Naruto, tome 22 : Réincarnation

Comme ce qui se profilait dans les volumes précédents, nous assistons dans ce tome vingt-deux à un autre duel. Chôji nous a prouvé qu'il était un ninja qui avait plus de compétences que ce qu'il ne laissait présager. Même s'il a dû pour cela utiliser une solution drastique. La fin de ce combat est d'ailleurs très douce amère, laissant le destin du jeune shinobi incertain. Masashi Kishimoto ne semble pas y aller de main morte avec les décès dans son manga, mais j'espère sincèrement qu'il n'y aura pas une hécatombe avec cet arc. Les pertes ont déjà été bien lourdes.

Le second duel oppose dans Neiji avec le ninja araignée. Nous assistons avant cela à un petit combat de groupe qui est très intéressant dans le sens où l'on voit que chacun arrive à attaquer avec les autres. Naruto a un petit trop d'entrain, comme d'habitude, mais l'équipe fonctionne plutôt bien contre toute attente. Et Neiji se "sacrifie" pour ce tour.

Je ne suis pas forcément très fan de ce procédé, mais j'avoue tout de même que grâce à ces tomes, on voit vraiment le réel potentiel des jeunes ninjas. Nous ne sommes plus en mode compétition pour une épreuve "scolaire" mais dans un vrai combat où leurs vies sont en jeu. Et ils se dépassent. Neiji nous prouve qu'il est bien au-dessus de la moyenne même si pour lui Naruto le surpasse. Il est d'ailleurs très appréciable de voir que le jeune homme voit Naruto différemment et qu'il le considère maintenant comme son égal, voire même plus. Il le répète à plusieurs reprises, Naruto l'a sauvé, et il fera de même avec Sasuke.

Le combat en lui-même est vraiment bien tourné. Plus détaillé et prenant que celui de Chôji. Il montre aussi autant les faiblesses que les qualités de Neiji. Et franchement, je me dis que ces jeunes n'ont pas à rougir de leurs affrontements. Ils se battent quand même contre des adultes, et ils leurs font face, les mettant en grande difficultés. le tout est fait avec humilité. Il n'y a pas de fanfaronnades ou d'exultations. C'est bien dosé.

La fin est semblable à celle du précédent, sans réelle surprise. L'étau se resserre, reste à savoir ce qu'il va bien pourvoir se passer maintenant. L'ennemi ne va sûrement pas continuer à laisser ses membres disparaître un à un comme cela, et sûrement passer à l'offensive.

"Naruto" c’est vraiment le manga de la génération 2000 (bien plus que "One Piece" car on peut difficilement s’identifier à un homme caoutchouc à chapeau de paille), mais il est autant acclamé comme héritier de "Dragon Ball" que décrié comme manga pour kikoos. Et au final, tout le monde a raison…

Masashi Kishimoto rafraîchit, modernise et améliore le mythe du ninja en piochant dans la boîte à outil léguée aux mangakas shonens par Akira Toriyama, mais avec un style graphique propre plutôt plaisant pas très éloigné de celui de Yoshihiro Togashi. Et je crois même que plus on connaît sa culture ninja, et plus on apprécie le côté rafraichissant de Naruto qui puise plus dans les grands romans de Fūtarō Yamada et les grands gekida des années 60/70 que dans "Le Collège des ninjas" (remember Nicolas, le ninja adolescent ayant des problèmes de surpoids)… Mieux, Naruto ce héros auquel personne ne croit, marche dans les pas de Kamui, le ninja aïnou d’Hokkaido qui bien que haï par les siens s’était fait le défenseur de le veuve et de l’orphelin (et des oubliés du Japon du boom Izanagi, le miracle économique japonais, mais ceci est une autre histoire).
Je n’ai jamais eu de problème avec les furyos et les bozokus des années 80, les voyous et les racailles des années 90, mais les branlous je-m'en-foutistes des années 2000, appelés yankees au Japon, m’ont toujours prodigieusement gonflé… Et là aucun souci avec Naruto le cancre de la classe qui cherche à attirer l’attention sur lui avec ses pitreries : il est parfait pour le public ciblé, car le héros grandit en même temps que ses lecteurs ce qui fait de Naruto un chouette émule d’Harry Potter (sauf que la saga "Harry Potter" s’étend sur 10 ans et que la saga "Naruto" s’étend sur 15 ans… 5 ans de différence c’est beaucoup quand on a 18 ans). D’autant plus qu’on nous refait le coup du Héros aux mille et un visages avec un adolescent orphelin qui se bat pour les forces du Bien ! Et puis on prend plaisir à faire connaissances avec les personnages et leurs pouvoirs, et à les voir évoluer. Pour ne rien gâcher, l’apparition de chaque méchant est un petit événement…

