Je remercie Rakuten qui pour "Les matchs de la rentrée littéraire", m'a permis de découvrir cette fresque familiale foisonnante au coeur de la Malaisie. C'est le second roman que je lis qui se déroule là-bas, le premier étant l'étonnant roman "Amok" de
Stefen Zweig.
Lubok Sayong est un petit village voué aux inondations. Situé non loin de KL, Kuala Lumpur pour les novices, dans une vallée encaissée, il est entouré par deux rivières impétueuses et trois lacs. Rien que ça. Donc l'eau, les autres habitants, ainsi que Mami Beevi y sont habitués. La vie de cette vieille malaise va prendre un un sacré tournant lorsqu'elle va être obligée, par la force des choses et surtout la mort de sa demi-soeur, de s'occuper de Mary-Ann. L'enfant, une orpheline, est la seule rescapée de l'accident de voiture qui ramenait la nouvelle famille chez elle. Contrainte d'aller habiter dans la grande maison de son père, Beevi, malgré sa tête de mule, va prendre en charge l'enfant, épaulée en cela par son vieil ami chinois, Auyong, le directeur de la conserverie de litchis.
La plume de
Shih-Li Kow est fluide et alterne, dans ce récit dense et foisonnant d'anecdotes, entre les extraits de vie de Mary-Ann et Auyong, qui sont des personnages que beaucoup de choses opposent: âge, condition, expérience de la vie... Choix étonnant de la part de l'auteure, le point de vue de Mami Beevi n'est jamais mis en avant, malgré sa place plus qu'importante dans l'histoire. La vieille femme est d'ailleurs une conteuse incroyable, qui commence toujours ses anecdotes par ""C'était un homme inconcevable", ou une femme, un animal, une année, un vent. Il fallait que ce soit inconcevable pour qu'elle se lance, et si ça ne l'était pas, cela le devenait."
A travers la vie de ce petit village, pas si perdu que ça finalement,
Shih-Li Kow, va montrer au lecteur une Malaisie où les générations cohabitent même si leur vision son différentes, où des poissons deviennent des monstres, où les hommes peuvent avoir plusieurs femmes, où les hommes sont des loups lorsqu'ils ne comprennent pas l'autre, où l'espoir et l'amour fait vivre, où le courage peut se cacher partout, où les fantômes sont respectés, où l'eau est partout.
Le lecteur se laisse entraîné par toutes ces anecdotes qui mises bout à bout, montre un petit village où il fait finalement bon vivre, même si la folie d' l'Amok guette chacun d'entre nous. Au coeur de toutes ces différences ethniques et religieuses, la cohabitation peut se révéler parfois délicate, et l'ensemble forme une cohorte de personnages attachants, avec pour certains comme Miss Boonsidik, des causes fortes et universelles. (...)
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