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4,23

sur 458 notes
Je tiens à remercier Anselme Guilledoux, bouquiniste croisé en accompagnant dans Paris Théophraste Sentiero, « L'homme qui marche », la créature de Jean-Paul Delfino, qui m'a recommandé Gioconda.

Cette Joconde n'est pas l'icone peinte par Léonard de Vinci, mais une jeune juive de Salonique déportée par les allemands en 1943 et gazée avec toute sa famille. Elle fut le premier amour de son voisin, Nikos Kokantzis, qui décide en 1975 de conserver sa mémoire en narrant leur histoire.

Quelle est la part du rêve et de la réalité trente ans après les faits ?
N'avons-nous pas tous tendance à idéaliser notre jeunesse et le passé ?
Nikos fut il aussi précoce dans la résistance qu'il le prétend ?
Nul ne le saura jamais … et qu'importe.

Car tragique et vraie, hélas, est la déportation des juifs de Salonique et leur extermination méthodique.

Les pages consacrées à l'arrestation de Gioconda, de sa fratrie, de leurs parents et de leur grand-mère sont d'autant plus bouleversantes qu'elles ne décrivent pas, contrairement à de nombreux films, des hurlements, des aboiements de bergers allemands, des coups et des plaintes, des nazis membres de la Gestapo ou de la SS.

Elles photographient des soldats allemands très « corrects », qui ont la galanterie de porter les valises des prisonniers et dont les officiers saluent respectueusement les voisins, calmes et attentifs.

Les occupants appliquent la procédure ; les occupés respectent le protocole et avancent calmement vers leur destin dans un silence et une discipline suicidaire.

Cette tragédie grecque dépasse le martyre de Gioconda et nous rappelle que les civilisations sont mortelles. Un ouvrage court, dense, poétique et dramatique qui répond parfaitement au devoir de mémoire et que je suggérerai nottament à des lycéens.
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Né en 1927 à Thessalonique, l'auteur n'était encore qu'adolescent lorsqu'il y vécut ce qui devait rester sa plus grande histoire d'amour. Lui et sa jolie voisine juive, Gioconda, s'aimèrent passionnément, jusqu'à ce que, en 1943, la jeune fille fût déportée avec sa famille à Auschwitz, pour ne jamais en revenir. Trente ans plus tard, l'homme mûr décide de raconter cette histoire, pour que jamais l'oubli ne l'efface.


Le monde devenu fou n'empêche pas l'amour de naître, et tout peut bien s'écrouler, ces deux-là n'ont d'yeux l'un que pour l'autre. Les persécutions antisémites s'intensifient, les bombes pilonnent la ville toute proche : rien ne vient entamer la magie de leur fusion amoureuse, alors que leur jeune innocence s'initie aux vertiges de leur toute neuve sensualité. C'est en ressuscitant l'ingénuité de la découverte, et sans doute aussi en idéalisant un souvenir poli par trois décennies de nostalgie, que l'écrivain revit dans ces pages ses tendres ébats avec celle que la tragédie devait figer à jamais dans une mythique perfection.


Cet amour paraît d'autant plus lumineux et déchirant, qu'il est impuissant à conjurer ce qui n'apparaît qu'en sombre filigrane du récit, dans un contraste cruellement impitoyable. Avant d'être définitivement arraché, le fragile voilage que l'amour du jeune couple interpose entre son intimité et la terrible réalité du monde laisse malgré tout discrètement entrevoir l'approche inéluctable de ce que tous refusent encore d'appréhender. Et si seules de brèves mentions en parsèment le texte, c'est bien le sort monstrueux de la ville de Thessalonique, alors majoritairement juive, qui vient gonfler l'inguérissable chagrin du narrateur et hanter son récit. Sur les dizaines de milliers de Juifs de la ville, seulement deux pour cent échappèrent à la mort...


Ce très court livre, qui n'évoque que la lumière pour mieux dénoncer l'indicible, est bouleversant. Quel plus beau et plus puissant contre-pied à l'abjection et à la haine qu'un indestructible amour ?

