Nous allons vivre. Vivre. Avec une seule jambe, un bras unique, une poitrine
défoncée, un estomac transpercé, un poumon déchiré, mais nous allons vivre.
L’âme de la Russie n’est pas au Kremlin, mais en Sibérie.
Que deviendra maman ? Personne ne pense à elle… dans les guerres, personne ne pense aux mères… Elles ont juste le droit de mettre au monde des fils… elles ont le droit de les pouponner, de leur apprendre à marcher, à manger, à parler,à prier… et quand ils ont des culottes longues, on les fourre dans un uniforme mal taillé et on leur dit : Bon ! Vous voilà Allemands ! Vous avez une tradition… vous marchez et vous crevez !
Un mariage sans mariée et sans nuit de noces, comme cela, juste sur le papier… cela lui semblait inconcevable.
Nous ne vivons quand même pas dans la lune, mon cher. Apparemment,
les troupes du front s’imaginent que l’arrière se contente de bouffer, de boire
et de forniquer. Nous aussi nous travaillons. Nous nous cassons les méninges
pour le bien-être du troufion, bref, nous participons à l’effort commun vers la
victoire finale…
La stupidité des uns fait le bonheur des autres !
Regardez-moi donc ces Russes ! Ils diffèrent autant des Allemands qu’un moineau d’un aigle…
Quand les vieux parlent, c’est comme si un mouton bêlait.