Dans un décor pitorresque et assez minable, (un bar aux allure de hangar, incandescent, sous un plafond de néons), au beau milieu d'une nuit de mois de mars, vers la fin du XXième siècle, Korim, un homme qui semble avoir erré depuis des jours, professe a un autre homme accoudé au comptoir une vision du monde a venir. D'aprés Korim, d'autres ont gagné. Ces autres, ils méprisent et veulent faire disparaitre la noblesse, la grandeur et l'excellence. Et alors dans le monde a venir il n'y aura plus ni bien ni mal.
Ce long discour dont je tairais le dénouement et les évènements qui le ponctuent, s'articule sur la Dualité. La dualité du bien et du mal, la dualité de l'ombre-poésie et la raison-lumière et par la même, la dualité esprit/matière. les aiatolas de la raison pur ou du matérialisme intégral, du "(ce qui est) est ce qui est vrai" ont détruit la dualité inhérente à l'ordre du monde mis en place dans les temps anciens. Et pour ce faire, ils n'ont pas décrété ce qui est bien ou mal, mais ils ont assimiler le bien au mal, et alors il n'y aura plus ni bien ni mal. Ils ont asssimilé la matière à l'esprit, et alors on ne distingue plus la poésie de la raison, et alors, on ne distingue plus l'ombre de la lumière.
Le récit poétique et métaphysique de Kraznahorkai, présenté par lui même comme une préface à
Guerre et Guerre qui sortira en Octobre 2013 est d'un pessimisme déconcertant. le discours prophétique de Korim aussi instructeur que décourageant est professé parmis le sordide et le minable et lui confère alors un grand desespoir.
Merci à
Joëlle Dufeuilly la traductrice qui nous rend accessible cette littérature d'une façon qui, bien que je ne sois pas conscient des enjeux de la traduction (qui plus est du hongrois), m'emporte totalement.