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Critique de Piatka


Un court roman intense et nerveux, lu il y a quelques temps déjà, mais qui est parvenu à laisser une trace indélébile dans ma mémoire, raison pour laquelle, et malgré le voile léger laissé par le temps écoulé, j'ai envie de partager quelques lignes sur ce récit moins connu que Réparer les vivants, mais tout aussi talentueux, empreint d'un réel suspens à bord du transsibérien.

Une rencontre improbable, une irrésistible étincelle d'attraction, nées sous la plume de Maylis de Kerangal à l'occasion du voyage officiel auquel elle a participé avec d'autres écrivains français dans le cadre de l'année franco-russe en 2010.
Aliocha, vingt ans, russe, rêve de fuite, de désertion depuis qu'il n'a pu éviter le service militaire et qu'il file inéluctablement vers la Sibérie. " Tout plutôt que la Sibérie, tout plutôt que la caserne."
Hélène, l'étrangère, française, trente-cinq ans, peut-être le double de lui, rêve d'évasion, a besoin de s'éloigner de son amant russe, directeur d'un barrage.
Ils n'ont pas de langue commune, mais vont communiquer, s'entraider, s'aimer qui sait.

" Ils ne bougent pas, debout devant la lucarne de verre qui est pour eux comme un écran de cinéma, où tout remue doucement, moléculaire comme la terreur et le désir, et puis soudain la nuit se déchire et le paysage se durcit au-dehors, net, géométrique, lignes pures et perspectives neuves, finie le nuit organique, la forêt se dresse dans la lumière rasante du premier jour, et c'est encore la même forêt, les mêmes arbres élancés, les mêmes fûts orangés, une forêt identique à ce point à elle-même c'est à devenir dingue, on aura beau apercevoir une rivière qui sourd sous la glace, des buissons de fleurs pâles, de la neige en plaques marronnasses le long d'une piste boueuse, des toits, des palissades, c'est la même forêt, encore et encore, non plus l'océan mais la peau de la Terre, l'épiderme de la Russie. "

Ainsi s'entraperçoit toute la magie du voyage immobile, embarqué à soixante kilomètres heure, bercé par le roulis, l'idéal pour rêver, s'imprégner de la Sibérie, ses paysages, alliée à la précision poétique de Maylis de Kerangal qui livre ses souvenirs grâce à une fiction prenante, un embrasement fugace de deux êtres en fuite.
Alchimie littéraire de l'urgence et de la lenteur !

Prenez la tangente, déroutez-vous du quotidien ( le train-train quoi ) dans un train mythique au beau milieu de la Sibérie, n'oubliez pas un peu de vodka au cas ou...
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