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EAN : 9782746715011
134 pages
Autrement (05/01/2011)
3.97/5   686 notes
Résumé :
Magdalena est l’épouse de Pieter van Beyeren, administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Issue d’une famille de riches armateurs, Magdalena est rigoureuse, soucieuse d’ordre et d’économie, maîtresse d’elle-même et de son foyer. Elle aurait pu succéder à son père si le commerce n’était réservé aux hommes, et la place des femmes à la maison. C’est sur un espace intérieur qu’elle semble s’être repliée.
Intérieur où elle s’est fait représen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (215) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 686 notes
Ce qu'il faut d'imagination pour extirper d'un tableau à l'apparence somme toute fort austère, cette petite pépite qu'est ce roman de Gaëlle Josse, "les heures silencieuses ". Les heures silencieuses, celles qui s'égrènent lorsque Magdalena, fille d'une famille de riches armateurs, peine à trouver dans le sommeil la paix dont son âme a besoin. Alors elle pose sur le papier le bilan de sa vie, faite de joies, de peines, et de regrets aussi. Gaëlle Josse ne nous propose nullement un "page turner", selon l'expression consacrée, mais brosse, avec l'élégance que lui connait le lecteur, la condition des femmes au XVII e siècle. Par le biais du personnage principal, elle évoque les multiples facettes de l'âme humaine, sa beauté, sa "laideur", son ambivalence, mais aussi ce qu'elle comporte de secrets que notre conscient est loin de soupçonner ; ce qu' elle sait de nous, et qu'elle choisit de nous révéler, ou pas... Ce livre, bien trop court hélas, et qui se termine de manière quelque peu abrupte, est une invitation à la sagesse, et à la résilience aussi. "Dieu donne, et il reprend"... Un ouvrage par lequel je me suis laissée porter, parceque l'écriture de cette auteure est fine, nous berce et nous enchante, le langage est chatié, et nul besoin, quand on a pareille plume, de chercher à aiguiser la curiosité du lecteur, car reconnaissons tout de même que l'histoire en elle-même n'a rien d'exceptionnel, mais la seule plume de Gaëlle Josse fait sa force.
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Le grand art d'un bon écrivain c'est qu'il a les mêmes mots que nous mais ses phrases vont beaucoup plus loin que les nôtres.

Gaëlle Josse est de ces écrivains qui proposent un texte où le récit personnel se mêle au vécu universel, capable de toucher les lecteurs de toutes les générations et de tous les horizons.

Dans Les heures silencieuses l'auteure évoque la fragilité des êtres, la mobilité de nos certitudes, les apprentissages et les leçons de la vie. Dans un exercice d'introspection elle se questionne sur les élans du coeur mais aussi sur les jours heureux qui s'assombrissent et sur les angoisses qui empoisonnent, la culpabilité qui ronge et qu'on porte comme une croix de plomb.

Par petites touches fugaces Gaëlle Josse s'interroge sur ce que nos actes disent des vides de nos vies et de na nécessité d'apprendre à se satisfaire de la vie telle qu'elle est, d'accepter notre sort et faire le deuil de certains de nos rêves.

Ce livre se lit comme un long poème, dont s'échappe une musicalité douce, aux accents mélancoliques.


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Tandis que les autres épouses des notables de Delft s'enorgueillissent de leurs portraits peints à la nouvelle manière de Vermeer - qui, balance en main devant ses bijoux, qui, écrivant une lettre dans son intérieur bourgeois -, Magdalena choisit, elle, le peintre de Witte, pour se faire représenter de dos, jouant de l'épinette dans l'intimité de sa chambre, ouverte sur l'enfilade des autres pièces de sa calme demeure. Saisissant l'invite que nous adresse ce tableau, Gaëlle Josse nous entraîne à la rencontre de cette femme, dans le secret de son existence ordonnée de digne maîtresse de maison, comme il sied, en ce XVIIe siècle, à l'épouse de l'administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.


