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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une saga coréenne qui retrace l'histoire de ce pays sur des décennies, de l'occupation japonaise jusqu'à sa scission Nord-Sud qui perdure encore. de nombreux personnages, des amitiés (entre courtisanes surtout, élevées ensemble), des amours, des amours perdus aussi, des révolutionnaires et des trahisons. L'écriture est tendre, posée. Si ce livre m'a permis de comprendre ce qui a façonné ce pays sur le siècle dernier, il ne m'aura pas emporté sur l'émotion. Mais d'autres le devraient parce qu'après tout c'est une romance historique qui nous fait aller au bout sans ennui.
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J'attendais beaucoup de "Créatures du Petit Pays", de cette saga historico- romanesque coréenne à la si belle couverture que signe Juhea Kim et c'est peut-être pour cela que j'en suis un peu déçue au terme de ma lecture, agréable certes mais pas transcendante non plus.
Le roman réunissait pourtant tous les ingrédients prompts à m'envouter: mêlant la petite histoire à la Grande, il se proposait, outre de conter les destins flamboyants et combinés de personnages complexes et attachants, de raconter aussi la Corée et sa trajectoire tourmentée de 1917 aux années 1960. C'était ambitieux, peut-être trop...
Moi, c'est d'abord la Corée qui m'a poussée vers "Créatures du Petit Pays": j'ai toujours été attirée, fascinée par l'Asie du Sud-Est et si je peux m'enorgueillir d'assez bien connaître les Histoires de la Chine, du Japon ou encore du Viêt-Nam et du Cambodge, je suis en revanche très ignorante concernant la Corée... Assez souvent, les romans, et ce qu'importe leur sujet, furent pour moi des portes d'entrée vers d'autres lectures, plus scientifiques et je comptais autant me délecter des grands petits bonheurs qu'offre la fiction que de m'immerger dans une fresque historique avec le roman de Juhea Kim. Peine perdue: il m'a laissée sur ma faim sur les deux tableaux. Par ailleurs, je l'ai trouvé assez inégal aussi, alternant de très beaux chapitres avec des passages plus médiocres... Me voici donc bien embêtée face à mon clavier: moi qui suis si peu à l'aise avec les entre-deux, je nage entre deux eaux...

L'histoire commence par un prologue aussi énigmatique que magnifique par une chasse aux tigres au nord de la Corée. Il fait froid et les soldats japonais qui espèrent la capture du plus majestueux des fauves grelottent tandis que leur guide, coréen, avance à pas de loups. Poétique, d'une synesthésie troublante et que j'ai l'impression de retrouver très régulièrement chez les auteurs de culture extrême-orientale et sublime, cet incipit envoute autant par sa beauté que par sa portée symbolique qui, on le devine, révélera plus tard dans le texte toute sa signification. J'aurai aimé que le reste du roman soit de la même trempe...
Pour autant, la dichotomie qui se dessine entre ce prologue et une bonne partie du roman s'explique sans doute par l'opposition qui se dessine dans le récit entre des évènements symboliques, presque éthérés et des faits plus prosaïques, plus terre-à-terre, à l'image de la vie finalement...
Le chapitre qui suit laisse le tigre dans sa montagne et nous présente Jade, une fillette de dix ans à peine que sa mère vend à une riche courtisane comme domestique. La fillette grandit ainsi auprès de Silver, la tenancière du lieu et des filles de cette dernière Luna et Lotus. Nous sommes en 1917 et la Corée subit depuis quelques années déjà la colonisation du Japon qui sous couvert d'un protectorat exerce sur le pays une domination cruelle dont nos héroïnes vont faire les frais. Un drame qui va conduire Jade, Lotus et Luna jusqu'à Séoul, chez une cousine de Silver, Dani, qui les prend sous sa protection et qui décide que Jade ne sera pas domestique, non. Elle deviendra elle aussi une gisaeng, une courtisane coréenne. Dans cette ville bouillonnante, Jade découvre une société plus moderne que tout ce qu'elle a pu connaître auparavant, une société trépidante, enfiévrée. Elle prend également avec davantage d'acuité des effets de l'occupation japonaise et des désirs d'indépendance voire de résistance de certains de ses compatriotes. Elle fait aussi la connaissance de Jungho, gamin des rues puis chef d'une bande de mendiants. Une étrange amitié, puissante pourtant, qui les liera de leur enfance à l'âge adulte, d'un de ces matins de 1917 aux années soixante autant qu'elle sera mise à mal par les choix qu'ils feront, par leurs trajectoires personnelles, par les fracas et les turpitudes de l'Histoire en marche dans ce petit pays. Ainsi, alors que Jade deviendra l'une des courtisanes les plus célèbres et célébrées de Séoul, Jungho, lui, adhérera au parti communiste. Ainsi alors que pour l'un l'amitié deviendra amour fou, l'autre s'éprendra d'un autre coeur.
Et en filigrane, l'Histoire de la Corée, ses soubresauts de la colonisation japonaise à la volonté de s'en libérer, de la guerre fratricide à la partition, de la chasse aux sorcières communistes dans le sud à la chape de plomb qui s'abat sur le Nord.
Cela aurait pu être grandiose mais cela ne l'est pas, à mon grand désespoir.
Selon moi, cela tient à plusieurs éléments...
Tout d'abord, bien que l'écriture de Juhea Kim soit très belle, elle est aussi souvent pleine de retenue, presque froide et on se sent parfois très loin des personnages. Il y a quelque chose de très extérieur dans cette écriture qui m'a sans doute un peu empêché de m'investir pleinement dans l'histoire. de plus, l'auteure passe très vite sur la plupart des personnages qu'on rencontre... Je pense à Luna et Lotus par exemple qui méritaient bien mieux, bien plus d'intérêt. Luna m'a en particulier fait l'effet de n'être qu'une ombre dans les trois quarts du roman alors que Juhea Kim lui fait vivre dans le premier quart des évènements dont les conséquences auraient mérité qu'on approfondisse son personnage!
Ensuite, comment ne pas évoquer les ellipses qui émaillent le roman? En effet, l'auteure a fractionné son roman par période, par décennie. L'on passe de par exemple de 1917 à 1925, puis de 1925 à 1934 sans crier gare. Bien entendu, je comprends que raconter ce qui se passe pour les personnages dans ces interstices serait sans doute trop long, trop plantureux mais il n'en demeure pas moins que ces ellipses sont extrêmement frustrantes tant du point de vue historique que du point de vue des personnages. Les vides ne m'ont pas semblé comblé de manière pertinente, j'ai eu l'impression d'un procédé mal maîtrisé, qui aurait pu fonctionner mais qui ne fonctionne pas, doublé d'une impression de facilité...
Pour autant, "Créatures du Petit Pays" est aussi traversé de moments de grâce et c'est ce qui rend si difficile l'écriture de ce billet. En vrac pour la grâce: le prologue bien sûr et le final du roman; le personnage de Junhgo poignant et si complexe; cette mélancolie douce-amère qui nimbe tout le roman et la chanson triste du poids des souvenirs et du temps qui passe; l'amour qui peut-être si grand mais qu'on ne partage jamais; la volonté d'écrire "la vraie vie de personnages vrais" plutôt que de donner dans un héroïsme surfait; l'écriture et certains passages...
Un bilan aussi doux-amer et complexe que le roman en définitive que je ne regrette pas d'avoir lu, dont je regrette pourtant les imperfections.











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