Les conquérants d'Aton, tome 3 : Le roseau et le chandelier

Le Roseau et le Chandelier, tome III du cycle Les conquérants d'Aton de Philip Kayne est captivant. Je n'ai pas eu l'occasion de lire des deux premiers, aussi j'ai apprécié la préface explicative signée par Roger Sabbah. le troisième épisode est centré sur l'exode des Hébreux depuis l'Égypte vers la terre promise, le pays de Canaan. Ce récit chargé d'émotions et dont les ondes façonnent encore aujourd'hui l'actualité vivante appartient à l'Histoire de l'humanité.

N'étant ni égyptologue, ni versée en études talmudiques ou bibliques, encore moins archéologue, je me garderai bien de donner un avis sur le fond. L'auteur s'appuie sur les références de spécialistes et sur ses recherches personnelles pour proposer un point de vue original.

La longue marche des AbRâHés, accompagnés et encadrés par des militaires égyptiens chargés de mener à bon port cette troupe indocile composée de prêtres acrimonieux, de familles encombrées d'enfants et de vieillards, d'animaux domestiques exténués tirant de lourds chariots est décrite au fil des pages avec un luxe de détails qui donne la sensation de faire partie des fugitifs souffrant amèrement de devoir quitter l'Égypte fertile pour un désert de cailloux ou des marécages redoutables.

Du Grand Départ à l'épilogue il se passe environ un an, où nous partageons les tribulations, déceptions et rebellions du peuple apatride, ainsi que les batailles militaires sanglantes, les complots orchestrés par les prêtres divisés en deux camps et serviteurs intéressés des Dieux multiples ou du Dieu unique. Un univers qui nous est à la fois étranger et proche. Étranger car certaines coutumes, tels les mariages incestueux des Pharaons, sont aujourd'hui impensables, proche, du fait que luttes de pouvoir et meurtres d'opposants sont toujours d'actualité. Quant à la religion, elle demeure hélas objet de division.

Le livre comporte huit parties, toutes détaillées, fécondes en rebondissements et personnages hauts en couleurs. Une grande part concerne l'action des femmes, libres, fières, souvent appelées à de hautes fonctions. Par ailleurs, nous mesurons le bouleversement intellectuel et les inquiétudes diverses que représente l'idée d'un Dieu unique, alors que l'Égypte vit une religion polythéiste au système complexe et lucratif.

Au terme de ma lecture, je reste cependant entre deux eaux, si j'ose écrire, et je me pose une question : quel type de livre ai-je lu?
Dialogues et comportements sont très modernes, l'intrigue tient en haleine. Alors, une saga ? Mais de nombreuses citations se réfèrent à des recherches scientifiques. Alors, un livre historique ?

Je pense plutôt à une projection très personnelle de l'auteur, qui me donne envie d'en apprendre davantage sur cette période de l'Égypte antique et de lire les précédents tomes,qui ouvrent peut-être d'autres clés de compréhension de cette approche.

Je remercie Babelio pour son opération Masse Critique et les Éditions Sydney Laurent pour l'envoi de ce livre (accompagné d'un gentil mot.)