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Nous sommes plongés dans le Japon des années 60 dans la moiteur d'une station balnéaire aux allures de Las Vegas. Il s'agit d'une enquête policière un peu particulière mené par un jeune et irréprochable inspecteur. Visiblement, celui-ci va être en proie à des hallucinations qui vont le mener sur la lune. D'ailleurs, celle-ci va jouer un grand rôle sur fond de course spatial entre les différentes grandes puissances pour poser le premier pas. le titre ne trompe pas.

Il y a une certaine originalité dans la façon dont vont se dérouler les événements. C'est également une bd d'atmosphère avec une multitude de détails dans le décors. Il faut dire que c'est fort bien dessiné avec une certaine précision du trait que j'admire. Par contre, au fil de ma lecture, je me suis un peu perdu au gré des déambulations de notre inspecteur. Il faudra s'accrocher. A noter que Wet Moon a reçu le Prix Asie de la Critique ACBD 2014.
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Ce tome est le premier d'une histoire complète en 3 tomes, initialement parue en 2012 au Japon. Il s'agit d'un manga, avec une lecture de droite à gauche, en noir & blanc. La présente édition est très soignée car elle comprend la jaquette, 4 pages avec de la couleur rouge, et un page de calque en intercalaire. L'auteur est Atsushi Kaneko qui a tout réalisé : scénario, dessins et encrage.

Dans le prologue, une femme avec un imperméable rouge s'éloigne en faisant claquer ses talons, suivie de près par un homme avec une balafre. Chez lui, l'inspecteur Keiji Sata (26 ans) se prépare son petit-déjeuner avec un oeuf sur le plat, et des rectangles d'algue séchée. L'histoire se déroule à Tatsumi, une ville balnéaire, avec des casinos, en 1966.

L'inspecteur Sata se dépêche de se rendre sur le lieu d'un meurtre : une geisha nue, ligotée sur une chaise et éventrée. le capitaine Mori lui confie la recherche d'indices au bar "Lapins de la Lune". Sata en profite pour placer des avis de recherche pour Kiwako Komiyama, affiches qu'il a reprographiées à ses frais. Son comportement est parfois un peu étrange du fait d'un éclat fiché dans son cerveau, et de son obsession pour la pleine lune, et pour l'image de la Lune avec un obus fiché dans son oeil droit (image tirée d'un des films de Georges Méliès).

Très vite le lecteur prend conscience que la narration d'Atsushi Kaneko joue sur plusieurs niveaux. Il y a donc l'histoire personnelle de l'inspecteur Sata, encore une bleusaille pour ses collègues, pas encore affranchi sur le réel fonctionnement de la police dans ce secteur. Keiji Sata est encore intègre alors que tous les autres en croquent d'une manière ou d'une autre. le lecteur constate qu'il vit seul dans son petit appartement, avec un rituel quotidien pour se préparer son petit déjeuner, pas de distractions, et une obsession (= retrouver Kiwako Komiyama, soupçonnée de meurtre, avec découpage du cadavre).

Le lecteur découvre donc l'évolution de la situation de Sata, les magouilles de ses collègues, leur tentative pour le mouiller avec eux, et la raison pour laquelle ils veulent à tout prix le surveiller. Il constate aussi que le meurtre initial est vite oublié, et que Kiwako Komiyama s'avère des plus insaisissables. Comme dans un bon polar, Keiji Sata entrevoit des gestes qui lui mettent la puce à l'oreille sur les accointances diverses entre la police, la pègre et les parons de boîtes de nuit. Mais, c'est un peu plus compliqué que ça.

