Et quelquefois j'ai comme une grande idée

Lee fixe le fond de son assiette, et l’assiette le fixe du regard fou de deux jaunes d’œuf que cernent les rides d’un sourire de bacon grillé.

Alors comme ça t’as fait quatre ans de trigonométrie, hein ? Très bien, alors dis-moi une phrase en trigonome.

Ben tiens, Viv elle est debout, elle a fait le petit déjeuner que tu vois là, lavé par terre, écossé une livre de haricots, et elle nous a déjà préparé un en-cas. Je veux, oui ! J’ai appris à ce garçon à savoir s’occuper des femmes, nom de Dieu.

De temps en temps, les bonnes femmes, ça les démange de faire partie du tourbillon de la vie mondaine, tu vois le genre. Ça les occupe.

À la campagne ces pauvres cons de bouseux refusaient que les élus fassent si peu de cas de leur opinion et continuaient de fonctionner à l’heure d’hiver. C’est ainsi qu’à certains endroits, il n’y avait pas de changement d’heure officiel, mais on avait adopté ce qu’on appelait le temps comprimé, en vigueur uniquement les jours de semaine.

Le hic, avec le recul fourni par la technique narrative moderne, c’est que, tout en vous donnant de l’objectivité et une certaine perspective – on peut remonter le cours des évènements à partir de ce point de fuite –, ça engendre de sacrés problèmes de temps grammatical.

Bordel, c est vrai quoi, ce que les gens pensent ça laisse même pas un bleu.

L humidité. Pas étonnant que parmi les gens du pays, il s en trouve deux ou trois chaque mois pour faire le grand saut dans la rivière - soit on plonge, soit on pourrit sur pied.

Pas besoin d'avoir tort ou raison, d'être bon ou méchant, juste d'attirer. Dans une minute, ces imbéciles n'écouteront même plus, ils seront juste attirés. Ce n'est pas la peine qu'ils pensent. Juste qu'ils aient naturellement peur et soient tous attirés en même temps. Comme des gouttes de mercure qui s'amalgament en gouttes plus grosses, et encore plus grosses pour finir par n'être qu'une seule flaque, et rien ne peut vous effrayer ni vous nuire du moment que vous êtes une petite partie d'un ensemble plus grand qui grossit encore et encore, jusqu'à tout renverser pour aller se fondre dans un océan de mercure...

Je les connais, tous les autres, des brutes, qui ont tous peur des forces de l'ombre ; c'est pour ça qu'ils achètent des téléviseurs et puis des Buick aux feux verts et rouges qui clignotent sur le capot... C'est pour ça qu'ils s'attroupent à la lumière de mes néons. Comme des bestioles attirées par les réverbères où les flammes. Ils feraient tout pour échapper à l'obscurité...