LUCHA - Chronique d'une révolution sans armes au Congo - Scénario de
Justine Brabant, dessins de
Annick Kamgang - Bande Dessinée - Editions La Boîte à Bulles - Lu en juin 2021.
Je tiens tout d'abord à remercier Nicolas et toute l'équipe Babelio de m'avoir permis de découvrir cette BD qui parle d'actualités en République Démocratique du Congo - pays où j'ai laissé mon coeur d'enfant - ainsi que la maison d'édition La Boïte à Bulle pour l'envoi.
Lucha, qui est l'abréviation de "lutte pour le changement" et qui en espagnol signifie lutte.
La BD débute par une préface d'
Angélique Kidjo, artiste, chanteuse Ambassadrice de Conscience d'
Amnesty International.
Ensuite, un prologue qui nous entraîne directement dans la violence des militaires envers des journalistes en pleine conférence de presse, des militants congolais de la
Lucha, des militants sénégalais de "y en a marre" et du Burkina Fasso, "Balai Citoyen".
Tout commence en juin 2008 à Goma dans le Nord-Kivu, sur le campus de l'Université du Lac, où un étudiant n'ayant pas versé la totalité de ses frais d'inscription (il manquait 20 dollars), s'est vu refuser l'entrée à l'université. Il n'a donc pas pu passer son examen. Cet étudiant, Juvin Kombi devient un des cofondateurs de la
Lucha". Avec d'autres militant, tous adeptes de la lutte sans violence pour plus de justice sociale, pour bannir la corruption,
pour réclamer le droit à l'eau...
Ils se "battent" avec les moyens du bord, banderoles, cartons, discours.
Mais qui les écoute ? Certainement pas le gouvernement, ni l'Église Catholique, car à Bukavu, dans le Sud-Kivu, en janvier 2017, les militants de la
Lucha ont "une cible autrement plus coriace que le gouverneur, l'Église Catholique" page 58, ils interpellent les évêques pour la gratuité de l'enseignement et la suppression de ce qu'on appelle "la prime" montant qu'il faut payer pour avoir le droit d'être scolarisé, et dont ne bénéficient que les enfants de riches. Régulièrement, des enfants sont expulsés de l'école pour non payement de cette prime. "Des textes de loi sont passés afin de supprimer la prime et de mettre fin à ce système discrétionnaire et opaque. Ils n'ont jamais été appliqués". page 59
Vous conter tous les détails de cette histoire vraie qui continue dans la vie en dehors de cette BD serait trop long, j'ai envie de placer trop de choses et ma critique serait d'une longueur sans fin, mais il faut savoir que tous ces jeunes qui luttent de toutes leurs forces dans le mouvement la
Lucha "n'ont pas de chef à corrompre, pas d'électeurs à contenter, elle n'a pas non plus d'exactions à se voir reprocher. Mais peu importe que ses militants ne puissent être accusés d'aucun crime, ils sont tout de même violentés, harcelés et jetés en prison" page 44
Leur lutte continue, ils sont arrêtés et emprisonnés mais d'autres arrivent et continuent. Arriveront-ils un jour à obtenir un tout petit peu de ce qu'ils réclament ? le futur nous le dira, je le leur souhaite, ce qu'il se passe là-bas, loin de notre Europe est inimaginable.
Ce livre est dédié à Luc.
"Dimanche 10 juin 2018, Luc Nkulula, figure charismatique et emblématique de la
LUCHA meurt dans l'incendie de sa maison, à Goma. Il avait 33 ans. Les circonstances entourant sa mort restent obscures. A défaut d'une enquête approfondie et transparente, l'origine de l'incendie est encore inconnue.
Luc avait 33 ans et il avait consacré sa vie à lutter pour la dignité, la justice sociale et le changement politique en République Démocratique du Congo.
Il aura marqué et inspiré une génération entière d'activistes congolais.
Cet album en témoigne et lui est dédié"
Pour ceux que ça intéresse, voici le lien du site de la
LUCHA où je suis allée faire quelques visites pour m'imprégner de la réalité de la situation.
http://www.
luchacongo.org/
C'est un livre que je suis heureuse d'avoir lu, un livre qui m'a appris beaucoup de choses que j'ignorais, un livre qu'il faut faire passer, et qui de mieux que le site Babelio peut le faire au travers des critiques des lecteurs. A ce jour, avec la mienne, il n'y en a que 3, j'espère que d'autres nous rejoindront. Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
Je vais le passer à mon frère qui lui aussi a laissé son coeur d'enfant dans ce si beau pays devenu si triste pour la population.
Bon week-end à tous et toutes.