Atsushi Kaneko restitue avec habilité l'ambiance de cette station balnéaire par le biais de scènes sur la plage, de vues panoramiques de quelques artères, par la magnifique décoration de la boîte de nuit, un bar accueillant. Il sait aussi montrer des endroits moins pittoresques comme la boutique de bonbons où Sata a ses habitudes (il échange quelques politesses avec Akari, la vendeuse), ou un aquarium, ou encore un bar accueillant. le lecteur prend plaisir à s'immerger dans cette reconstitution qui fleure bon l'authenticité et la familiarité. La boutique de bonbons est vraiment épatante avec sa petite vieille à moitié endormie, et la serveuse plus jeune avec des velléités de féminisme. La boîte de nuit constitue une très grande réussite, entre sa décoration intérieure, son évocation d'un orchestre de jazz, et les tenues olé-olé des danseuses. Mais c'est un peu plus compliqué que ça.

Rapidement le lecteur ressent un malaise s'installer de manière pesante. Il y a bien sûr la cicatrice de Sata, l'éclat de métal fiché dans son cerveau, ses pertes de conscience, ses pertes de mémoire (au point qu'il retourne acheter des bonbons le midi alors qu'il en déjà acheté le matin, ou qu'il se prépare 2 petits déjeuners de suite). Mais pas seulement.

L'auteur prend un malin plaisir à accumuler les bizarreries. Il y a un collègue qui évoque le comportement anormal de sa femme (elle faisait sauter une chaussette dans une poêle à frire, farcie avec une brosse à récurer) sans s'en émouvoir ou s'en inquiéter. Il y a les 2 barmans qui portent un serre-tête avec des oreilles de lapins (vision étrange, absurde). Il y a une case qui s'attarde sur une molaire sur le sol d'une ruelle, sans information supplémentaire sur comment elle est arrivée là, ou à qui elle appartenait (page 159). Il y a beaucoup de personnages au visage un peu difforme, ou avec une tâche lie de vin, ou avec une excroissance de chair dans le cou. Sans devenir une foire aux monstres, les difformités physiques ajoutent à l'inquiétude ambiante, jusqu'à cette danseuse borgne.

Il y a bien sûr la dimension ignoble des meurtres (éventrations, débitage du cadavre), apportant une touche horrifique. Enfin il y a des éléments que le lecteur ne peut pas prendre au pied de la lettre comme des fourmis sortant de l'oreille d'un policier, ou des scientifiques qui ont leur bureau dans un grand tunnel, peut-être un émissaire. le lecteur sent que cette réalité bizarre est sujette à caution, que les éléments montrés ne sont pas fiables, comme s'ils étaient déformés par un esprit un peu déséquilibré (peut-être celui de Keiji Sata).

Sans tomber dans l'exagération, Atsushi Kaneko introduit de petits décalages avec la réalité qui déstabilise le lecteur, au point qu'il ne soit pas en mesure de savoir à qui se fier. Avec l'augmentation croissante d'indices, il ne sait plus ce qui participe vraiment de l'intrigue principale, et ce qui n'apparaît que comme décoration, incapable de faire le tri entre le signal et le bruit.

La lecture s'avère très agréable grâce à l'environnement reconstitué avec soin par Atsushi Kaneko, grâce à la dimension ludique de la lecture (savoir distinguer les indices, reconstituer le puzzle, identifier les schémas), et grâce aux citations graphiques. le plancher des couloirs du club de jazz évoque les motifs des planchers des loges dans Twin Peaks. Les dessins empruntent parois à José Munoz, ou à Keith Giffen quand il imitait lui-même Munoz. Certaines pistes (la disparition de la mère de Sata, l'existence deTamayama, un mystérieux indic) constituent autant d'appâts irrésistibles, déclenchant une envie irrépressible de lire la suite.
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Extrait de ma chronique, portant sur les 3 livres à la fois :

"Wet Moon étant (avec le récent Search & Destroy) la série la plus courte d'Atsushi Kaneko, c'est aussi probablement celle qui concentre le plus ses obsessions – et celle qui se rapproche le plus, aussi, de l'oeuvre de son "réalisateur préféré", David Lynch (voir cet entretien), comme le remarque d'ailleurs Chronicart.