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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« Gioconda doit rester vivante aussi longtemps que je vivrai… "

Un ouvrage court et dense. L'auteur rend hommage à son premier amour Gioconda, le plus beau, le premier – (ces souvenirs le hantent). Il rend hommage aussi à tous les siens disparus dans l'horreur de cette guerre.
Il raconte son histoire , comme une monographie, ses rêves et sa réalité.
Récit d'une grande émotion. Il nous rappelle l'horreur et la cruauté tragique, la déportation des Juifs de Thessalonique, un peuple exterminé et une ville en partie disparue.
Un récit bouleversant où l'on ressent la puissance des sentiments et du chagrin.
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Début des années 1940. Nikos et Gioconda vivent dans deux maisons voisines à Thessalonique. Ils sont amis d'enfance. Ils sont amoureux, mais ne le savent pas encore.
Il faudra une colère de Nikos, parce qu'il trouve que Gioconda s'intéresse trop à son cousin Rudi, pour qu'ils basculent de l'enfance dans l'adolescence. Ils s'embrassent, se caressent, découvrent l'amour charnel, et vivent un an d'enchantement.
Mais la famille de Gioconda est de confession juive, et dans une Grèce occupée par les nazis, cela ne présage rien de bon...

Magnifique et poignant récit que celui-ci ! Sans doute un peu enjolivé par le temps qui a passé, puisqu'il est rédigé en 1975, plus de trente ans après les faits. de ses années partagées avec Gioconda, Nikos n'a conservé que le souvenir du meilleur, à l'exception du dénouement.

On vit avec ces gamins, qui passent de la candeur de l'enfance à l'amour d'adolescents, qui expérimentent les plaisirs amoureux, avant d'être détruits par la violence de la guerre. On les suit avec l'oeil complice des familles, qui ne savent pas mais qui laissent faire, car elles savent que la chute pourra être brutale...
Que dire de l'écriture, à la fois simple et lumineuse (bravo au traducteur) ?. Rien ! Il faut se laisser porter par la lecture. Tout est en nuance mais sans tabou. L'auteur ne cache rien de ses émois, de sa découverte du sexe. Mais c'est dit tellement simplement que cela ne peut pas être obscène. Un peu comme un jeu d'adultes joué par des enfants.
À lire aussi comme un témoignage de ce que les violences de la guerre peuvent faire aux innocents.
Bouleversant !
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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Il est jeune, c'est encore un adolescent.
Il habite dans un joli quartier de Thessalonique.
Il aime à la folie Gioconda.

Elle est un peu plus jeune que lui.
Elle est belle.
Elle habite à côté de chez lui, de l'autre côté du terrain vague où ils se réunissent avec leurs amis.

Cela a été la plus belle période de leur vie.
Ils se connaissent depuis l'enfance, et l'amour était déjà là, tapi dans l'ombre, prêt à exploser.
Le seul amour qui transporte, qui unit, qui transcende tout.

Une petite ombre au tableau : nous sommes sous l'Occupation allemande.
Et elle est juive...
Une petite précision : c'est une histoire vraie.

Nikos Kokantzis raconte sa propre histoire, dont il ne se remettra jamais totalement. Il s'en est délivré dans ce tout petit livre plein de sensibilité et de poésie. C'est une ode à l'amour, au vrai, où les corps et les coeurs s'allient dans la tendresse et la passion. Des regards plus appuyés au premier baiser, des caresses furtives à l'union totale, ce livre nous révèle le début d'un grand amour qui perdurera à travers les années, malgré les camps, malgré les douches, malgré les fours, malgré la mort.
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Nikos Kokantzis, devenu adulte, raconte sa toute première histoire d'amour, avec Gioconda, sa jeune voisine. « Ceci est une histoire vraie », le livre commence avec cette remarque importante. On y découvre ce que c'est de tomber amoureux. le narrateur est grec, vit à Thessalonique à côté d'une famille haute en couleurs dont une jeune fille qui est sa meilleure amie depuis l'enfance, c'est elle Gioconda. Un jour il a 13 ans, elle 12 et ils s'embrassent, c'est la première fois… L'écriture est imprégnée du regard candide et amoureux que l'adolescent porte sur sa jeune voisine et témoigne du passage de la vie d'enfant aux prémices des premières amours adolescentes, la violence des sentiments, la découverte progressive de la sexualité entre innocence et érotisme assumé, puis le basculement vers l'âge adulte, précipité par la guerre puis leur séparation inéluctable par la déportation à Auschwitz de la jeune fille juive, en 1943.

L'issue de leur histoire est connue dès le début du livre et le lecteur sait que le narrateur ne reverra jamais Gioconda après la guerre. La force de la narration vient à la fois de sa grande simplicité et de l'intensité de la relation décrite finement. L'écriture est imprégnée du regard candide et amoureux que l'adolescent porte sur sa jeune voisine.

