A peine réveillée, elle allait vers les CD dans le salon jaune au tapis très doux. Un cercle blanc brillait dans sa main. Le tiroir mécanique chuintait et son disque démarrait à travers toute la pièce. Elle ne lui disait bonjour qu'après une note de Jazz au bout de chaque cheveu.
( l'arrivée en prison ) :
On se déshabille sans penser à rien, comme d'autres se sont déshabiller pour mourir. Au fond, ce n'est pas si grave, c'est fini. Une vingtaine d'hommes, tournant un peu sur eux-mêmes, sans se voir, fixant seulement une ampoule, une grille, un carreau, jusqu'à être complètement nus. La montre, le chandail, le calecon, tout va dans une boite. 500 watts éclaire la salle. Certains frémissent de froid ou de colère. Des silhouettes très pâles, d'autres comme ébouillantées, des muscles, des cheveux, des odeurs, des jambes, des poils. Vingts paquets de chair, le courant d'air leur glace les cuisses, et, derrière la table, cinq hommes habillés, galonnés même, qui malgré l'habitude ont une étincelle sale dans le regard.
On entend son nom, écorché. Répondre oui, s'avancer jusqu'à la table. Oui. Oui. L'homme derrière la table rend la boite. Un autre jette deux couvertures qu'on rattrape au vol comme une botte de paille. Ne pas se rhabiller maintenant. Pourquoi pas maintenant ? parce que plus tard. Repartir, nu toujours, émerger dans un couloir vide, noyé de lumière. C'est la première fois qu'il se retrouve tout nu dans un bâtiment administratif...