Malgré les capacités dont elle fait preuve très tôt aux côtés de son père dans l'administration de ses affaires, Magdalena n'est que la fille aînée d'une riche famille d'armateurs sans héritier mâle. C'est donc à son mari, Pieter van Beyeren, que revient la charge paternelle à la tête de la compagnie maritime, pendant que Magdalena se retrouve bien vite absorbée, au fil de ses couches successives, par la gestion domestique du foyer.


A cette époque, quand ce n'est pas la mère qui meurt en couches, il faut bien des naissances pour que la mortalité infantile laisse, rescapé de la douleur, quelque concret espoir de descendance. Bienheureuse Magdalena, qui, aujourd'hui, après tant d'épreuves et de deuils, en est à s'inquiéter du mariage de ses aînées et de l'éducation de ses trois autres enfants survivants, quand sa malheureuse soeur Judith connaît l'infortune d'être bréhaigne. Pourtant, à trente-six ans, après un ultime enfant mort-né qui a bien failli l'emporter dans la mort, il lui faut se plier au choix de son mari de cesser entre eux tout commerce conjugal, au nom d'une prévenance qui ne coûtera sans doute à cet homme que le prix de quelque courtisane, pour le raisonnable avantage de ne pas risquer de perdre une mère pour ses enfants et une conseillère précieuse pour ses affaires.


Pas plus qu'enfant Magdalena n'a jamais soufflé mot du terrible drame dont elle fut témoin et qui la ronge encore dans ses cauchemars, rappelant au passage combien incertaine et dangereuse la vie demeure, même au sein de ces habitations cossues, cette femme mûre avant l'âge n'a l'habitude, ni de s'épancher, ni de s'apitoyer sur son sort. C'est donc sur un ton égal et mesuré, en une parenthèse brièvement ouverte dans une existence affairée qui se hâtera de la rappeler à elle, qu'elle confie à quelques feuilles de papier que personne ne parcourra jamais, afin, écrit-elle, « de mettre de l'ordre dans mon coeur, et un peu de paix dans mon âme », les peines et les joies qui, en toute discrétion, ont jalonné sa vie de femme toujours maîtresse d'elle-même. Dans son dévouement aux siens et à la marche de sa maison, dans sa loyauté à un époux qui l'estime et la respecte avec la même équanimité un peu distante, enfin dans sa circonspection vis-à-vis de l'agitation du monde et des coups du sort de la fortune - un navire étant si vite perdu ou une cargaison si facilement gâtée, la peste ou le simple fait d'enfanter vous fauchant avec une telle facilité -, transparaissent les inquiétudes d'une femme consciente que son existence bourgeoise ne la garantit nullement de la fragilité de la vie, et que le bien-être de sa famille, tout comme l'avenir de ses enfants, nécessitent un investissement de tous les instants.


Ce premier roman de Gaëlle Josse révèle déjà une plume pleine de musicalité, de finesse et de sensibilité, capable de rendre vie en très peu de pages, à partir d'un tableau qui a traversé les siècles et sans aucun doute d'une certaine imprégnation de ce que l'on connaît du XVIIe siècle néerlandais, à une femme criante de vérité dans la moindre facette de sa personnalité, de ses émotions, de son expression écrite et de son contexte historique. Une narration passionnante, pour tous les amoureux de la peinture, de l'histoire, mais aussi, tout simplement, des textes inspirés et bien écrits, auxquels cette auteur nous a désormais accoutumés. Et une lecture qui, par hasard, entre tout à fait en résonance avec une autre ces derniers jours : Un regard bleu de Lenka Hornakova-Civade.
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Magdalena van Bayeren, épouse de Pieter van Beyeren, l'administrateur néerlandais des Indes orientales à Delft, se confie à son journal. Fille de Cornelis van Leeuwenbroek, elle s'est intéressée très jeune aux affaires de son père nouant avec lui une relation particulière, lui trouvant en elle le fils qu'il n'a pas eu. En épousant Pieter, elle lui permet de reprendre l'entreprise de son propre père, rôle qu'il ne lui est pas possible de tenir en tant que femme. Elle se livre dans son journal et couche sur papier ses émotions, ses ressentis, loin des regards, dans la lumière du matin...