Plus de trente après les faits décrits, Nikos Kokantzis a éprouvé le désir d'écrire leur courte histoire afin qu'il reste une trace de cette jeune fille disparue beaucoup trop tôt. Tout au long du récit on ressent la nostalgie de l'auteur, et le fait qu'il n'ait écrit que ce livre rend cette histoire encore plus touchante. Un très beau livre !
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Livre unique pour un amour unique inoubliable. Nikos Kokantzis né à Thessalonique en 1930 s'éveille à l'amour en compagnie d'une de ses compagnes de jeux, durant la guerre en 1943. La découverte de l'amour avec cette jeune voisine l'éblouit mais ce souvenir restera d'autant plus fort que Gioconda est juive et sera déportée à Auschwitz d'où elle ne reviendra pas. le savoir dès le début n'enlève rien à la lecture de ce beau et émouvant petit livre, hymne à Gioconda et hymne à la vie vécue avec d'autant plus d'intensité que les menaces environnantes en font goûter toute la fragilité et la beauté. Ce texte se lit comme un conte car on a l'impression que cet amour lumineux les enveloppe et les protège si bien qu'ils seront épargnés. C'est sans doute dû au désir de l'auteur qui réussit à lui donner un parfum d'éternité. Elle est devenue pour lui 30 ans après comme un rêve qu'il ramène à la réalité en écrivant.
«Et nous, qui ressentions l'horreur, l'exaltation de cette chose énorme qu'est la guerre, tous deux ensemble, nous vivions ces journées avec une intensité particulière, liée à notre amour, à notre découverte de la vie et de nous-mêmes. Nous sortions de chez nous le soir en cachette après l'heure du couvre-feu (certains pour l'avoir fait, s'étaient vus tirer dessus par les patrouilles allemandes), et nous nous retrouvions dans le terrain vague entre nos deux maisons, cachés par les hautes herbes et les buissons. (...) ce que nous faisions nous semblait passionnant, magique. Il n'y avait là rien d'excessif : l'heure la plus calme, pendant toute cette guerre, fut plus forte et bouleversante que le moment le plus intense en période de paix. »
«Quelque part en Allemagne de l'Est, des parcelles de ce qu'elle fut subsistent peut-être dans l'écorce d'un arbre, dans une motte de terre. (...) Les vents qui ont soufflé toutes ces années l'ont peut-être ramenée en Grèce et je l'ai respirée, qui sait, sans le savoir, en une union amoureuse. Les grands yeux gris, les lèvres douces, la peau si lisse, la voix rauque... le rire, le chagrin, l'amour, tout ce qu'Elle était.»
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C'est sur les conseils d'une libraire que j'ai découvert Gioconda et son amoureux Nikos. Sans elle, jamais je ne me serais arrêtée sur ce livre si petit d'un auteur et d'un éditeur inconnus, au titre improbable et à la drôle de couverture bleue. Mais elle m'a dit que c'était un des plus beaux livres qu'elle avait lus, et je l'ai suivie.

Je ne sais pas si j'irais aussi loin qu'elle dans l'éloge, mais c'est sans contexte une magnifique et poignante histoire d'amour, et probablement les scènes d'amour les plus belles, les plus innocentes et les plus sensuelles que j'aie jamais lues. Il ne s'agit pas d'un roman, mais du récit par Nikos (Kokàntzis, l'auteur) de son histoire lumineuse et passionnée avec Gioconda.

C'est un destin à la Roméo et Juliette qu'ils vont connaître. Non pas que leurs familles, voisines et amies, s'opposent à leur relation. Mais on est en Grèce pendant la Seconde Guerre Mondiale, et Gioconda est juive... Pour oublier, pour conjurer, les deux adolescents s'aiment aussi fort et aussi souvent qu'ils le peuvent. de tout leur coeur, de toute leur âme, mais aussi de tout leur corps qui découvre le désir et le plaisir.

