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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Difficile de poser un avis sur cette oeuvre extraordinaire. Derrière ce grand récit presque féérique du moyen-âge carolingien se cache une finesse psychologique un peu ironique et une modernité impressionnante. le Roland Furieux est moderne a plus d'un titre, moderne devant sa liberté prise devant la religion catholique qui semble se transformer en une immense mythologie où, comme les Dieux de l'Olympe grecs d'antan, elle agit sur la fortune et l'infortune des héros de cette histoire, qui eux-mêmes ne respectent que rarement les dogmes chrétiens.

Moderne aussi par sa position novatrice envers les femmes de cette époque. On est loin du récit de chevalerie où une jeune femme est enfermée dans un château et attends qu'un gentil chevalier vienne la sauver. Ici, c'est souvent le contraire ! La stupéfiante Bradamante, qui sauve sans cesse son Roger des griffes des magiciennes et de mortels ennemis. Sans oublier Marphise, cette guerrière sarazzine qui n'hésite pas à se battre contre des hommes paladins. Et la vertueuse Isabelle, qui réussit à conserver sa chasteté par un moyen terrible mais redoutable : la mort.

Et puis, il y a aussi Angélique. Mais elle, je pourrai en écrire tout un roman, tant ce personnage est devenu un symbole dans toute la culture occidentale. le Roland Furieux parle aussi, justement, de ce Roland, qui aime Angélique, mais qui découvrant que celle-ci s'est donnée à un autre que lui, Médor, devient fou et abandonne tout ses devoirs de chevalier. Cette folie, c'est l'incarnation même de la désillusion. Roland croyait être aimé d'une femme qu'il n'a que rarement vue. Rêveur, il retrouve la réalité et après s'être senti aimé, décide de se faire détester, haïr jusqu'au plus profond de lui-même. Il ne parle plus, il hurle comme un animal. Il détruit le lieu où Angélique et Médor se sont aimés. On peut se demander d'ailleurs si cette sorte d'Eden en proie à la destruction n'est pas un reflet de la chute d'Adam et Eve, et qu'au fond, ce Roland furieux n'est ni plus ni moins un Dieu vengeur mais incapable d'assumer la chose la plus naturelle : l'attraction charnelle, réprouvée par l'Eglise de son temps. Mais ce serait peut être allé un peu loin dans cette analyse !

Le mouvement aussi est très important dans cette oeuvre. On voyage sans cesse, on ne s'arrête que très peu. Les récits s'enchainent rapidement. On passe d'un héro à un autre en quelques lignes. La liberté est partout. C'est d'ailleurs ce qui commence à naitre dans cette Renaissance, le désir de liberté. On (re)découvre un nouveau continent, la science se détache du carcan théologique, la Réforme va bientôt détruire l'unité catholique, bref, la folie de la nouveauté est en train de se répandre en Europe. L'Arioste (mais aussi Don Quichotte puis Le Tasse avec sa Jérusalem Délivrée) a compris ce changement et son chef d'oeuvre n'en est que le reflet. Bref, c'est un monument et je désespère de ne pas avoir appris l'italien pour mieux goûter cette prose !
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J'ai étudié cette oeuvre conséquente en fac ( et même traduit des passages pendant mes cours de littérature ancienne) pour réaliser que ce livre est vraiment complet dans tous les sens du terme. Ecrit par L Arioste, le Roland Furieux relate un entrelacement d'aventures épiques avec pour arrière-plan la lutte entre Charlemagne et l'ennemi Sarrasin. Plusieurs récits s'intercalent et l'on assiste principalement à la folie de Roland engendrée par une princesse païenne en fuite, Angélique que l'on retrouve dans les bras d'un guerrier ennemi blessé. On retrouve d'autres épisodes significatifs comme Astolphe, un ami de Roland qui va sur la lune récupérer sa raison ( autrement dit, Roland ne la retrouvera jamais...) avant de plonger dans d'autres histoires comme celles de Renaud, ou encore l'intrigue amoureuse entre Roger et la guerrière Bradamante, un de mes épisodes favoris d'ailleurs ;) le Roland Furieux fait écho à la période de la Renaissance et reste nostalgique de la chevalerie!
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A l'heure où les débats sur les héros dans la littérature sont très présents, il est bon de faire un retour vers l'épopée médiévale.
Qu'a-t-on ici ?
Nous n'avons pas un grand héros mais plusieurs guerriers intrépides avec leurs forces et leurs faiblesses, qu'elles soient physiques ou mentales. Souvent d'ailleurs, certains des plus grands héros de cette histoire deviennent fous en ne pouvant contenter leur amour chevaleresque pour la femme promise.
Et quand je parle de héros, je pense aussi aux héroïnes. Loin des clichés sur pattes que l'on voit actuellement, nous avons ici des femmes de divers caractères, certaines montrant de la dévotion, d'autres de l'amour, certaines du courage dans la bataille, et quelques cas uniques rassemblent toutes ces exigences.
Ce poème en vers dans la version originale, en prose en version française est un manifeste de l'épopée, tout comme le sont les Romans de Chrétien de Troyes. le fil conducteur reste la guerre entre la France gouverner par Charlemagne (Bien qu'il est souvent noté Charles, je me pose donc la question de la véracité du nom de Charlemagne, ou alors de son grand-père Charles Martel) contre les musulmans du Nord de l'Afrique et d'Espagne. A cela s'ajoute des batailles entre les deux clans, mais aussi l'esprit chevaleresque qui se fait affronter plusieurs chevaliers d'un même camp. Il y a aussi des batailles pour des femmes, des chevaux ou des pièces d'armures, quand ce ne sont pas les femmes qui prennent elles-mêmes les armes pour ce faire vengeance. Il est donc tout naturel d'aimer chaque héros de cette histoire, que ce soit l'invulnérable Roland, l'indomptable Roger, le noble Renaud, l'effronté Rodomont, la guerrière Marphise ou l'une des instigatrices des plus grands maux : Bradamante.
Ce livre est long, très long, mais l'on ne s'ennuie jamais, par le courage que montrent ces chevaliers, les traîtrises de certains royaumes, les gestes déplacés de certaines personnes (Oui déshabiller toutes les femmes qui passent dans son royaume c'est quand même tordu), mais aussi l'intervention des mages et des fées. Notre cher Merlin fait également sa petite apparition.
Bref j'ai adoré ce livre, je pourrais en parler pendant des heures, mais vous ne liriez jamais cette critique. Sur ce, foncer le télécharger, il est gratuit sur liseuse, ou presque.
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