Comme dans Twin Peaks, l'inspecteur Keiji Sata, pour retrouver à la fois sa mémoire et la fugitive qu'il poursuit (Kiwako Komiyama), va devoir abandonner sa réalité quotidienne (symbolisée par la confiserie d'Akari et Kinue) pour s'aventurer dans des espaces plus mentaux que physiques.



Comme dans Twin Peaks, ces espaces sont peuplés de créatures "qui semblent exister sur un plan métaphysique, mystique ou 'spirituel' au-delà du 'monde réel'", et qui sont plus "les produits des fantasmes des personnages, l'accomplissement de leurs souhaits, l'incarnation ou l'excroissance de forces issues du plus profond de leur esprit" que des créatures de chair de sang (je traduis ici un passage de la page 160 de Masters of the Grotesque de Schuy R. Weishar)."


Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Envoutant. Envoutant est le maître mot de ce manga qui navigue entre roman noir et fantastique, entre monde réel et monde parallèle.
Nous sommes dans les années soixante, avant les premiers pas de l'homme sur la Lune. Sata est inspecteur de police, il souffre de terribles maux de tête, perd la mémoire et s'obstine à retrouver une meurtrière qui lui a autrefois échappé. Autour de lui rien n'est tout à fait comme il paraît. Ses collègues, son histoire, son enquête et jusqu'à son obsession pour la fugitive ont une face visible mais aussi, tout comme la Lune, une face cachée. "Il n'y a absolument aucune chance pour que les hommes aillent un jour sur la Lune" répète-t-il comme un mantra, sans que l'on sache si ce sont ses interlocuteurs qu'il veut convaincre ou lui-même.
Je n'en dirai pas plus afin de ne pas dévoiler l'intrigue de ce manga magnifiquement scénarisé et dessiné, qui se déroule principalement de nuit, ce qui ne fait qu'accentuer l'atmosphère mystérieuse et envoutante qu'il dégage.
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Un ovni de manga saisissant avec une ambiance et un graphisme bien à lui.
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je ne suis pas un expert du manga mais je me suis forcé à lire les 3 tomes de wet moon. Et je me suis forcé jusqu'au bout car je ne suis pas du tout rentré dans l'histoire.
Le dessin est vraiment bon et cela colle super bien avec l'esprit psychose ambiant. Par contre la narration est très lente et du coup je me suis poussé à lire plus vite car sinon j'allais lâcher.

En bref je suis certainement passé à coté mais malheureusement pour moi quel ennui.

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Honnêtement, je ne sais pas trop quoi penser de ce manga. Je me suis sentie déboussolée à la lecture de ce premier tome. le graphisme n'est pas en cause. Au contraire, il est très réussi et nous plonge dans une atmosphère angoissante et un brin hallucinogène très convaincante. En revanche, j'ai trouvée l'intrigue un peu complexe. le récit fait des bonds en avant, en arrière, si bien qu'on s'y perd un peu et qu'on a du mal à voir où l'auteur veut en venir. J'attends de lire la suite pour me forger une opinion plus nette.
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Nous sommes au Japon, dans les années 60. Un jeune inspecteur, Sata, est dépêché sur les lieux d'un crime : une geisha a été assassinée. On plonge dans le quotidien de ce policier à la cicatrice frontale si caractéristique. Cicatrice dont il a hérité suite à une course-poursuite pour rattraper une tueuse reconnaissable au grain de beauté qu'elle a sous l'oeil. Depuis, il est obnubilé par cette femme qu'il recherche à coups d'affiches placardées sur tous les murs de la ville, et est sujet à de nombreuses pertes de mémoire et moments d'errance. Parallèlement à cette obsession, tout un mystère est fait autour de la conquête de la lune sans qu'on en comprenne pour le moment les enjeux. Beaucoup de questions se posent : quel est cet objet qui occupe le crâne de Sata et qui lui cause de tels maux ? Quel est le lien entre celui-ci et les futurs voyages lunaires ? Pourquoi intéresse-t-il autant des personnes peu recommandables ?
On retrouve plusieurs similitudes avec la série précédente de l'auteur (Soil) : la même ambiance moite et mystérieuse, des personnages aux expressions horrifiques (sueur qui perle abondamment, sourires exagérés, déformations de visage.) Il y a beaucoup de mystères et de personnages qui cachent leur jeu, le tout sous forme de corruption et de petits arrangements entre amis. Un début prometteur pour ce thriller scotchant, rythmé par la cadence infernale du coeur des personnages tour à tour angoissés et déterminés. Deux autres tomes viendront clôturer l'histoire.
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Après l'excellente série en onze tomes « Soil », je pouvais difficilement résister à cette enquête policière en trois tomes, signée Atsushi Kaneko (Bambi).