Challenge Petits plaisirs 20/xx
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1975 Thessalonique
l'auteur de ce livre réalise que le jour où il mourra, Gioconda mourra une seconde fois. Il décide alors de raconter sa rencontre, son amour, et la mort de la jeune fille.
.
1944 Thessalonique
Nikos et Gioconda s'aiment, se découvrent, découvrent l'amour. Ils ont 16 17 ans. Il est résistant, elle est Juive. Ils s'aiment, apprivoisent leurs sentiments, leurs corps.... En parallèle on découvre la vie de leurs familles.
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2021 à plusieurs milliers de kilomètres de Thessalonique, je découvre les commentaires de Nanou3250 et de Lucilou qui me donnent envie de découvrir cette histoire.
L'auteur est désormais décédé. J'aimerais pouvoir lui dire que je me rappellerai Gioconda, jeune Grecque aux yeux gris-bleu, pleine de vie et d'amour, tuée à Auschwitz.
En dehors des chiffres horrifiques, ce camp est aussi l'accumulation d'histoires personnelles dont ici nous avons un témoignage, poignant et doux à la fois. Ce court récit entrecroise amour et oppression, on sent la fin inéluctable....
Un beau texte à découvrir.
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Quelle excellente idée que d'avoir hier soir ouvert ce petit livre magnifique, que j'ai lu d'une traite !
Quel sublime et poignant hommage que celui d'un homme qui, à quarante-cinq ans, réalise que sa propre mort signifierait la disparition définitive, l'oubli absurde et injuste de celle qui fut et resta le grand, l'irremplaçable amour de sa vie, et qui, ce faisant, décide de prendre la plume pour ériger à celle qui jamais ne cessa d'habiter son coeur, un mausolée dont la flamme de la passion qu'il lui voua jamais ne s'éteindra.
Nikos Kokantzis débute son récit par ces mots en lettres capitales : " CECI EST UNE HISTOIRE VRAIE."
Le ton est donné.
Nikos est né en 1927 à Thessalonique, ville portuaire De Grèce où il vit avec sa famille, non loin d'une autre famille à laquelle appartient Gioconda, d'un an sa cadette.
Dès qu'ils sauront marcher, ces deux-là, inexplicablement deviendront inséparables.
Arrivés aux portes de l'adolescence, leur attraction enfantine se transformera en un Amour absolu. Un Amour qui leur permettra de vivre pleinement leur passion en dépit de la guerre et de l'occupation nazie. Car durant la Seconde Guerre mondiale, c'est à Thessalonique que les Allemands ont installé leur quartier général...
Nous sommes en 1943 et Gioconda est juive.
Leur amour va engager une course contre la montre pour ralentir l'inexorable marche infernale de la machine à broyer nazie.
Nikos va entrer dans la résistance et y accomplir de "petites tâches", et l'un et l'autre ne consentiront jamais à respecter le couvre-feu imposé par l'occupant ; été comme hiver, leur seule obsession sera d'être toujours ensemble... jusqu'au jour où les affidés de la bête immonde emporteront vers les camps de la mort Gioconda et les siens... qui périront tous à Auschwitz.
Ce livre mausolée est avant tout un hymne vibrant à la vie, à l'amour et à la liberté.
Il est empli de couleurs, d'odeurs et est extrêmement sensuel.
C'est un livre témoignage sur une douloureuse époque et sur la barbarie qui l'a traversée.
C'est enfin un livre hommage à la tolérance et à tous ceux qui sont morts parce que "des loups avaient forcé la porte de leurs maisons et que ces prédateurs en avaient décidé autrement."
La plume de Nikos Kokantzis s'élève au-dessus de la pesanteur des mots, les fait "s'envoler aux sources de l'altitude", sublime cette sublime histoire d'amour... qui, lorsque vous l'aurez lue, laissera au coeur de votre âme "comme un p'tit coqu'licot..."
"Ce que très peu de gens trouvent dans leur existence, alors que tous le recherchent obstinément, m'avait été donné par faveur spéciale, dès le début de ma vie. Depuis je n'ai pas cessé, je crois, de vouloir la retrouver dans chacune des femmes que j'ai approchées. Voilà ce qui explique sans doute cette recherche sans fin, ces innombrables visages nouveaux, cette solitude."
PS : pour mémoire...
"En 1492, à la suite de l'expulsion des Juifs d'Espagne, Salonique, qui n'avait jusqu'alors abrité qu'une petite communauté juive, devient le centre mondial du judaïsme séfarade au point d'être surnommée la « Jérusalem des Balkans » et la « madre de Israël.
Lors de l'occupation de la Grèce durant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs de Salonique sont alors la principale communauté séfarade touchée par la Shoah et on estime que 98 % de la communauté a été exterminée."

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