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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Difficile de rester indifférente à cette lecture une fois le roman terminé. le livre est poignant et il est dur de ne pas être en colère face à l'injustice subi par ces hommes revenus du front et qu'on parque dans des camps insalubres simplement parce qu'ils sont Noirs. Pour les Blancs, ils incarnent la violence, la saleté et la maladie. Personne ne se donne la peine d'essayer de comprendre ce par quoi ces hommes sont passés. Une lecture bouleversante. En le lisant, j'ai retrouvé les mêmes impressions que lors de ma lecture de la couleur des sentiments de Kathryn Stokett.
Merci à Babélio et aux éditions Belfond pour cet envoi.
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Voici le livre qui pourrait bien vous accompagner sur la plage cet été : un mélange entre roman historique et roman policier où la tension monte au fil des pages jusqu'au dénouement final !

Vanessa Lafaye décrit une époque terrible et célèbre celle de la ségrégation raciale, celle où les Noirs n'étaient pas considérés comme des êtres égaux voire humains, celle du racisme ancré dans l'âme américaine... Il faut bien savoir qu'il y a des zones d'ombre et de honte dans l'histoire de chaque pays, pour les Etats-Unis il y en a principalement deux : d'une part le rejet du peuple "noir" qui est pris en considération de nos jours via la littérature, le cinéma et même la politique et d'autre part le massacre de la population amérindienne qui n'a jamais vraiment été reconnu... L'auteure ici nous raconte donc la première zone d'ombre mais elle va plus loin...

Ce roman est l'histoire du racisme mais aussi celle du plus violent ouragan qui ait frappé la Floride, c'est une catastrophe naturelle malheureusement très régulière aux Etats-Unis et elle est d'autant plus dramatique que la reconstruction derrière n'est jamais vraiment terminée. J'ai trouvé l'écriture de la romancière vraiment puissante dans ses descriptions autant des personnalités que de leur environnement. C'est une thématique pourtant assez classique de nos jours mais elle a réussi à mettre sa propre touche à l'ensemble.

Même si parfois l'histoire emprunte des chemins déjà battus et que l'on peut s'attendre à la suite des péripéties, il n'en reste pas moins que l'on ait touché par le sort des protagonistes, par ces destins brisés sur le flot de l'Histoire et des moeurs sociales. J'aime lorsque les récits personnels se mélangent aux faits historiques, cela donne une belle mise en perspective !

