Si l'acte sexuel est un point, le baiser est une virgule.
... embrasser n'est pas un acte neutre : c'est prendre le risque d'aspirer l'âme de l'autre ou de perdre la sienne.
Il n'est pas de meilleur baromètre du couple que le baiser.
Le baiser est le voleur idéal, qui ne laisse pas de traces derrière lui.
Le baiser transporte, mais jamais très loin de l'ordinaire.
Étrange baiser, dont le nom marque le début d'une histoire et le refus en signifie la fin.
Au lieu d'espérer que les baisers m'emmènent entre deux cuisses, je souhaitais au contraire qu'il ne se passe rien. Je me suis mis, bizarrement, à me réjouir d'un tout autre genre de palots. Non plus les câlins enivrés qui jalonnent le chemin vers la coucherie, mais au contraire, les baisers de surface, si j'ose dire. Des contacts des lèvres aussi superficiels que les relations qui se nouaient au hasard. Il existe, en effet, un geste que seule favorise la métropole, impossible dans un village, et qui a du coup une valeur spécifique : je veux parler des baisers gratuits. De ceux qu'on échange dans la folie du moment, sans penser à l'après. Je ne me serais jamais cru capable de pourchasser ce genre d'accolades en pure perte, et pourtant elles ont fini par me sembler délicieuses
Ne réprimons pas ces mouvements qui nous habitent au nom de la religion, ni d'aucune autre vision du monde erronée, livrons-nous au contraire à ces penchants, suivons la pente de la nature, puisque c'est la seule manière de vivre de plain pied dans le réel - en "philosophe", comme le répète souvent les libertins.
Du coup chacun se voit plus ou moins contraint de naviguer à vue entre les extrèmes : d'un côté le besoin d'un amour exclusif au sein du couple ; de l'autre la recherche de nouveauté sexuelle.
Les philosophes et les psychologues ont dépensé des trésors d'intelligence pour comprendre ce qui se jouait dans le rapport sexuel mais ont eu tendance à négliger le baiser comme un parent pauvre.