à New-York en 1926, qui consacra tout son temps, toute sa vie à la photographie de rue, avec un talent égal à celui des plus grands.

Une oeuvre découverte par hasard, par erreur- à moins d'y voir la main réparatrice du destin-, et portée à la lumière après sa mort, dans ce qui s'apparente à la découverte d'un Van Gogh ou d'un Caravage dans le grenier. Aux innocents les mains pleines, dit-on parfois...
Peut-on imaginer matériau plus "romanesque", et plus désespérante histoire ? » (p. 151)

Un livre que je désirais lire dès sa publication…et puis, le temps a filé avec d'autres curiosités, d'autres boulimies…Je répare donc, avec un retard certain, une envie de longue date, grâce au fond de ma médiathèque…
Une grand abondance de chroniques, justifiées, sur un livre qui ne peut pas laisser indifférent ; Un véritable miracle… que cette « photographe-née » n'ait pas complètement disparu ? Et combien, d'autres destinées tragiques…sûrement, qui sont restée dans l'Invisibilité » ?

Une vie incroyable qui nous serre le coeur tant l'histoire familiale ne fut pas de tout repos. Une mère toxique, mal-aimante…une enfant, en dehors d'une grand-mère maternelle aussi protectrice qu'elle le pouvait, l'enfant Vivian fut le plus souvent laissée à elle-même, devant se débrouiller devant un désert familial violent…La photographie fut « sa compagne » tout le long du chemin ! Une vie « obscure », solitaire…en dépit de son talent ! Un parcours d'immense solitude…

Une existence des plus modestes, en dehors des dites »normes », dont les milliers de photos ont failli finir dans l'ignorance de tous ! Tout le long de ce magnifique texte très sobre, un autre artiste ne m'a pas quitté un instant… Robert Walser et son ami, ,Carl Seelig , homme sensible de talent, qui allait rendre visite à l'écrivain, dans un asile, oublié de tous. Un autre créateur , tout dans l'Effacement !...

Gaëlle Josse s'interroge sur son propre travail d'écriture ainsi que sur son choix non anodin qu'est ; l'énigme « Vivian Maier » ; Pourquoi le choix de cette destinée « tragique »…

« À me pencher sur Vivian Maier, c'est aussi la vie d'autres artistes qui me vient à l'esprit. Tous ceux de l'anéantissement, de l'inutile, des miracles ignorés. C'est Ossip Mandelstam, le poète, le sacrifié des purges staliniennes, qui écrit sur la route, en chemin vers la Kolyma. Il meurt dans un camp de transit, près de Vladivostok, quelques jours après Noël, de faim, de froid, du typhus. Il a pu sauver un crayon, quelques morceaux de papier taché, froissé. Un trésor. Jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la perte de conscience, il écrit.”

« Elle n'est pas une nourrice qui prend des photos pour se distraire, mais une artiste qui se contente d'un travail alimentaire. Question de focale. de point de vue.”

« Au cours des années cinquante, entre deux emplois, dès qu'elle le peut elle parcourt les Etats-Unis, Texas, Floride, Californie, Illinois, et le Canada, l'Amérique latine. Organisée, audacieuse, téméraire, comme peu de femmes se permettent de l'être dans ces années-là. le temps des routards n'est pas encore venu, l'Amérique célèbre la femme au foyer, la mère, l'épouse accomplie, souriante et épanouie en compagnie de son réfrigérateur, de sa cuisinière et de sa panoplie de mixers. Comme Vivian est loin de cette imagerie ! Elle est seule. Elle est libre. Elle court le monde.”

Certes LIBRE… mais Vivian Maier paiera très chèrement cette LIBERTE, et son non-conformisme !

Une lecture aussi poignante que brillante, qui me restera très durablement en mémoire…ainsi que des images…qui surviennent sans « crier gare ». Merci à Gaëlle Josse d'avoir , avec ce très beau livre, redonné une véritable existence et reconnaissance, à cette femme-artiste, si singulière !
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Vivian Maier est un vrai personnage de roman, photographe passionnée, sortie de son anonymat volontaire et assumé par le miracle d'une salle de ventes.

Trouver des milliers de clichés photographiques aux enchères, enquêter longuement pour en chercher l'auteur et en comprendre la valeur, faire surgir du néant un talent posthume, une simple nourrice qui vient de décéder, sans jamais avoir été reconnue pour son travail. John Maloof va mettre en lumière une artiste et des images, qu'elle n'avait elle-même jamais développées.

Il est ainsi des histoires incroyables.
Celle de Vivian Maier est en tout point remarquable et Gaëlle Josse s'est emparée du sujet pour en faire une biographie littéraire, réinventée, attachante et passionnante en remontant aux origines familiales européennes et au parcours chaotique de l'émigration.