En définitive, j'ai beaucoup aimé cette lecture qui si elle n'est pas forcément très originale elle est très forte en émotion !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Floride - 1935. le premier chapître donne le ton d'emblée en plongeant le lecteur dans un état d'angoisse assez intense - rien à voir avec un thriller - car il se demande si le bébé va être mangé par le crocodile. L'imagination fonctionne pleinement. En tout cas, pour moi, cela a été le cas. J'ai craint que la jeune Missy ne se fasse lyncher car, sans même que cela soit dit dans le texte, j'ai compris qu'elle était noire et s'occupait du bébé d'un couple blanc. Alors, si elle était jugée coupable de la mort du bébé, je ne donnais pas cher de sa peau, à une époque où les lynchages étaient courants dans les états du sud américain. Avez-vous jamais prêté attention aux paroles de "Strange fruit", chanté pour la première fois par Billie Holliday en 1939?
Dès le troisième chapître, le lecteur sait qu'il va se passer quelque chose de violent voire dramatique. La tension monte au fur et à mesure que l'on approche de cette soirée de fête du 4 juillet (la fête nationale américaine), où les vétérans, les blancs, les noirs vont se retrouver sans toutefois se mélanger et où l'alcool va couler et échauffer les esprits sur fond de lois Jim Crow (la ségrégation ne sera abolie qu'en 1964) et de folie liée aux conséquences de la guerre.
L'auteur, Vanessa Lafaye, sait bien tisser étroitement les liens entre les trois thèmes qu'elle aborde dans son roman: le sort des vétérans qui, longtemps après être rentrés de la guerre, n'ont toujours pas d'avenir et se sentent rejetés et abandonnés, les relations interraciales, toujours tendues dans les états du Sud qui atteindront leur paroxysme lors du passage de l'ouragan, et enfin le pouvoir destructeur (métaphore de la folie humaine?) de la Nature avec cet ouragan plus violent qu'aucun autre auparavant.
Vanessa Lafaye maîtrise bien les descriptions de personnages, de lieux, d'atmosphère. Le pouvoir évocateur est très fort: le lecteur vit le passage de l'ouragan avec les personnages, ressent leur souffrance physique et morale. V. Lafaye sait bien construire pas à pas la tension: de la même manière que l'angoisse montait lors de l'épisode du crocodile, elle monte à l'approche de l'ouragan; personne n'est sûr de rien, chacun a ses impressions personnelles, chacun anticipe à sa manière; le lecteur est amené à penser que cette fois-ci, cela va dépasser ce que chacun peut imaginer. L'auteur ne nous épargne pas les détails, mais sans voyeurisme.
Certes, j'ai lu, dévoré, ce livre au moment où la petite ville de Seine et Marne où j'habite était - et est encore - inondée, mais j'ai été particulièrement sensible à la montée progressive de l'angoisse pré-apocalyptique. Un parallèle avec la montée des eaux? Ajoutez à cela la chaleur tropicale et vous aurez une bonne idée de l'atmosphère.
J'ai aimé ce roman, bien traduit,dont je vous recommande la lecture. Je remercie ici Babelio et les éditions Belfond de me l'avoir fait découvrir. Le seul bémol: la fin un peu fleur bleue: tout finit plutôt bien pour les principaux personnages, avec deux ou trois éléments pas très crédibles. Néanmoins, la cérémonie finale de commémoration, bien que très simple, est très émouvante et m'a tiré quelques larmes. Ce livre est très profondément humain. Bravo à l'auteur pour ce premier roman.
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Je suis enthousiasmée par ce premier roman de l'américaine Vanessa Lafaye, 51 ans, qui originaire de Floride s'est intéressée à l'histoire de cet état.
Elle s'est inspirée d'un fait divers réel : l'ouragan le plus violent jamais recensé en Floride (l'ouragan de la fête du travail de 1935). Elle nous décrit celui-ci avec un réalisme terrifiant.
Elle nous fait aussi découvrir l'histoire méconnue de la Bonus Army, ces vétérans de la Première Guerre Mondiale, qui de retour au pays se retrouvent confrontés à une ségrégation raciale exacerbée dans cet état du Sud.Des anciens combattants oubliés qui ne retrouvent pas de place dans cette société américaine qui subit les revers de la Grande Dépression.
Un premier roman remarquable, fort en émotions : une réussite !
Il va sans dire que je vous le conseille vivement !
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Missy Douglas travaille comme bonne chez les Kincaid. Elle s'occupe avec amour de Nathan, leur bébé. Un grand barbecue est prévu sur la plage pour fêter le 4 juillet et le coeur de Missy bat plus fort à l'espoir de revoir Henry Roberts, qu'elle aime en secret depuis son enfance. Henry est parti faire la guerre en France et il n'a plus donné de nouvelles depuis dix-huit ans.
Hélas, cette journée, qui devait être une fête, est marquée par des drames. On retrouve le corps de Hilda, vivante, mais défigurée. le coupable est désigné d'office ! Et pourtant, que représente ce petit orage à côté de la catastrophe planétaire qui les menace ?
Pour écrire son roman, Vanessa Lafaye s'est servie d'éléments qu'elle a puisés dans la vie réelle et mélangés avec des personnages et des lieux sortis tout droit de son imagination. Elle a voulu mettre en scène trois aspects particulièrement dramatiques de la Floride. D'abord, la cruelle ségrégation raciale dont étaient victimes les Noirs dans les années 30. Elle explique, dans une postface, avoir découvert, « dans le "St Petersburg Times", l'horrible histoire du lynchage de Claude Neal en 1934, à Greenwwood, crime pour lequel personne n'a jamais été poursuivi. »