Magdalena van Beyeren, c'est elle que l'on voit de dos, sur ce tableau d'Emanuel de Witte, "Intérieur avec une femme jouant du virginal". Elle a voulu qu'on la représente ainsi, de dos, face à l'épinette, dans la lumière du matin de sa chambre. Se livrant dans son journal intime, on l'écoute doucement, sans l'interrompre, nous raconter sa vie, marquée par les joies mais aussi les peines, ses souvenirs et ses tourments, l'on prend connaissance des coutumes de l'époque, avec cette impression doucereuse de l'écouter jouer à l'épinette. Gaëlle Josse nous livre un roman délicat, dépaysant et d'une grande richesse. En quelques jours, allant du 12 novembre au 16 décembre 1667, à l'instar de Magdalena, l'on s'évade pendant ces heures silencieuses, paradoxalement enfermé dans cette chambre. L'écriture poétique et gracieuse nous berce de jolies notes.

Les heures silencieuses résonnent encore...
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“Musica laetitiae comes medicina dolorum. Dans la joie comme dans la peine, la musique demeure notre compagne."

***

Pour écrire son premier roman, Gaëlle Josse s'est inspirée d'un célèbre tableau peint par l'artiste Emmanuel de Witt, un contemporain de Johannes Vermeer. Ladite toile laisse apparaître de dos, une femme jouant de l'épinette au sein d'un intérieur bourgeois flamand. Qui est-ce, la maîtresse de maison? Pourquoi avoir choisi d'être représentée ainsi? A qui adresse-t-elle ses mélodies? Que cache l'envers de ce décor?

Dotée d'une imagination remarquable, l'auteure insuffle la vie à ce personnage et ressuscite une époque, celle de l'Âge d'or hollandais,  en nous transportant au XVIIème Siècle.

*

Novembre - décembre 1662

“C'est moi, de dos, sur le tableau. (...) J'ai choisi d'être peinte, ici, dans notre chambre où entre la lumière du matin. Nous avançons vers l'hiver. Les eaux de l'Oude Delft sont bleues de gel et les tilleuls, qui projettent au printemps leur ombre tachetée sur le sol, ne sont aujourd'hui que bois sombre, et nu.”

Ainsi commence le journal intime de Magdalena, fille aînée de Cornelis van Leeuwenbroek, l'ancien administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales à Delft.  

Avant ses fiançailles avec Pieter van Beyeren, elle prenait part aux activités commerciales de son père, occupant la place vacante de l'héritier mâle qui jamais ne vit le jour. le doux rêve de lui succéder se heurta à sa condition de femme, c'est son époux qui hérita de cette charge. 

Assignée aux affaires domestiques,  elle assura au couple une descendance en mettant au monde une fratrie de neuf enfants. Malheureusement, si Dieu donna, il reprit ensuite. Certains trouvèrent la mort à l'aube de leur vie.

"Souvent je pense à mes enfants que le Seigneur a déjà rappelés à Lui. Je dois accepter qu'ils soient,  hélas, le cruel tribut dont les femmes qui donnent la vie doivent s'acquitter."

*

Les heures silencieuses sont celles où, dans l'ambiance feutrée de sa chambre, Magdalena prend sa plume et laisse s'exprimer librement les vacillements de son coeur. Elle couche sur le papier les joies et les peines qui ont jalonné son existence. Ces instants d'introspection donnent également lieu à de troublantes révélations et des aveux sans concession. 

"A l'heure où  mes jours se ternissent comme un miroir perd son tain, le besoin de m'alléger de ce qui m'encombre devient plus fort que tout."

Dans un style époustouflant empreint de délicatesse, Gaëlle Josse esquisse le portrait d'une femme empêchée, digne et valeureuse. Les quelques semaines passées en compagnie de Magdalena offrent un moment de grâce suspendu dans le temps.

Et quel plaisir de voir s'animer, au fil des pages, l'oeuvre d'Emmanuel de Witt.  Un décor à secrets qui sous nos yeux ébahis se dévoile.

Cette première rencontre avec l'auteure est un véritable coup de coeur. Je suis littéralement tombée sous le charme de son écriture tant raffinée que poétique. Ses mots caressent l'émotion. Une mélancolie douce-amère nous étreint. 

