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EAN : 9782283023488
195 pages
Buchet-Chastel (03/09/2009)
3.74/5   540 notes
Résumé :
Paul a quarante-six ans. Paysan, à Fridières, Cantal.
Cinquante trois hectares, en pays perdu, au bout de rien. Il n’a pas tout à fait choisi d’être là, mais sa vie s’est faite comme ça. Paul n’a qu’une rage : il ne veut pas finir seul, sans femme.
Annette a trente-sept ans. Elle est la mère d’Eric, bientôt onze ans. Elle n’a jamais eu de vrai métier. Elle vient du Nord, de Bailleul. Annette a aimé le père d’Eric, mais ça n’a servi à rien, ni à le sau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (121) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 540 notes
Il y a Annette, et sa vie tombée en mille morceaux dans une de ces petites villes hagardes du Nord d'où l'espoir et la fierté ont fui en même temps que les usines. Et son fils Éric, muré dans son silence, bout d'homme qui jette un regard étonné, sans concession sur ce monde des grands si violent, si méchant, si désespérément stupide et inconstant. Paul enfin, dans son Cantal profond, avec ses gestes immémoriaux, lents et mesurés de paysan qui se voit mourir de solitude, peu à peu, à tout petit feu.
Une petite annonce lancée comme une bouteille à la mer les réuniront malgré leurs mondes si éloignés, si dissemblables.
Que de courage et de renoncements il fallut à Annette et Éric pour déposer leurs maigres bagages chez Paul, dans cette vieille ferme pleine de présences aveugles.
Que de force d'âme, d'obstination, d'opiniâtreté, il fallut à Paul pour imposer ces deux intrus, ces deux horsains à une fratrie soupçonneuse et rassasiée de jours.
Pas de grande passion, pas de grand amour entre Annette et Paul, pas de grandes envolées lyriques, mais des tâtonnements, des pas prudents l'un vers l'autre, des caresses hâtivement données, mais cet acharnement muet à croire au bonheur malgré toutes les désillusions, malgré toutes les défaites, mais cette impérieuse nécessité de protéger le petit Éric des violents orages, de ne pas déjà ruiner toutes ses chances…
Marie-Hélène Lafon nous entraîne dans les méandres tortueux des vies bien ordinaires, des peurs, des espérances, des confidences et des petits mensonges. Elle nous parle de la vie de la ferme, de ses rites, de sa patiente et immuable régularité, de ces sentinelles épuisées d'un monde qui ressemble de plus en à une image d'Épinal… Elle raconte ces matins clairs et enchanteurs, ces diners en famille longs, parfois drôles, parfois périlleux, et ces nuits qui avalent les hommes et les choses. Elle sait décrire le sourire d'un chien, et la placidité heureuse des vaches.
Elle nous parle de la vie qui passe, inéluctablement…
On rit, on est triste, on est soulagé, on est pris aux tripes et au coeur… Marie-Hélène a ce don rare de nous ramener à l'essentiel, au primordial.




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À Fridières, dans la campagne cantalienne, Paul, agriculteur, vit toujours avec sa soeur et ses deux oncles dans la ferme familiale. Mais, à 46 ans, il a décidé qu'il ne vieillirait pas seul, comme eux. Aussi passe-t-il une annonce dans le journal pour rencontrer quelqu'un. C'est Annette, à des centaines de kilomètres de là, qui y répond. Elle veut s'offrir, ainsi qu'à son jeune fils, des jours meilleurs et aspire à de la quiétude. Elle débarque ainsi de Bailleul, dans le Nord, chez Paul...