Elle a donc campé, dans son livre, des personnages tels que Ronald LeJeune, qui n'ont aucun souci de vérité ni de justice. Pour eux, dès qu'un événement désagréable se produit, c'est un Noir qui en est responsable. On ne s'embarrasse pas des formes et on va immédiatement chercher à le tuer, qu'il ait ou non quelque chose à voir avec l'affaire.
Un terrible ouragan a bien dévasté la Floride, mais le village de Heron Key, qui est, ici, au centre de la catastrophe, a été créé par l'auteur.
Son attention avait été attirée par les mauvaises conditions dans lesquelles on faisait vivre les vétérans de la Première Guerre mondiale et « comment, lors du passage d'un ouragan majeur, on les avait laissés mourir par un mélange d'apathie et d'incompétence », alors que, à part un article rédigé par Hemingway, qui avait fait partie des gens venus aider au nettoyage, et « une note en bas de page dans les livres d'Histoire », nul ne semble se soucier de ces personnes. Vanessa Lafaye a donc aussi voulu honorer leur mémoire.
L'histoire se déroule en quelques jours à Heron Key, un village de Floride en bord de mer. L'action se situe en 1935 et, dès le départ, le suspense est lancé par un événement hallucinant et terrifiant : l'enlèvement du petit Nathan dans son couffin par un alligator qui veut l'entraîner dans la mangrove pour le noyer et le dévorer.
Par quelques habiles rétrospectives, l'auteur nous donne des détails sur la vie de ses personnages.
Missy Douglas a vécu, dans son enfance, une tragédie vraiment traumatisante. Pour échapper à ses cauchemars, Missy se réfugie dans la lecture de « l'Encyclopaedia Britannica », grâce à laquelle elle va acquérir une solide culture qui lui fait concevoir le rêve d'une école où elle pourrait instruire des enfants noirs.
Henry Roberts est parti faire la guerre en France, en 1917. Il a vécu tellement d'horreurs lors de cette boucherie, qu'il lui faudra dix-huit ans pour revenir à Heron Key, où Missy l'attend. Elle était une petite fille à son départ et il n'avait pas pris conscience de l'attachement qu'elle éprouvait pour lui. Il est entouré d'un groupe de bras cassés, comme lui, dont il se sent responsable, puisqu'il était leur officier, et auxquels il tente de conserver leur fierté de soldats.
Hilda était une fille gâtée de bonne famille. Très jolie, elle avait remporté des concours de beauté. Pourquoi s'était-elle entichée de Nelson Kincaid, un séducteur au petit pied, qui paradait dans sa belle voiture et gagnait sa vie en jouant au gigolo ? Hilda l'avait attiré un moment, mais bien vite, il s'était lassé et avait voulu la quitter. Prête à tout pour le garder, Hilda avait imaginé un piège dans lequel elle l'avait entraîné. A présent, amère, bouffie, enlaidie par les kilos accumulés pendant sa grossesse, Hilda est délaissée par cet époux volage. Les mauvaises langues du club de tennis ne se privent pas de lancer ragots et moqueries. La malheureuse trouve refuge dans l'alcool.
Autour d'eux gravite une foule de personnages, dont certains sont particulièrement insolites : Zeke passe son temps à insulter les vagues, un perroquet sur l'épaule. Selma a hérité des pouvoirs magiques de sa mère, et veut les utiliser pour rapprocher Henry et Missy. Doc Williams était un médecin militaire qui vit seul depuis que sa femme l'a quitté en emmenant leur fille. Noreen, la frêle épouse du shérif adjoint a donné naissance à un bébé métis, mais, en dépit des coups, refuse de révéler le nom du père. Dwayne fait des efforts pour mener à bien son enquête, malgré les contretemps et ne baisse pas les bras, même en plein coeur de l'ouragan.
Jamais l'auteur ne mentionne qui, parmi eux, est noir ou blanc. Au lecteur de se faire son opinion.
Plusieurs événements intenses ponctuent le récit : une bagarre éclate lors du barbecue, Hilda est retrouvée quasi-morte, Henry est arrêté. Tous nous maintiennent en haleine avant que nous ne soyons entraînés, au sens propre, dans le tourbillon du cyclone. L'auteur lui a donné vie avec brio. Ici et là, quelques petites zones de calme nous permettent de souffler avant de nous embarquer de plus belle dans la furie des éléments. On se sent emporté dans la lecture comme des personnages qui sont enlevés dans les airs tels des fétus de paille.
J'avais été terriblement frappée par la scène d'ouverture du film « Hereafter » de Clint Eastwood. A mon avis, Vanessa Lafaye réussit parfaitement à rendre en mots les sensations que procurent les images.
A certains moments, des passages en italiques nous projettent dans les rêves que fait Hilda pendant son coma. Parfois, à la fin de la tirade d'un des protagonistes, quelques phrases en italiques nous permettent de pénétrer dans ses pensées. de temps à autre, quelqu'un cite ou lit un passage de la Bible. Missy chante pour calmer Nathan.
J'ai donc beaucoup aimé ce roman que j'ai trouvé passionnant et qui nous fait parcourir toute la gamme des sentiments.
Heureusement, il y a un épilogue, où l'on retrouve, deux ans après le drame, quelques personnages qui ont survécu, et, malgré des blessures, parfois terribles, réussissent à trouver une certaine paix et un peu de bonheur. Je ne suis donc pas du tout d'accord avec certains lecteurs qui stigmatisent cette forme de « happy end ». Sans lui, pour moi, l'histoire aurait été trop décourageante.