Une femme se dévoile peu à peu, à la personnalité complexe. Enfance difficile, démission parentale, éducation dysfonctionnelle, violence et solitude.
Le vécu explique-t-il la créativité, ou peut-on comprendre la femme et son parcours derrière les clichés?
« On ne photographie rien par hasard »

J'ai lu, en parallèle des photos trouvées sur internet, fascinée par une artiste innovante et une personnalité originale. L'immense documentation artistique témoigne d'une époque (années 50, 60 et 70) par des photos de genre au plus près du réel, scènes de vie et de rues, instantanées ou posées, où s'invitent des autoportraits fragmentés dans des reflets improbables.

Fascinant parcours d'une oeuvre devenue de notoriété publique quand son auteur restera à jamais insaisissable.
Un coup de coeur.


http://www.association-vivian-maier-et-le-champsaur.fr/medias/files/french-part-1et2.pdf

Exposition actuelle du 19 janvier au 30 mars 2019 aux Douches La Galerie - Paris
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Splendide ! Qui mieux que Gaëlle Josse aurait su avec toute sa modestie, sa poésie, nous livrer une biographie de cette photographe tout aussi humble.
C'est en regardant un reportage très court relatant l'incroyable aventure de cet agent immobilier qui s'est retrouvé avec un tas de cartons contenant des kilomètres de pellicules, et tout un bric à broc que mon attention fut vite captivée pour cette nounou complètement inconnue dans le monde de la photographie. Il en est ainsi puisqu'elle-même fait en sorte de ne pas attirer l'attention.
En visionnant les clichés, moi qui adore le noir et blanc, waouhhh je fus complètement subjuguée par son talent. Rien qu'en ouvrant le site qui lui est dédié on est en admiration. Je vous laisse l'adresse, faites y un tour vous ne serez pas déçus du moins pour les amoureux de la photo http://www.vivianmaier.com/
Du coup, quelque temps passe, et que vois-je sur Babelio : un livre dédié à cette femme extraordinaire et de surcroît écrit par Gaëlle Josse, le bonheur assuré.
J'ai pénétré dans cette biographie sans faire de bruit, j'ai écouté, l'histoire qu'elle nous conte, ses racines, sa famille, son besoin d'indépendance, de liberté, son besoin d'être simplement, elle, rien que pour elle et son appareil. Ce fut sans aucun doute une Nanny bien particulière et précieuse, car ce sont les trois garçons qui l'ont retrouvée démunie et qui lui ont payé son loyer, ça si ce n'est pas la preuve par mille de l'amour réciproque.
Elle n'est pas connue ni reconnue mais jamais elle n'a tenté de l'être et je pense que là n'était pas son but. Et nous avons cette chance inouïe que ses archives soient tombées dans les mains de cet homme qui a eu le flair, la patience de nous révéler ce trésor. On ne le remerciera jamais assez.
Je me lasse pas de visionner toutes les photos, quel talent, et c'est également un patrimoine de notre passé en image.

La plume de cette auteure a su rendre à César ce qui est à César mais en toute simplicité avec juste cette dose de poésie qui nous enchante, a su démêler cette pelote de laine pour commencer cette histoire sur notre territoire car oui, elle provient des Alpes. Il y a d'ailleurs des parcours à faire j'ai vu ça en parcourant le site de l'association. C'est sans doute un brin trop touristique, je préfère de loin admirer ses photos ça me suffit.

Les mots deviennent presque inutiles pour comprendre cette nourrice qui se contente de si peu, la passion emplit sa vie, elle reste dans la marge juste un pied réaliste pour prendre ce boulot de nounou afin de survivre avoir un toit et une assiette, une petite salle de bains en guise de laboratoire.

Découvrez cet artiste par le biais de ce livre, et par le site et l'association, il y a aussi un documentaire. Elle le mérite amplement.
http://www.association-vivian-maier-et-le-champsaur.fr/
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Vivian Maier est cette photographe américaine géniale des années 1950 et 1960, dont tout le travail avait été découvert par hasard dans des cartons oubliés au fond d'un garde-meuble de la banlieue de Chicago, alors que l'artiste venait de décéder dans le plus grand anonymat. Une oeuvre inouïe s'était alors révélée....

L'exposition que je viens de voir récemment au musée de Quimper et son complément au musée de Pont-Aven m'a donné une grande envie de lire le livre de Gaëlle Josse consacré à cette artiste trop longtemps méconnue et qui nous donne à découvrir un autre visage de l'Amérique.

Une artiste qui va sillonner les rues et se focaliser dans des quartiers pas toujours bien famés, sur des visages et surtout sur les exclus, les pauvres, les abandonnés du rêve américain, les travailleurs harassés, les infirmes, les femmes épuisées, les sans domicile fixe, les enfants courant dans les rues.. Parfois tout de même ce sont des femmes des beaux quartiers ou des hommes d'affaires.. mais toujours ce sens du détail, de l'expression, qui frappe dans chacune de ces photos.
Une artiste non répertoriée qui photographiait et assurait en même temps son travail de nurse dans les beaux quartiers de Chicago.