Sans chronologie particulière, Marie-Hélène Lafon s'immisce au coeur de cette rencontre et dresse le portrait d'un couple naissant qui se découvre timidement. Deux âmes que la vie a malmenés. Deux êtres qui espèrent un tant soit peu de douceur, de sérénité et de bienveillance dans leur vie. Et pourquoi pas de l'amour... L'auteur suggère un tout, s'attarde sur de petits riens, donne à voir et à ressentir. Elle dépeint avec émotion ce monde de taiseux,où l'on se contente parfois de regarder et de penser, ce monde ancré dans la terre, presque immuable. Elle tresse avec délicatesse cette histoire d'amour sensuelle, à la fois puissante et tout en retenue. Un roman singulier, gracieux et authentique porté par de longues phrases, la ponctuation se faisant rare, agrémentées d'adjectifs ou de mots qui sonnent juste. Parfois d'un autre temps. Une écriture poétique qui s'apprivoise. Un portrait tout en nuances d'un monde rural.
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C'est ma quatrième découverte de Marie-Hélène Lafon et j'avoue que son écriture est assez fascinante, avec des mots choisis, presque de façon méticuleuse perçant bien le fond des coeurs humains.
Dans ce roman, nous sommes toujours dans le Cantal, sa terre natale dont elle connaît aussi bien la terre que le monde paysan.
Elle nous parle très bien de l'âpreté, de la rudesse de la terre, de la vie "à la campagne" si éloignée des horizons citadins.
Et, pourtant, il s'agit d'une rencontre improbable qui résulte d'une annonce.
Un paysan, du Cantal, Paul veut rompre sa solitude et décide de passer une annonce pour prendre femme.
De l'autre côté, il y a Annette, une femme des villes du Nord qui a bravé bien des tempêtes après une union désastreuse qui ne lui a laissé qu'un fils: Éric.
Qu'importe, Paul fait venir Annette avec son fils à Fridières, tous trois vont "refaire leur vie" ensemble malgré l'hostilité des deux oncles et de la soeur de Paul.
C'est un beau récit sur la nature humaine, sur la vie qui continue, sur l'amour qui peut renaître si on y met un peu du sien.
On s'attache à cet homme et cette femme indéniablement et à ce garçon qui réussit à apprivoiser les animaux et les hommes les plus rugueux.

Un beau roman, peut-être mon préféré des quatre.
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Par hasard, sans même m'en être aperçu, sur quelques pages, je me suis mis à lire ce texte à voix haute. Je me demande encore pourquoi j'ai tenu le livre haut devant moi me procurant un port altier et surement ridicule. Pendant un instant je me suis laissé emporter par ces phrases cadencées pavées d'adjectifs soignés, chaviré par la réalité des situations, entrainé par la force du terroir, la puissance de la ruralité et de la paysannerie ancestrale, ce qui déclencha sans délai l'hilarité de ma dulcinée.

Dans le « chasseur français », l'annonce est petite mais l'espoir est grand :
Pour Paul, celui de rencontrer La femme qui saura se fondre dans les rudesses du Cantal et qui devra amadouer sa soeur, la revêche Nicole et les vieux oncles aux casquettes plates plaquées sur des têtes dures.
Pour Annette, c'est tenter de refaire une vie moins amère à quelques centaines de kilomètres du Nord qu'elle quitterait volontiers pour gommer le malheur vécu avec Didier, alcoolique invétéré. Et surtout pour offrir à son fils Éric l'aspect d'un quotidien plus équilibré.

C'est cette collision salutaire entre deux êtres enfermés dans leurs sombres ordinaires d'obligations séculaires qu'exprime Marie-Hélène Lafon avec des mots-rouages à l'assemblage complexe et judicieux.
Du point au point, le plaisir est sans cesse renouvelé d'une phrase construite et efficace, polie de sentiments, habitée d'authenticité campagnarde, bâtie comme une évidence.

Et j'ai continué à me délecter tout bas...