Les tomes sont initialement bien remplis, bien rythmés et bien dosés. Là je redécouvre les premiers tomes et j’ai vraiment envie de me sentir narutard, mais je sais comment se termine la saga : en eau de boudin avec des ninjas zombies, un grande guerre ninjas qui se résume à 3 personnages, et un combat final de 14 tomes avec le méchant le plus débilement compliqué de l’histoire du manga et le pire boss à tiroir de l’histoire du manga… VDM
Du coup je ne pas m’empêcher qu’avec un tel désastre le ver était dans le fruit dès le départ, et effectivement dès le tome 1, Masashi Kishimoto vend la mèche : il est influençable donc se laisse dicter son histoire par ses éditeurs... Donc dès le tome 1 on adjoint au héros Naruto deux compagnons d’armes qui comme ils ne viennent pas de son imaginaire peut difficilement échapper aux stéréotypes :
- Sasuke… Le beau gosse ténébreux et mystérieux au lourd passé, OK c’est un cliché. Il n’est pas raté mais on ne peut pas aller bien loin avec ça. Pour rattraper le coup, Masashi Kishimoto a voulu en faire un Végéta inversé et l’idée était bonne (allié puis ennemi au lieu d’ennemi puis allié), mais force est de constater que c’est complètement raté, Sasuke geignant comme un ado en crise et changeant d’avis comme de chemise aux moments critiques.
- Sakura… J’ai pitié pour elle parce que malgré tout elle est sympathique, et puis elle rencontre son petit moment de gloire dans la forêt de la mort. Son rêve : emballer le BG de la promo, juste parce qu’il est BG… (soupirs) Elle suit un régime parce qu’elle se trouve trop grosse, mais déplore de ne pas avoir ce qu’il faut là où il faut et fait de la dysmorphophobie au sujet de son front. (soupirs) Elle passe son temps en retrait à encourager ses compagnons, et marche à fond dedans à chaque fois qu’ils lui disent qu’elle douée et indispensable. C’est festival de clichés shonens sur les filles présentées comme fragiles et puériles : il y a du boulot pour en faire un personnage intéressant, et la comparaison avec ses paires dans les autres séries mangas fait vraiment très mal !
Après je ne suis pas fan des univers achroniques, ici des ninjas en survêtement Adidas qui écoutent de la musique sur leur lecteur mp3 avant de prendre une bière au frigo ou de réchauffer un ramen au four micro-onde… Pour être efficace ou tu fais du ninja classique ou tu fais du ninja moderne (comme les action movies des années 80/90, mais en mieux s’il vous plait). Le mangaka essaie de faire un parallèle entre le monde des ninjas et celui du terrorisme / contre-terrorisme en faisant de ses personnages les membres de commandos d’élite au service des grandes puissances. Mais tout cela est hors-sol tellement l’univers développé tient sur un post-it. Ce n’est pas gênant en soi mais cela limite grandement le potentiel d’évolution d’un manga de 72 tomes !

Univers de Potemkine, héros archétypal, personnages stéréotypés puis clonés… On n’aurait pas dû aller très loin avec cette formule, pourtant le miracle eut lieu puisque le manga est cool est fun pendant une tripotée de tomes, mais il aurait vraiment dû s’arrêter sur la confrontation finale entre Naruto et Nagato (comme "Dragon Ball" aurait dû s’arrêter sur la confrontation finale entre Gohan et Cell).


Cet arc me rappelle décidément de vieux souvenirs : alors que le team du héros se voit contaminée par les valeurs nekkestuesques du héros, deux camps qui doivent remplir leur mission en temps limité, la montre jouant pour le camp des méchant, avec un affrontement scandé par des duels mortels où chaque membre du camp du gentils se sacrifient pour neutraliser un membre du camp des méchant, du pathos en veux-tu en voilà… Miam, cela sent bon le shonen des années 1980 ! ^^

Après la conclusion du duel entre Chôji et Jirôbo, ce tome 22 est presque qu’entièrement consacré au combat entre Neji et Kidômaru l’homme araignée : les ninjas aux super pouvoirs (qui sort tout droit des classiques de Fūtarō Yamada), rivalise de ruse (remember JBA : "JoJo’s Bizarre Adventure") et d’abnégation (remember CDZ : "Chevaliers Du Zodiaque"), avec quelques évolutions/transformations (remember DBZ / "Dragon Ball Z")… (Et si on cherche bien on trouve facilement quelques trucs à la HNK / "Hokuto no Ken")

Bref, Masashi Kishimoto nous réalise on bon pot-pourri des grands shonen des années 1980, mais parfois ça se voir un peu trop justement… (genre quand Kidômaru sort à Neji exactement la même tirade que Milo du Scorpion à Hyoga du Cygne dans Saint Seiya, quasiment au mot près !)… De plus, tout ce qu’il réalise autour du chakra ressemble de plus en plus à tout ce que réalise Yoshihiro Togashi autour de nen dans "Hunter X Hunter" : décidément il a dans le collimateur les œuvres de son prédécesseur comme lui très bon remixeur des shonens des années 1980 ! (et parfois c’est limite plagiat…)

Ce tome repose entièrement sur le combat de Neji Hyûga contre Kidomaru, c'est un tome qui fait la part belle aux personnages secondaires, trop délaissés depuis quelques temps.


J'ai beaucoup aimé leur combat qui regorge de techniques différentes plus ou moins puissantes mais très très variée, Neji est incroyable, très puissant mais on apprends également que sa technique possède une légère faille, ce qui le rend plus crédible.



Son adversaire, lui aussi est intéressant mais bon, il sert plus de faire-valoir à Neji. 

Le dessin est bien mais sans plus car il est très brouillon par moments, et cela se reproduit souvent dans ce tome, notamment pendant le combat de Neji. Ses techniques semblent assez difficiles à dessiner.



En bref, un tome de combat sans humour avec un dessin brouillon mais encore très agréable à lire.

Dans le tome précédant, Choji se "sacrifiait" pour affronter Jirobo seul afin que ses amis puissent continuer la poursuite de Sasuke.

Dès lors, le groupe de sauvetage compris que pour mener leur mission a bien, il y aurait de forte chances que chacun doivent affronter son propre ennemi en 1 contre 1.

Ainsi, dans ce tome, c'est au tour de Neji d'affronter l'adversaire le plus puissant auquel il ai eu affaire.

Par ailleurs, on apprend l'existence de Kimimaro et par la même occasion, le fait que Sasuke n'était pas le premier choix de Orochimaru pour sa réincarnation.

Choji m'a clairement impréssionnée ainsi que Neji !