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Citations sur Les lance-flammes (7)

La vitesse est un passage entre la vie et la mort et, au bout, on espère ressortir du côté de la vie.
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Il y avait deux choses que j'aimais : dessiner et la vitesse, et en skiant, je combinais les deux. C'était dessiner avec la victoire pour objectif.
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Je pensais que c'était comme ça que les artistes partaient pour New York, seuls, que la ville était une Mecque d'individualités, de désirs qui convergeaient tous en un grand réseau de lumières qui pulsent où on trouvait simplement son rythme, sa place.
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Ronnie disait que certaines femmes, ce qu’il y avait d’excessif à leur maquillage, à leurs vêtements moulants, gagnaient à être vues par la fenêtre d’une voiture qui fonçait dans les rues. Mais peut-être qu’en fait, les femmes étaient faites pour passer à toute allure, pour n’être qu’un mouvement flou derrière une vitre. Comme les Lilis. Un flash, puis plus rien. Ce n’était qu’une moto mais ça ressemblait à une manière d’être.
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On lançait la grenade, elle explosait là où elle avait atterri alors que l’on était déjà loin. On ne la lançait pas en courant désespérément pour se mettre à l’abri, mais en roulant virement, droit devant, main sur l’accélérateur de sa moto Pope dorée – vroum et boum. Boum.
De tout le bataillon d’assaut, les opérateurs de lance-flammes avec leur double réservoir et leur masque à gaz étaient les figurines préférées de Sandro. Les pulls en amiante, les pantalons bouffants et les gants à manchette dont on pouvait les revêtir pour qu’ils ne soient pas carbonisés en mettant le feu à une forêt. Une forêt, un bunker ou un nid de mitrailleuses ennemies, cela dépendait. Les camions d’une voie de ravitaillement ou un tas de corps empilés, cela dépendait.
Les lance-flammes donnaient l’impression d’être d’un autre siècle, à la fois brutaux, antiques et horriblement modernes. L’huile inflammable contenue dans les réservoirs que transportaient les opérateurs était composée de cinq mesures d’huile légère de houille et d’une mesure de pétrole, et les opérateurs disposaient d’un petit bidon de dioxyde de carbone, d’un allumeur automatique et d’allumeurs de rechange dans une giberne accrochée à la ceinture. Le lance-flammes ne servait absolument jamais d’arme défensive. C’était une arme offensive pure, pour se rendre maître des lignes ennemies. L’opérateur s’engouffrait, créature imposante avec ses gros réservoirs sur le dos et à la main, un tuyau géant relié aux réservoirs. C’était un messager de mort. Il ressemblait à la Faucheuse, avec sa capuche en amiante au large col, et pulvérisait du feu liquide à une distance incroyable – cinquante mètres - dans les casemates et les tranchées de l’ennemi qui n’avait aucune chance de s’en sortir.
A en croire son père pourtant, les opérateurs de lance-flammes était une bande de nuls. Leurs lourds et encombrants réservoirs faisaient d’eux des cibles faciles et lentes, et on ne faisait pas de quartier s’ils étaient capturés. On n’aspire pas à ce genre de choses, disait son père, ce qui n’avait pas empêché Sandro de continuer à préférer les opérateurs de lance-flammes, à leur réserver une fascination particulière, avec leurs sinistres costumes d’amiante à capuche et leur long tuyau malfaisant qu’ils pointaient sur les ennemis qui leur faisaient obstacle. Mais Sandro ignorait si son intérêt était une forme de déférence ou de pitié.
Roberto qui criait: « Kaiserschlacht ! » en versant de l’essence sur ses figurines en papier.
Sandro, huit ans, le visage humide de larmes qui répondait : « pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi Kaiserschlacht ?»
Parce que, avait dit Roberto, la moitié d’entre sont morts dans l’offensive et les autres ont dû être exécutés pour pillage. Tu ne sais donc pas ce qui s’est passé ? C’est la retraite de l’Isonzo au Piave, après une attaque aux gaz toxiques par les sections d’assaut allemandes. Si tu veux jouer aux Arditi, il faut le faire correctement, en respectant le déroulement réel des batailles.
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C’était toujours les fils à papa qui ne demandaient qu’à abuser de leur pouvoir.
« Non merci, ai-je répondu. Où est votre père ?
– En maison de repos. » Il m’a tourné le dos pour s’éloigner.