Quel parcours étonnant que celui de Vivian Maier! Au départ une naissance dans une famille particulièrement dysfonctionnelle: sa mère Maria, née enfant illégitime, rejoint sa mère Eugénie (la grand-mère de Vivian donc) aux Etats-Unis. Eugénie avait quitté sa région natale des Hautes Alpes pour vivre une vie loin du scandale de cette naissance illégitime. Maria plus tard va faire un mariage malheureux avec Charles Maier, originaire de la Slovaquie actuelle. de nombreux déboires vont marquer le couple qui va se séparer au bout de plusieurs années après avoir vu le frère de Vivian placé par les services sociaux de l'époque.. Vivian va survivre tant bien que mal, aidée par sa grand-mère Eugénie, Maria étant incapable de gérer une famille.. Vivian aura l'occasion de venir plusieurs fois au cours de sa jeunesse sur la région d'origine de sa mère dans les Hautes Alpes.

A partir de 1956 elle va travailler longtemps comme nurse pour la famille Gensburg de Chicago...
Les photos qu'elle va prendre seront prises sur une période très large.. Profitant d'un héritage du côté de sa mère, Vivian va même voyager un certain temps..

Les photos qu'ont peut voir à l'exposition sont très émouvantes et reflètent le regard plein de tendresse de la photographe qui voit souvent son visage apparaître dans le reflet d'une vitrine, d'une fenêtre...

Un nouveau regard plein de finesse sur une Amérique moins connue.

Le livre est court mais apporte beaucoup d'informations sur cette photographe..Quelle preuve de résilience qu'a donné Vivian Maier qui a vu ses premières années, ballotée d'une famille à l'autre, hébergée par de la famille plus ou moins charitable, et ballotée d'un continent à l'autre!!..
Bref un livre comme on les aime... qualité de l'écriture et précision psychologique d'un bout à l'autre...
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La vie de Vivian Maier nous est racontée dans ce livre.
Nurse et photographe ( ou inversement) , Vivian Maier a été découverte, après sa mort, par un jeune agent immobilier ayant acquis une partie de son oeuvre dans une vente aux enchères. Il pousse ses recherches qui révèlent une véritable artiste.
Qui était Vivian Maier? On entr'aperçoit une partie de sa personnalité mais elle reste bien mystérieuse. Et c'est très bien comme cela. Elle a laissé ses photos et n'est-ce pas cela qu'elle voulait que nous partagions? Elle faisait partie des invisibles qui voient le monde mais ne voulait-elle pas, en tant que personne, rester invisible?
On découvre un esprit libre sur lequel on lève un peu le voile mais pas trop.
J'ai aimé rencontrer Vivian Maier, sa personnalité singulière et les mystères qui l'entourent.
J'ai aimé la plume de Gaëlle Josse avec qui j'ai bien envie de faire plus ample connaissance car elle écrit merveilleusement bien (avis perso).
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La très belle écriture de Gaëlle Josse réimprime dans nos yeux la vie effacée de Vivian Maier, photographe de rue, dont le talent ne fut reconnu que posthume. La biographie romancée d'une artiste exceptionnelle m'a profondément touché. La succession Maier a pris ses distances avec Une femme en contre-jour : c'est de la fiction. Bizarre. le récit est bien étayé malgré le peu de données sur une vie tourmentée.
Vivian prendra soin des enfants des autres, elle qui connaît une enfance chahutée, reniée ensuite par mère te père. Elle photographie des poussettes, des mères (peu la sienne), des enfants... Elle saisit aussi la détresse et la dignité de ceux qui ne sont rien, des abandonnés du rêve américain. La condition de l'artiste marque son oeuvre. Vivian n' a jamais montré ses photos à quiconque. Elle n'a jamais rien demandé à personne. Merci à ceux qui ont reconnu son immense talent et ont inscrit son nom aux côtés des Cartier-Bresson, Wegee, Doisneau, Diane Arbus, Willy Ronis avec une profonde reconnaissance à G. Josse pour avoir mis ses pas et ses mots dans l'ombre d'une femme à l'esprit libre à défaut d'être serein. Votre histoire nous a plu, à voire le nombre impressionnant de citations reproduites ici. Ce que je retiens de cette lecture émouvante, c'est cette volonté d'effacement, "alors que chacune de ses photos, puisqu'elle est photographe, est un geste pour aimer, pour dire l'abondance de la vie, dans un irrésistible appel à célébrer la force de l'instant."

J'ai réservé le catalogue de son exposition à Paris, à paraître le 15 septembre prochain.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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