Je savais à quoi m'attendre en choisissant d'acheter, un peu sur un coup de tête, un roman japonais : de la délicatesse et une intelligence folle. Ce n'est pas souvent que je dis d'un roman qu'il est intelligent ; ou lorsque je le fais, le terme choisi n'est peut être pas le meilleur. Ici, il n'y a pas meilleur mot pour qualifier
Et si les chats disparaissaient du monde…, précédemment publié en gros format sous le titre
Deux milliards de battements de coeur. le roman de
Genki Kawamura, son premier et seul roman jusque là visiblement, est intelligent mais aussi très rusé.
Prenez un personnage condamné et mettez le diable en personne sur son chemin. Bousculez les clichés rencontrés jusque là dans la littérature et faites du diable un ami qui vous veut du bien, une créature presque bienveillante entre les lignes pour le héros de l'histoire. Mais pour vous aussi ! Car derrière ses manigances et ultimatums se cache une façon douce et maline de vous faire réfléchir sur votre propre mode de vie et votre propre destin. le court roman regorge de phrases et remarques très inspirantes. le diable fait alors de Et si les chats un roman presque initiatique qui aurait sa place dans les rayons de développement personnel des librairies ; le chat y est, d'ailleurs, très très à la mode ces derniers mois et les livres qui décrivent nos petits félins domestiques comme des coachs experts de vie fleurissent ici et là et arborent toujours une créature mignonne et poilue sur ses couvertures. L'éditeur s'était donc sans aucun doute dit qu'il sortait alors, à point nommé, le roman japonais qui semblait alors discuter du destin des chats dans notre monde. le narrateur prendra-t-il donc la décision de supprimer nos amis à quatre pattes de la surface de la planète ? Découvrez plutôt rapidement, dans ce roman relativement court, la réponse à cette question qui tient en haleine et intrigue au plus au point.
Mais avant cela, imaginez un monde sans téléphone, sans montre. L'expérience quasi envoûtante qu'en fera le narrateur (qui, si j'ai bonne mémoire, n'est jamais nommé, afin de vous positionner un peu plus en tant que héros dans l'intrigue mais aussi dans le questionnement du personnage principal) vous amènera à vous poser des questions. Et c'est en bonne compagnie que l'on s'enrichit, se développe, à travers ces deux cents pages à peine, tant le narrateur sympathique nous mènera dans quelques uns de ses lieux favoris, nous fera rencontrer quelques unes des personnes les plus chères pour lui, nous parlera sans aucune timidité de sa famille, de ses craintes et de ses doutes en s'adressant, quelques fois, à nous, lecteurs.
Et si les chats disparaissaient du monde est une histoire d'une délicatesse folle, celle que l'on ne rencontre qu'au pays du soleil levant. Une délicatesse millimétrée dans l'écriture, l'intrigue, les personnages. Comme du papier à musique, les événements s'enchaînent naturellement et de façon précise pour se conclure sur une fatalité des plus optimistes. A son tour, c'est un optimisme que l'on ne rencontre qu'au Japon et qui termine le roman d'une bien jolie façon malgré tout. Et si les chats a alors ce petit côté rafraîchissant et dépaysant à la fois, même si les descriptions des décors et paysages ne sont pas bien nombreuses. Pour une immersion totale et pour profiter pleinement de cette fable moderne, une petite connaissance du Japon et de sa culture est sans aucun doute très appréciable.
J'accorde ★ ★ ★ ☆ ☆ à
Et si les chats disparaissaient du monde. Je l'ai trouvé presque trop court, mais pas précipité pour autant, et je l'ai rapidement lu comme un livre de développement personnel et non comme un roman pur japonais. Ceci a alors peut être un tout petit peu gâché ma lecture et j'en demandais encore. Mais j'ai énormément apprécié ce côté nippon brut dans la ruse et l'intelligence dont fait preuve l'auteur, dans la façon dont son récit est ficelé, dans la conséquence de chacun des actes des deux protagonistes, dans la lumière qui est faite sur certaines questions existentielles qui sont soulevées tour à tour au fil des pages et, enfin, dans l'organisation du récit mais aussi de l'écriture ; la traduction est, par ailleurs, fabuleuse, les romans japonais mal traduits à la lecture chaotique étant malheureusement nombreux sur le marché. Pour conclure, Et si les chats est à offrir à Noël aux lecteurs qui souhaitent s'initier au monde merveilleux de la littérature de développement personnel, grâce à ce premier apprentissage en douceur et en bonne compagnie, mais aussi aux passionnés de Japon, de chats et à aux autres lecteurs en quête d'une histoire peu commune, une fable qui brille d'intelligence rare, où rien ne déborde, où tout est calculé, rusé.
Et si les chats disparaissaient du monde… est une jolie histoire qui vous veut du bien.
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