Séduite

Elle ne maîtrisait toujours pas l’art de s’éventer avec coquetterie. En revanche, personne ne pourrait lui faire de reproches sur sa tenue, une magnifique robe de mousseline turquoise agrémentée de dentelles et de rubans blancs. Felicity s’était chargée de la lui choisir.

Ah, les premiers temps bénis du mariage, quand votre épouse ne voit que vos qualités ! Je n’ose imaginer ce que tu penseras de moi dans un an, Harriet.

Sa féminité résista un court instant à cette intrusion, avant de se refermer sur son membre.

Posséder Harriet à cet instant fut l’une des plus belles expériences que Gideon eût jamais connues. Car si la jeune femme était aussi prête à le recevoir que lors de leur nuit dans la grotte, il savait que, cette fois, il ne risquait pas de lui causer le moindre inconfort.

Que nous fassions l’amour aujourd’hui ou demain, cela ne change rien. De toute façon, c’est inévitable. Tu n’as pas besoin de me prouver l’honorabilité de tes intentions.

Il y a six ans de cela, j’ai oublié tout ce que je savais de l’amour. Cette partie de moi-même n’existe plus. Mais je te promets solennellement d’être un bon mari. Je veillerai sur toi et je te protégerai en toutes circonstances. Je te serai fidèle. Et tu ne manqueras de rien.

Je n’ai jamais pensé que tu étais incapable de te contrôler. Au contraire. Je n’ai jamais rencontré d’homme plus maître de soi que toi. Parfois, j’avoue même que cela m’inquiète. Si tu veux tout savoir, c’est la seule chose chez toi qui me dérange vraiment.

Si tu veux que nous ayons une chance de connaître un mariage à peu près serein, il va falloir que tu apprennes à être moins tyrannique et moins sarcastique. Je ne supporterai pas que tu dénigres ou que tu insultes quiconque s’approche de moi. Je ne m’étonne plus, aujourd’hui, que tu aies si peu d’amis.

Gideon souhaitait de toute évidence tirer profit d’un mariage qu’il n’avait pas souhaité. C’était là une réaction plutôt naturelle, de la part de quelqu’un qui ne se mariait pas par amour. Du reste, il n’avait pas non plus exigé d’Harriet qu’elle soit amoureuse de lui. Tout au plus avait-il cherché à savoir, la veille, si elle éprouvait quelque affection pour lui.

Harriet avait conscience que sa foi inébranlable dans l’honneur de Gideon avait plus d’importance pour lui que n’importe quelle déclaration d’amour. Il avait trop longtemps vécu avec la marque du déshonneur imprimée sur son front.

Harriet regarda Felicity s’asseoir à la table et commencer à manger avec un bel appétit. Depuis leur arrivée à Londres, toutes ces nuits passées à danser avaient donné à sa sœur un intérêt appuyé pour le petit déjeuner.

Le sentir en elle lui avait donné le sentiment inédit d’être enfin complète. Pendant ces quelques minutes, ils avaient été liés l’un à l’autre d’une façon qu’elle aurait pensée impossible entre deux êtres humains. Mais leur intimité n’avait pas seulement été physique. Harriet avait eu l’impression de toucher l’âme de Gideon. En tout cas, il avait atteint la sienne.

Il avait parfaitement conscience que, sans cela, la vie de la jeune femme deviendrait un véritable enfer, ici même, à Upper Biddleton. Aussi, même si, de toute évidence, Harriet ne paraissait pas se réjouir à l’idée de l’épouser, elle n’aurait pas le choix.