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Critique de Eric76


Il y a Annette, et sa vie tombée en mille morceaux dans une de ces petites villes hagardes du Nord d'où l'espoir et la fierté ont fui en même temps que les usines. Et son fils Éric, muré dans son silence, bout d'homme qui jette un regard étonné, sans concession sur ce monde des grands si violent, si méchant, si désespérément stupide et inconstant. Paul enfin, dans son Cantal profond, avec ses gestes immémoriaux, lents et mesurés de paysan qui se voit mourir de solitude, peu à peu, à tout petit feu.
Une petite annonce lancée comme une bouteille à la mer les réuniront malgré leurs mondes si éloignés, si dissemblables.
Que de courage et de renoncements il fallut à Annette et Éric pour déposer leurs maigres bagages chez Paul, dans cette vieille ferme pleine de présences aveugles.
Que de force d'âme, d'obstination, d'opiniâtreté, il fallut à Paul pour imposer ces deux intrus, ces deux horsains à une fratrie soupçonneuse et rassasiée de jours.
Pas de grande passion, pas de grand amour entre Annette et Paul, pas de grandes envolées lyriques, mais des tâtonnements, des pas prudents l'un vers l'autre, des caresses hâtivement données, mais cet acharnement muet à croire au bonheur malgré toutes les désillusions, malgré toutes les défaites, mais cette impérieuse nécessité de protéger le petit Éric des violents orages, de ne pas déjà ruiner toutes ses chances…
Marie-Hélène Lafon nous entraîne dans les méandres tortueux des vies bien ordinaires, des peurs, des espérances, des confidences et des petits mensonges. Elle nous parle de la vie de la ferme, de ses rites, de sa patiente et immuable régularité, de ces sentinelles épuisées d'un monde qui ressemble de plus en à une image d'Épinal… Elle raconte ces matins clairs et enchanteurs, ces diners en famille longs, parfois drôles, parfois périlleux, et ces nuits qui avalent les hommes et les choses. Elle sait décrire le sourire d'un chien, et la placidité heureuse des vaches.
Elle nous parle de la vie qui passe, inéluctablement…
On rit, on est triste, on est soulagé, on est pris aux tripes et au coeur… Marie-Hélène a ce don rare de nous ramener à l'essentiel, au primordial.




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