Il me reste à remercier les éditions Belfond ainsi que l'opération Masse critique. Je ne m'inscris jamais sans me renseigner d'abord sur l'ouvrage proposé et ne choisis que des livres susceptibles de correspondre à mes goûts littéraires. Un fois encore, j'ai été contente de ma lecture, qui ne m'a pas du tout déçue.
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Dans la chaleur de l'été est une très belle histoire d'amour dans un contexte historique que je ne connaissais pas du tout. Cela se passe dans le sud de la Floride en 1930 durant la Grande Dépression. Des vétérans blancs et noirs qui se sont battus en France au cours de la Première Guerre mondiale, se sont vus rejetés, après un accueil triomphant de courte durée, par une population dont la mentalité n'avait pas évolué.
Car en France, avec une liberté plus grande et moins de traditions sclérosantes, les noirs américains étaient considérés comme égaux aux blancs, voire comme des héros . Ils pouvaient former des couples mixtes sans problème. En Amérique, non seulement ils sont revenus avec leurs meurtrissures de guerre mais ils n'ont jamais perçu la prime promise par le gouvernement, les laissant dans le dénuement le plus total dans des camps insalubres et indignes. D'un autre côté, les autochtones blancs, nommés les Conch dans cette partie de la Floride, n'ont reçu aucun soutien du gouvernement pour les accueillir. C'est dans cette ambiance que Henry Roberts, un vétéran noir dont Missy Douglas, l'héroïne, est amoureuse depuis toute jeune, va être accusé à tort d'agression sur une blanche.
Sur fond de faits historiques réels, Vanessa Lafaye évoque une histoire d'amour émouvante dont la douceur et la beauté viennent se heurter à la violence et agressivité dans laquelle elle évolue et à laquelle viendra se rajouter un ouragan ayant vraiment eu lieu à cette époque.
Un très beau roman !
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Avec « Dans la chaleur de l'été », Vanessa Lafaye nous entraine en Floride pendant les années trente. Elle utilise en trame de son roman deux composantes essentielles de la vie à l'époque, la ségrégation raciale et les lois iniques qui cantonnent les Noirs dans leur condition d'avant la sécession, et les ouragans terribles qui sévissent régulièrement dans cette zone des USA.
Les hommes, célébrés par tous lorsqu'il sont partis en 1917 faire la guerre en France, sont rejetés par les population et le pouvoir en place, pas de travail, pas d'indemnisation, pas de pension, ils survivent en marge de la société et parcourent le pays à la recherche d'un travail. Mais ce sont les années de la grande dépression, il y a tellement peu de travail. Les vétérans ont trouvé un emploi sur le chantier d'un pont, sur les Keys, au sud de Miami, en Floride. Un de leurs chef n'est autre que Henri Roberts, un jeune noir du pays, parti fier et conquérant, la fleur au fusil comme tant d'autres, et qui depuis son retour en ville n'a jamais revu sa famille.
C'est le 4 juillet, et à Heron Key comme partout dans le pays, les habitants vont célébrer la fête nationale lors d'un grand barbecue sur la plage, clôturé comme chaque année par un feu d'artifice. Mais chacun restera de son côté, car une barrière invisible sépare les blancs et les noirs. Si tous célèbrent la fête nationale, l'unité raciale est impossible. Les différents protagonistes vont converger sur la plage, familles de blancs aisés, celles des Noirs pour partie à leur service, et les vétérans, crains et rejetés par tous. Ces derniers sont cantonnés dans les baraquements du chantier, mais ce soir ils vont se mêler à la population locale. Bières et alcool coulent, chacun pressent le drame, les esprits s'échauffent, les ressentiments, les haines raciales et les tensions exacerbées vont aboutir à une bagarre générale, puis à l'agression d'une femme blanche. Chercher le coupable devrait être facile dans cet univers où les noirs sont lynchés pour moins que ça. le shérif mène son enquête dans cette situation où la tension est palpable, où les esprits échauffés sont prêts à en découdre, et alors que l'un des plus puissants ouragans menace d'atteindre l'ile.
On se laisse emporter par l'enquête autour de l'agression, mais aussi par la romance dans les relations entre Henry et Missy, par la force des sentiments, les douleurs et les luttes, et par les difficultés qu'ont blancs et noirs à vivre ensemble. On est submergé par la force des éléments, par cet ouragan qui détruit tout sur son passage et ne laisse qu'un spectacle de mort et de désolation. On découvre le retour difficile des vétérans, rejetés dans tout le pays, spoliés de leurs droits, ils ont vécu le pire et sont attirés par la possibilité d'un emploi stable, eux qui ont toutes les difficultés à se réadapter à une vie « normale ». On est affligés par l'indigence, l'incompétence et la nonchalance des autorités. Voilà un premier roman très prometteur. Etayé par des éléments historiques qui permettent de mieux appréhender, ne même temps qu'une période de l'Histoire méconnue, quelle pouvait être la difficulté de vivre ensemble à une époque où les lois raciales iniques étaient encore approuvées par tous.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Née en Floride à Tallahassee, Vanessa Lafaye a étudié en Caroline du Nord, puis à Paris. Une aventure européenne qui lui a fait découvrir l'Angleterre, où elle s'est installée avec son époux et leurs enfants. Après avoir travaillé dans l'édition d'ouvrages académiques à Oxford, elle se consacre désormais à l'écriture et au chant – elle dirige le choeur de sa ville de Marlborough. Dans la chaleur de l'été est son premier roman.