***

Un petit bijou littéraire que je vous recommande chaleureusement. Je me réjouis par avance des prochains rendez-vous prévus avec cette conteuse de talent.  




Lu en décembre 2021 - Récupération des quelques retours partagés sur mon ancien compte avant sa fermeture définitive.
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Citations et extraits (189) Voir plus Ajouter une citation
Peter, mon mari, m'a fait annoncer sa visite. Il est entré, l'air grave, et m'a fait compliment des couleurs revenues sur mon visage.
Madame, j'ai à vous parler d'importance, et comme je ne sais pas envelopper mes mots de rubans, je vous parlerai simplement.
J'ai cru, il y a peu, devoir vous porter en terre, et à chacun votre rétablissement fait l'effet d'un miracle.
Vous savez que j'aime à vous entretenir de mes affaires et votre jugement m'importe grandement.
Je viens vous dire la décision que j'ai prise.
Nous ne nous connaîtrons plus comme mari et femme, et nous n'aurons plus de commerce de chair ensemble.
Une autre grossesse serait fatale.
Cinq beaux enfants nous restent, soyons-en heureux.
Je ne veux plus être tenté de vous approcher.
Aussi ai-je décidé de ne plus entrer dans cette chambre, qui demeurera la vôtre.
je vous garderai comme confidente et conseillère pour nos affaires, et n'entends point risquer de vous perdre à nouveau.
Ainsi ai je décidé.
Nous n'en reparlerons point.
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Musica laetitia comes medicina dolorum. Dès la première fois où, enfant, j'ai posé mes mains sur les touches, cette phrase s'est offerte à mes yeux, et avant de savoir assez de latin pour la comprendre, j'avais demandé à mon père de m'en indiquer le sens.
Depuis, il n'est pas de jour où cette réflexion ne m'accompagne de son évidence. Dans la joie comme dans la peine, la musique demeure notre compagne. Elle embellit ce qui peut l'être, et console, lorsque cela est possible. Mais des trop grandes peines, elle ne distrait point. La vraie tristesse s'accompagne de silence, mais c'est autre chose.
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Ces marchands chinois ont l'exclusivité de l'achat des cargaisons occidentales, tout comme celle de la vente des marchandises fabriquées là-bas. Ils sont maîtres dans l'art de retarder les livraisons et de contraindre les équipages à prendre leurs quartiers auprès d'eux pendant d'interminables semaines, dans des logements qu'ils leur louent.
Ils savent attiser les convoitises et entretenir la concurrence entre les bateaux venus de nos Provinces-unis, de France ou d'Angleterre. À chacun ils promettent des merveilles qu'ils proposent en fait à tous, faisant croire qu'il s'agit là d'insignes faveurs, et font en sorte que les plus désireux de leurs biens en paient le prix le plus élevé.
Ce sont des seigneurs du commerce, et chacun doit se soumettre à leurs façons de faire, quelque dépit qu'il en ait. Les officiers doivent ensuite vérifier chaque objet avec soin, car dans les derniers arrivages, quantité de défauts ont été observés sur ces pièces de porcelaine blanche et bleue qui excitent aujourd'hui les passions en Europe.
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Avec le temps, ce sont nos joies d'enfants que nous convoquons le plus facilement dans nos souvenirs, elles nous accompagnent avec une rare fidélité. Retrouver ce que nous avons éprouvé dans ces moments demeure une source de félicité que nul ne pourra nous ravir. Le cours de nos vies est semé de pierres qui nous font trébucher, et de certitudes qui s'amenuisent. Nous ne possédons que l'amour qui nous a été donné, et jamais repris.
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La vie ne ressemble pas à l'idée que nous en avions, et il nous appartient de savoir accepter notre sort. Je sais qu'il me reste un long chemin à parcourir pour trouver la paix, et ces propos que je m'efforce de tenir parlent à mon esprit, mais ils n'apaisent ni mon cœur, ni ma chair.
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Vidéo de Gaëlle Josse
Gaëlle Josse - vous présente son ouvrage "À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ? : microfictions" aux éditions Noir sur blanc.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3008219/gaelle-josse-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit-microfictions
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