« OK, à prendre ou à laisser, juste un verre. »
J’ai refusé et suis sortie. Devant la réception, un autre type m’a accostée.
« Hé. C’est un abruti. Il raconte que des conneries. »
Il s’appelait Stretch. Il était chargé de l’entretien et vivait dans l’une des chambres. Il était aussi bronzé qu’un ouvrier du bâtiment l’été mais, vu sa dégaine, il ne donnait pas l’impression d’avoir un emploi. Il portait un jean et une chemise en denim du même bleu délavé, et avec sa banane et ses cheveux gominés, on se serait cru en 1956 et pas en 1976. Il me faisait penser au jeune paumé dans le film Model Shop de Jacques Demy qui tue le temps avant d’être appelé sous les drapeaux, qui traîne, suit une beauté en décapotable blanche dans les rues et sur les hauteurs d’Hollywood.
« Écoute, faut que je passe la nuit dehors à surveiller la voiture de course de l’autre abruti, m’a expliqué Stretch. Je ne dormirai pas dans ma chambre. Et toi, tu as besoin d’un lit. Pourquoi tu n’y dormirais pas ? Je te promets de ne pas te déranger. Il y a la télé. De la bière dans le frigo. C’est rudimentaire mais c’est mieux que de devoir partager un lit avec lui. Je frapperai à la porte demain matin pour venir prendre ma douche, mais c’est tout, je te jure. Je déteste quand il essaie d’abuser des gens. Ça me dégoûte. »
Il faisait preuve d’une charité authentique, le genre qu’on ne remet pas en doute. J’avais confiance en ça. En partie parce qu’il me rappelait ce personnage de Jacques Demy. J’avais vu Model shop avec Sandro, juste après notre rencontre, un an plus tôt. La dernière réplique était devenue une blague entre nous. « Peut-être demain. Peut-être jamais. Peut-être. » Ça commence par les mouvements saccadés de derricks devant la fenêtre du nid d’amour d’un jeune couple à Venice Beach, le paumé et une petite amie dont il se fiche. C’était la scène préférée de Sandro et la raison pour laquelle il adorait le film, les puits de pétrole juste devant la fenêtre, qui montaient et descendaient, encore et encore, pendant que le garçon et la fille se prélassaient au lit, se disputaient, faisaient leur train-train dans leur bungalow décrépit, à l’ombre des bâtiments industriels. Après l’avoir vu, nous employions souvent le mot « bungalow » tous les deux.
« Tu viens dans mon « bungalow » ce soir ? me demandait Sandro même si en réalité il vivait dans un immeuble en verre et fer forgé où chaque étage faisait plus de 370 mètres carrés.
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« Comme tu as l’air gai ! » s’est écriée Giddle quand elle a eu terminé de me maquiller et mis les dernières retouches à ma coiffure.
L’adjectif « gai» convoquait soudain les imperméables aux couleurs vives et petites robes assorties, les chansons tristes et la voix délicate de Catherine Deneuve dans Les parapluies de Cherbourg.
« Je suis gaie ! ai-je répondu. Oh, comme je suis gaie ! »
Sur ce, j’ai traversé mon minuscule appartement telle une jeune fille courant rejoindre son amant dans un film français et j’ai accidentellement cassé une tasse. Je me suis arrêtée pour regarder dans le miroir mon allure toute neuve de fille gaie. Giddle s’est précipitée pour dessiner une mouche près de ma bouche, ajouter du gloss sur mes lèvres d’un coup de pinceau et me poudrer le visage avec une houppette de la taille d’un caniche.
« De la poudre de riz, juste un voile », a-t-elle dit.
La poudre donnait à ma peau une espèce d’iridescence et mes lèvres paraissaient plus rouges.
Nous me regardions dans le miroir. Quelque chose avait changé dans mon visage ou dans ce que j’y voyais. Ce n’est pas vraiment que j’étais plus jolie. C’était juste que tout le cirque consistant à me préparer à être regardée par la personne qui avait fait passer cette annonce m’avait exposée à quelque chose. En moi. Je me regardais comme avec les yeux d’un autre, ce qui me donnait un sentiment d’apesanteur, j’avais l’impression d’être regonflée, de retrouver ma vitalité. J’avais envie d’être regardée. Je ne l’avais pas réalisé jusqu’alors. J’avais envie d’être regardée. Par les hommes. Par des inconnus.
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