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Un roman brut de brut, même dans l'écriture, de longue phrase, ponctuation rare... Un véritable roman de la terre. Une histoire simple, racontée sans fioriture. Pas de détails, pas de dentelles, pas de romantisme, ce n'est pas un roman à l'eau de rose, et pourtant c'est une histoire d'amour. Une écriture semblable au milieu social : simple, direct, brut, on ne dit pas forcément ce que l'on ressent, mais vrai.
Bravo à l'auteur pour avoir fait ressentir ce terroir jusqu'à "dans l'écriture"...
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critiques presse (1)
Lexpress
20 juillet 2011
Marie-Hélène Lafon traite cette histoire d'amour toute simple avec une sensibilité éloignée de toute niaiserie et une écriture digne du meilleur Pierre Michon. Emouvant et juste.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
La grange était saine, le bois n’y pourrissait pas, les métaux ne s’y corrompaient pas ; la grange était parcourue de vents cathartiques et d’hirondelles enivrées, de fragrances définitives et de touffeurs estivales ; la grange coiffait la maison et les corps, couvrait bêtes et gens, pesait sur eux, puissante altière incorruptible ; la grange était vaisseau, cathédrale, carapace mue obscurément, parcourue de craquements intestins, objet des soins constants du couvreur supplié ; on ne trahissait pas la grange et elle ne vous trahissait pas. Une grange effondrée, à bout, défaite, éventrée par les hivers et les arbres, comme on en avait beaucoup vu, comme on en voyait encore dans les pays hauts et perdus, une grange morte, était une plaie honteuse. Paul vivrait dans la grange tutélaire, il avait taillé dans sa lumière, tranché l’espace sous ses nervures de bois roux, monté les murs de parpaings grumeleux et ménagé une porte intérieure qui lui permettait d’accéder au théâtre de ses quotidiennes opérations sans passer par le territoire des oncles et de la sœur. Paul aimait la pièce, sa pièce, où l’on posait le corps recru après le gros travail, où l’on mangeait et vivait, où l’on était à soi. 
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La nuit de Fridières ne tombait pas, elle montait à l'assaut, elle prenait les maisons les bêtes et les gens, elle suintait de partout à la fois, s'insinuait, noyait d'encre les contours des choses, des corps, avalait les arbres, les pierres, effaçait les chemins, gommait, broyait. Les phares des voitures et le réverbère de la commune la trouaient à peine, l'effleuraient seulement, en vain. Elle était grasse de présences aveugles qui se signalaient par force craquements, crissements, feulements, la nuit avait des mains et un souffle, elle faisait battre le volet disjoint et la porte mal fermée, elle avait un regard sans fond qui vous prenait dans son étau par les fenêtres, et ne vous lâchait pas, vous les humains réfugiés blottis dans les pièces éclairées des maisons dérisoires.
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En juin le pays était un bouquet, une folie. Les deux tilleuls dans la cour, l'érable au fond du jardin, le lilas sur le mur, tout bruissait frémissait ondulait ; c'était gonflé de lumière verte, luisant, vernissé, presque noir dans les coins d'ombre, une gloire inouïe qui, les jours de vent léger, vous saisissait, vous coupait les mots, les engorgeait dans le ventre où ils restaient tapis, insuffisants, inaudibles. Sans les mots on se tenait éberlué dans cette rutilance somptueuse. C'était de tout temps; cette confluence de juin, ce rassemblement des forces, lumière vent eau feuilles herbes fleurs bêtes, pour terrasser l'homme, l'impétrant, le bipède aventuré, confiné dans sa peau étroite, infime.
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Sa grand-mère écoutait les questions, il fallait attendre, parfois elle répondait longtemps après. Il mangeait les tartines qu'elle préparait au fur et à mesure, trois tartines au plus, avec du beurre et du chocolat en poudre ; juste la bonne quantité de chocolat ; elle appuyait avec le couteau à bout rond pour que le beurre mou se mélange avec la poudre et que l'on puisse respirer en mangeant la tartine au lieu de se retenir par crainte d'éternuer à cause du picotement provoqué par le chocolat. Ils appelaient ça les tartines difficiles.
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Annette avait connu le vrai corps de Paul, un corps en état d'urgence, aiguisé par les travaux immuables et les fenaisons pressantes, un corps d'homme qui court, qui lutte, entre les prés et l'étable, les bras le torse le dos le ventre les cuisses rompus à d'autres étreintes, aux bêtes rétives, aux outils, aux rouleaux de ficelle dure, aux écrous qui résistent dans les rouages chauds des machines. Elle avait senti au long d'elle le soir dans le lit sourdre de Paul cette tension nourrie des mille obstacles de chaque jour qu'il déposait comme il l'eût fait d'un vêtement usé.
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Vidéo de Marie-Hélène Lafon
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