Le lac étincelant

La symbolique des trois femmes, que l'on trouve aussi dans "L'homme qui n'existait pas", mais de façon encore plus prononcée dans ce titre, m'interpelle. La première fait face au personnage et l'invite, par le biais d'objets palpables (la peinture et les manuscrits), à faciliter la compréhension et l'acceptationn de ce qu'il est en train de vivre ; la deuxième se présente de profil et propose d'être le passage de la vie terrestre vers l'au-delà , la troisième se place de dos et entraîne le personnage vers son accomplissement dans un autre monde. La voyage de l'élu commence dès la première rencontre, là où se situe une boutique qu'il est seul à voir. À partir de cet instant, l'élu de cette expérience fabuleuse entre dans une autre dimension. Tout est fait pour le rassurer afin qu'il ne ressente aucune peur face aux étapes qui le conduiront vers un autre ailleurs. Je compare ce passage au mythe d'Orphée, que je relie indirectement à Médée, l'ex-petite-amie de Charles Beaumont. Orphée échoue à conduire Eurydice vers la sortie en faisant l'erreur de se retourner. Trajectoire inverse des personnages de livres de cet auteur mais qui présente une similitude. Or, dans les romans de Pierre Kalmar, il n'y a aucun regret ni aucune tentation à regarder en arrière tant le chemin est merveilleux. La troisième femme ne se retourne pas, elle reste de dos et emmène simplement le personnage vers son destin.

Le thème de l'élu : ce dernier n'est pas choisi au hasard. C'est quelqu'un de réceptifv qui ne manifeste pas de résistance à entrer dans le processus. Il est d'autant plus réceptif qu'il perçoit la boutique, 'invisible, et qu'il est déjà engagé dans la réflexion de la vie après la mort. Dans ce petit roman, l'élu a la croyance d'être atteint d'une maladie incurable qui le conduit à s'adapter à la situation en se projetant avec résilience vers sa mort physique sur Terre et l'idée d'une vie après la mort. Son tableau, sa création ultime; il doit la signer de son vrai nom et celui qui a un sens pour lui, qui le définit lui dans son propre regard et dans une acception universelle. Son tableau qui se transforme et s'embellit jour après jour est le symbole de sa propre évolution dans le processus. La signature, l'approche de la femme- Mort, l'entrée dansle tableau sont le reflet du passage du personnage dans cette autre dimension (de l'autre côté du miroir), invisible pour le commun des mortels.

Comme dans "L'homme qui n'existait pas", on offre à toute personne sensible de réaliser ce chemin d'ouverture parce qu'elle saisirait ce qui se passe sans forcément accéder à l'étape de compréhension. Car tout parle : le rêve, l'inconscient, le mystère, les entités, la beauté des "passeurs de vie", les chants, la nature étincelante,... Les personnages se sentent élevés et prêts à partir. En fait, je me demande si tout ce qui semble être vécu n'est pas un rêve, endormi ou éveillé. Et ces rêves n'ouvrent-ils pas les portes vers des possibilités infinies?

Une histoire passionnante, impossible de s'ennuyer. Mystérieuse et surtout avec d'importants Messages pour qui souhaite voir le vrai sens de l'existence. Voir ce qui est réellement important. trier le superflus pour se rapprocher du vrai Soi. Voilà à ce que ce roman invite le lecteur.
Son Coeur en sera touchée et peut-être transformé.