Deuxième moitié des années soixante, alors que la course à la conquête spatiale fait rage entre les Etats-Unis et la Russie, le jeune inspecteur Sata poursuit une étrange enquête dans la station balnéaire japonaise de Tatsumi. de retour après un arrêt maladie dû à un accident de travail alors qu'il poursuivait une femme soupçonnée d'avoir démembré son collègue, Sata est victime d' hallucinations et de pertes mémoires à répétition… sans même parler de son besoin obsessionnel de retrouver la principale suspecte de ce meurtre sordide et des ses visions étranges… de la lune.

Mêlant enquête policière particulièrement sombre et paranoïa, « Wet Moon » invite le lecteur à s'enfoncer dans une réalité pour le moins trouble. Alors que l'humanité cherche à découvrir la face cachée de la lune, Atsushi Kaneko plonge le lecteur dans une intrigue obscure où la logique semble souvent faire défaut. Perdu entre ses hallucinations déroutantes et sa folie grandissante, le personnage principal lève le voile sur ces nombreux mystères, tout en plongeant progressivement dans les coulisses d'une ville qui baigne dans la corruption.

Ce bijou d'ambiance qui s'aventure aux frontière du réel est à nouveau admirablement servi par le graphisme percutant de ce virtuose qui distille une atmosphère oppressante et malsaine tout au long de ce premier volet. Graphiquement, l'auteur se démarque des codes classiques du manga et propose un style assez inhabituel, largement influencé par la culture américaine underground, qui ne manque pas d'évoquer celui de l'inimitable Charles Burns (Black Hole). Outre ce dessin aux allures délicieusement rétro (qui ne plaira pas forcément à tout le monde), il démontre une nouvelle fois tout son talent narratif et sa grande maîtrise de l'art séquentiel en proposant un découpage astucieux, qui confère un rythme prenant à son récit et qui s'installe immédiatement au diapason de l'ambiance oppressante.

Même s'il est encore difficile de deviner où l'auteur désire nous mener, l'envie d'embarquer pour la suite du voyage ne fait plus aucun doute après ce premier volet particulièrement prometteur.

Un manga que vous retrouverez également dans mon Top de l'année !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Composé de 3 tomes, Wet Moon est une série plus courtes que les autres oeuvres de Kaneko et je dois dire que cela me convient bien.
Contrairement aux autres oeuvres de l'auteur, je trouve Wet Moon moins déjanté, moins folklorique alors que pour le coup, je retrouve complètement une ambiance à la Twin Peaks.

L'oeuvre étant plus courte, je trouve que Kaneko se perd moins dans son intrigue et il y a moins de remplissage. le tout va à l'essentiel et cela fait du bien car cela ne déconstruit pas les personnages.

Il y a forcément une forme de flou, d'ombre sur l'oeuvre et ses explications, mais c'est souhaité par l'auteur et par le contexte du titre. C'est sujet à l'interprétation du lecteur. Cela peut déplaire, surtout quand ce n'est pas assez explicite, mais personnellement j'aime bien.
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