Esprit d'hiver

Atmosphère pesante dès le début, avec cette pensée incessante de l'héroïne : "quelque chose les avait suivi depuis la Russie jusque chez eux". On entre tout de suite dans l'environnement limite paranoïaque de Holly : elle énumère différents événements s'étant déroulés auparavant et expliquant sa révélation en ce jour de Noel : "quelque chose les avait suivi depuis la Russie jusque chez eux".
De plus elle a cette envie irrésistible d'écrire cette pensée, comme pour la rendre réelle. Et c'est l'auteure, en le répétant comme un mantra qui fait entrer le lecteur dans ce monde, rend cette pensée réelle pour l'amener à se questionner sur ce quelque chose. Et au fil des pages, tandis que Holly s'interroge sur ce jour si particulier, les événements qui se déroulent, enfermée chez elle à cause du blizzard, le lecteur vient lui aussi à s'interroger sur la vraisemblance des événements, passés ou présents ; car c'est bien sur cela que joue Laura Kasischke dans "Esprit d'hiver" ou encore "Les Revenants" (deux seuls romans que j'ai lus de cette auteure) : la superposition et la continuité du temps. le récit n'est jamais tout à fait linéaire, et ne laisse jamais le lecteur indifférent puisqu'il est invité à se poser, encore et toujours, des questions. Ce livre ne fait pas exception, c'est un roman (ou son écrivain) qui questionne l'esprit !