Lincoln, tome 7 : Le fou sur la montagne

Lincoln s'est installé dans les montagnes du Montana (si, si.) Trappeur barbu, il tue les ours à main nue avant de descendre au village pour vendre leur peau (Vous remarquerez qu'il sait qu'il ne faut pas faire l'inverse) il en profite pour se mettre minable à grand coup d'alcool local.
Mais un jour, Lincoln va trouve le bar fermé. La prohibition vient d'être votée…

Comme d'habitude, Lincoln va essayer d'échapper au diable et au bon dieu… comme d'habitude il va se planter… Comme d'habitude, il va déclencher des catastrophes…

Comme d'habitude, c'est drôle, c'est bien écrit et bien dessiné.
Comme d'habitude, Jouvray en profite pour mettre le doigt là où ça fait mal… les ligues de vertu et l'église en prennent pour leur grade.

Côté dessin, c'est toujours aussi plaisant, des trognes très expressives, des couleurs qui mettent dans l'ambiance, des paysages plus recherchés qu'il n'y paraît au premier coup d'oeil.

Perso, je suis toujours fan, après 7 albums.

Que ceux qui aiment me suivent au saloon, je vais m'en jeter un petit derrière la cravate avant qu'on nous l'interdise… Cul sec !!

Que faire quand on est grossier, fainéant, violent, râleur et qu'on n'aime personne ?
Et bien on évite de se retrouver l'objet d'un pari divin !

Car Dieu, qui aime les défis, a décidé de rendre Lincoln immortel, mais surtout d'en faire un redresseur de torts répandant la justice. Un truc pour les gentils, quoi !
La tache s'avère d'autant plus compliquée, que le Diable lui, tire dans l'autre sens.

De mon point de vue, les 2 premiers Lincoln étaient formidables, drôles et corrosifs et il faut vraiment se les procurer. Les suivants étaient tantôt plutôt réussis, tantôt plus décevants ("French Lover" par exemple).

Avec ce déjà 7ème album, le verre (oui Lincoln est aussi un ivrogne) est aux 3/4 plein.

Dans cette histoire, on retrouve Lincoln, appelé le dingo de la montagne (les auteurs l'ont donc amené plus haut que le Fou des Beatles qui se contentait d'une colline).
Il mène une existence solitaire à peine troublée par des visites à la ville pour vendre ses peaux et les beuveries avec des personnages encore moins recommandables que lui. Les visites surprises de Dieu - qui fait rien qu'à l'embêter, par exemple, en décorant sa cabane avec des rideaux et des guirlandes (pourquoi pas lui faire manger des fruits et légumes pendant qu'il y est !)- n'arrangent rien .

Malgré tout, c'est sa vie et il s'en satisfait autant qu'il en est capable.

Tout va bien alors ?

Et non. Car on est en 1919 et c'est la prohibition qui s'annonce. Et ça, Lincoln, il aime pas !

Cet album m'a paru plutôt meilleur que les précédents et surtout, il semble avoir assimilé désormais le changement (léger mais quand même) de style de dessin qui est maintenant plus soigné qu'à ses débuts, mais qui reste aussi expressif, gagne en sobriété et colle au sujet. Sans compter le beau travail de mise en couleurs.
Alors bravo à la famille Jouvray qui truste tous les rôles de cette série, mais malgré tout, je trouve que la bonne idée (Dieu et Diable en compétition sur le dos de Lincoln) a du mal à ne pas tourner en rond.

Lincoln après avoir épaulé la révolutionnaire Paloma du côté du peuple mexicain opprimé dans le tome 6, se retrouve à présent aux USA. Il y mène une vie d'ermite dans son coin dans les montagnes enneigées à y amasser du gibier en échange d'alcool. Jusqu'au jour où est déclarée la période de prohibition. Les instincts primaires de Lincoln reviennent en force. Une occasion de se faire du pognon facile et sans trop de problèmes.

Mais… on dirait que Lincoln, a passé trop de temps tout seul en ermite pour se désintéresser du triste sort qu'ont les femmes dans ce pays. Ces dernières n'ont pas encore le droit de vote, et ont pour seul rôle d'être femme au foyer, ou des prostituées ; dociles dans les deux cas, et cela ne protège pas des coups. L'alcool n'arrangeant rien, prohibition ou pas, les hommes y demeurent violents et sans amour.
Tout reste une question de libre arbitre, comme le dit Dieu. Mais il y a de quoi déprimer en voyant le chaos qu'ont créé les hommes. D'ailleurs c'est le cas de Lincoln, après avoir tout perdu…

Lincoln est un peu le profil lambda de l'époque (et encore maintenant). Répétant ses erreurs, et ne désirant avoir que de l'argent facile et sans réfléchir aux conséquences de ses gestes.
Même s'il est moins bagarreur et flingueur qu'à ses débuts, ... sans doute le poids des années qui l'a rendu mous. Il y reste égoïste

Excellent, tout à fait propice à générer une crise de rire en plein lecture.
Ce cynique arbitraire inconscient a tout pour me plaire. Il ne respecte rien ni personne, quoique si, mais il fait des choix drastiques et les assume.

Et là, la religion, l'alcool, la solitude, les femmes, la misère, la tristesse, la manipulation, sous des travers drôles, décrit un certain recul sur la vie, que j'apprécie.

Ce n'est plus la même surprise que les premiers albums, mais ça reste très drôle et efficace.