AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Floccus



"Se souvenir ne consiste pas à battre le rappel incessant du passé, mais à éliminer, en tout cas à opérer un choix, pour que la trace affective soit plus nette." (278)

De nouveau immergé en terre incertaine, Jean-Paul Kauffmann maîtrise le flou en Russie avec plus d'habileté qu'en Courlande. Il est moins volatile. La "gravité atmosphérique" de Kaliningrad, peut-être, qui ancre les mots dans la neige. Ou le sujet lui-même qui se prête à la lourdeur même s'il s'inscrit dans un de ces "lieux qui n'entretiennent aucune illusion" que Jean-Paul Kauffmann affectionne. J'étais curieuse de découvrir comment il allait s'y prendre pour m'intéresser, m'enchanter avec pour point de départ Napoléon Bonaparte et la bataille d'Eylau – évocations mornement rébarbatives en mon esprit.

"Malgré toutes les phosphorescences du souvenir et les ensorcellements de la littérature, l'articulation entre le passé et le présent restera toujours une illusion. On peut inventer des images, en combiner de nouvelles, l'emboîtement de l'imagination à ce qui fut ne s'ajustera jamais vraiment." (92)

Je crois que la magie de ses écrits est fille de son grand esprit de synthèse, de mise en relation. de faits en images, de perceptions en connaissances, il crée un réseau de sens. Il sait tout à la fois suivre ses folies et construire des analyses en maintenant les deux en leur juste équilibre, ce qui est un tour de force. S'en dégage une place, où que l'on soit dans le monde, où se tenir sur ses pieds la colonne vertébrale droite et le regard conscient. En homme qui est allé au-delà de son identité, il tire de son environnement un faisceau d'existence.

"J'ai mis longtemps à comprendre que le passé n'était pas un refuge. Il ne me console aucunement de la médiocrité d'aujourd'hui. C'est la mise en absence qui m'émeut, le signe irrémédiable qu'il manquera toujours quelque chose. Seuls des personnages de roman comme le colonel Chabert parviennent à combler le vide." (122)

Et bien soit, allons voir Chabert maintenant !


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}