« Des privilégiés »... Ces gens-là pouvaient se procurer des tas de choses qui restaient inaccessibles au commun des citoyens soviétiques, vivre en marge des difficultés quotidiennes, s’offrir des plaisirs rares. Bien que, la plupart du temps, ils ne fussent à Moscou que pour venir quémander une aide, en fonds ou en armes. Ou pour entretenir avec les dirigeants des rapports empreints d’hypocrisie, déguisant leur aversion pour le communisme.
Les aveux que peuvent se faire des filles ont souvent de quoi estomaquer les hommes qui les surprennent. L’aisance avec laquelle certaines évoluent vers diverses formes de prostitution n’a d’égale que l’intransigeante vertu de leurs consœurs, ce qui n’a pas fini de plonger l’homme dans des abîmes de perplexité, son flair illusoire ne lui permettant jamais de ranger d’emblée celles qu’il rencontre dans l’une ou l’autre catégorie.
Les hommes sont tous un peu vicieux, crois-moi. Les jaloux plus que les autres. Ils n’arrêtent pas de se faire des idées. Je l’ai bien vu avec Dave. Après que je lui aie bien expliqué que, en réalité, ça n’avait aucune importance, il a cédé plus vite que je ne m’y attendais. Et maintenant, quand je rentre la nuit, il est encore plus amoureux de moi qu’avant, figure-toi !
Cette histoire ne le regardait en aucune manière, bien sûr. Mais enfin, la solidarité, ça existe. Ça devrait exister. Tomber dans les mains de la police soviétique est une épreuve dont l’issue est toujours aléatoire.
Nous ne pouvons rien bâtir de valable sur des bases incertaines.