Voilà maintenant dix-huit ans, depuis 1917 et le départ de Henry pour la France afin de soutenir l'effort de guerre allié que Missy, domestique noire éprise du jeune soldat, n'a cessé de penser à lui. Mais à son retour, en 1935, le vétéran n'a plus rien du garçon désinvolte de l'époque. Rejeté par les locaux qui voient d'un oeil inquiet le retour d'hommes meurtris par les combats, il doit survivre avec ses camarades au sein d'un camp miteux qui suscite aussi bien la crainte que les rumeurs. Pendant ce temps, un terrible ouragan grossit dans le lointain qui pourrait changer à jamais Heron Key et ses habitants...

Vanessa Lafaye signe un récit brûlant et extrêmement bien documenté de la ségrégation subie autant par les Noirs que par les vétérans de la Première Guerre mondiale. Alors que s'annonce l'ouragan le plus puissant qui ait jamais frappé l'Amérique du Nord, apparaît l'image d'une petite ville côtière abrutie par la chaleur et les tensions ethniques, où les passions se heurtent à la violence et aux préjugés raciaux de ce début du XXème siècle.

La laideur et la tragédie, l'espoir et la rédemption, voici ce qui imprègne le roman de Vanessa Lafaye. Dans la chaleur de l'été révèle un des épisodes les plus honteux et les plus scandaleux de l'Histoire sociale des États-Unis. Dans une note, l'auteure s'explique :

«C'est en lisant par hasard le récit d'un horrible lynchage qui avait eu lieu en Floride en 1934 que j'ai compris à quel point j'ignorais l'histoire de cet état où je suis née. On ne réalise pas immédiatement que la Floride a fait partie de ce Sud, celui que l'on évoque plus couramment avec la Géorgie, l'Alabama ou le Mississippi. Avec l'ouragan de 1935, l'impensable s'est produit envers ces vétérans honteusement traités par des Blancs eux-mêmes terrifiés.»

Indignée par les conditions effroyables dans lesquelles vivaient ces groupes de vétérans miséreux, marqués par leur expérience de la Première Guerre mondiale et spoliés du bonus promis par le gouvernement, Vanessa Lafaye en est venue à penser qu'il était important de faire connaître à un plus grand nombre ce qui était arrivé à ces hommes, et comment, lors du passage d'un ouragan majeur, on les avait laissé mourir dans un mélange d'apathie et d'incompétence. C'est tout simplement révoltant !

«Henry avait connu bon nombre d'hommes corrects poussés à la sauvagerie par des circonstances extrêmes. Il les avait vus arracher de la chair au corps de leurs ennemis avec des hurlements de joie. Des hommes bons qui chez eux ramasseraient une sauterelle pour qu'il ne lui arrive rien de mal. le sens moral, il le savait, était un vernis, par endroits fin comme un cheveu.»

Du chaos et des vagues surgissent des souvenirs qu'il est impératif de transmettre. Dans un saisissant décor d'apocalypse, Vanessa Lafaye confronte des êtres humains que rien ne préparait à cette épreuve. Face au chaos de leur monde, ces hommes et ces femmes vont se révéler à eux-mêmes, dans l'affirmation de leur courage, de leur amour et de leur fière liberté, ou au contraire dans l'emportement de leurs pulsions meurtrières...

Profondément émouvant, Dans la chaleur de l'été est un roman plein de furie et d'espoir, qui puise sa force dans la folie de la nature mais aussi dans celle des hommes. D'une puissance émotionnelle rare, c'est un roman terrifiant, qui vous emporte de son souffle destructeur et vous laisse rincé au terme d'un voyage oppressant dont on a du mal à reprendre son souffle ! Magistral !
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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Comment rester indifférente à ce roman? C'est impossible!
Il m'a fallu un peu de temps pour bien rentrer dans l'histoire: la romancière prend le temps de nous présenter ses personnages et leurs secrets, leurs familles, leurs histoires personnelles et cela fait beaucoup de noms à retenir. On ne sait pas non plus tout de suite qui est noir, qui est blanc, et j'ai un peu eu peur avec la première scène (le bébé et l'alligator), finalement déterminante pour le reste.
Et puis, une fois habituée, j'ai réussi à me plonger pleinement dans ce roman, avide de ces pages qui me plongeaient dans une atmosphère de plus en plus lourde et pesante. En effet, Vanessa Lafaye dénonce la ségrégation et le racisme, si propres au Sud des Etats-Unis. Les vengeances contre les noirs sont légions, le plus souvent injustifiées, les lynchages sont légion et l'auteure revient sur ces vétérans de la Première Guerre Mondiale qui n'ont pas eu droit à leur prime et ont été parqués comme des animaux, pour travailler toujours plus dur, dans des conditions misérables. Au point d'être sacrifiés quand l'ouragan est passé sur les Keys.
Les descriptions de Vanessa Lafaye sont pleines de réalisme, on a l'impression de ressentir la chaleur moite qui pèse sur la Floride, on partage avec Missy, Henry et les autres l'angoisse qui est la leur, en se demandant jusqu'où la folie de la haine raciale va conduire les "Conchs", les autochtones.
Même si c'est une histoire qui se lit lentement, je n'ai éprouvé aucune lassitude lors de ma lecture. L'angoisse est très présente, on vit avec les principaux protagonistes et Vanessa Lafaye nous offre un premier roman fort réussi, éprouvant et émouvant, qui mérite d'être lu, ne serait-ce que pour découvrir un triste événement qui est à peine notifié dans les livres d'histoire aux USA.
Lien : http://www.placedeslivres.ca..
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Un roman historique fort et marquant avec une ambiance typique du sud des Etats-Unis sur fond de ségrégation raciale et de catastrophe naturelle. Un livre à l'apport historique important qui dénonce et qui provoque l'indignation à la lecture de nombreux faits dont on a du mal à imaginer qu'ils se sont produits il y a à peine un siècle.

Lien : https://myprettybooks.wordpr..
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