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Citations sur Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies des) Premi.. (63)

- Mais, tout est un rire à la Justice ! et d’où vient
Mon cœur, ah ! mon sacré cœur, s’il ne rime à rien ?
- Du calme et des fleurs. Peu t’importe de connaître
Ce que tu fus, dans l’à jamais, avant de naître ?
Eh bien, que l’autre éternité qui, Très-Sans-Toi,
Grouillera, te laisse aussi pieusement froid.
Quant à ta mort, l’éclair aveugle en est en route
Qui saura te choser, va, sans que tu t’en doutes.
- Il rit d’oiseaux, le pin dont mon cercueil viendra !
- Mais ton cercueil sera sa mort !
- Allons, tu m’as compris. Va, que ta seule étude
Soit de vivre sans but, fou de mansuétude.
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Vous sentirez la mort dans un frisson fatal ;
Et votre blond cadavre aux vitreuses prunelles
Ira pourrir dans son doux linceul de dentelles,
Puis, se perdre, anonyme, au tourbillon vital.
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Et la lune a, bonne vieille,
Du coton dans les oreilles.
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Elle fuyait par l’avenue
Je la suivais illuminé,
Ses yeux disaient : « J’ai deviné
Hélas ! que tu m’as reconnue ! »

Je la suivais illuminé
Yeux désolés, bouche ingénue,
Pourquoi l’avais-je reconnue,
Elle,loyal rêve mort-né ?

Yeux trop mûrs, mais bouche ingénue ;
Œillet blanc, d’azur trop veiné ;
Oh ! oui, rien qu’un rêve mort-né,
Car, défunte elle est devenue.

Gris, œillet, d’azur trop veiné,
La vie humaine continue
Sans toi, défunte devenue.
— Oh ! je rentrerai sans dîner !

Vrai, je ne l’ai jamais connue.
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J’espérais
Qu’à ma mort, tout frémirait, du cèdre à l’hysope ;
Que ce Temps, déraillant, tomberait en syncope,
Que, pour venir jeter sur mes lèvres des fleurs,
Les Soleils très navrés détraqueraient leurs chœurs ;
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COMPLAINTE DES PUBERTÉS DIFFICILES

Un éléphant de Jade, œil mi-clos souriant,
Méditait sous la riche éternelle pendule,
Bon bouddha d'exilé qui trouve ridicule
Qu'on pleure vers les Nils des couchants d'Orient,
Quand bave notre crépuscule.

Mais, sot Eden de Florian,
En un vase de Sèvres où de fins bergers fades
S'offrent des bouquets bleus et des moutons frisés,
Un œillet expirait ses pubères baisers
Sous la trompe sans flair de l'éléphant de Jade.

A ces bergers peints de pommade
Dans le lait, à ce couple impuissant d'opéra
Transi jusqu'au trépas en la pâte de Sèvres,
Un gros petit dieu Pan venu de Tanagra
Tendait ses bras tout inconscients et ses lèvres.

Sourds aux vanités de Paris,
Les lauriers fanés des tentures,
Les mascarons d'or des lambris,
Les bouquins aux pâles reliures
Tournoyaient par la pièce obscure,
Chantant, sans orgueil, sans mépris :
« Tout est frais dès qu'on veut comprendre la Nature. »

Mais lui, cabré devant ces soirs accoutumés,
Où montait la gaité des enfants de son âge,
Seul au balcon, disait, les yeux brûlés de rages :
« J'ai du génie, enfin : nulle ne veut m'aimer ! »
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Et j’écoute longtemps les cloches dans la nuit…
Je suis le paria de la famille humaine,
À qui le vent apporte en son sale réduit
La poignante rumeur d’une fête lointaine.
(Noël sceptique.)
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Le doux sang de l’Hostie a filtré dans mes moelles,
J’asperge les couchants de tragiques rougeurs,
Je palpite d’exil dans le cœur des étoiles,
Mon spleen fouette les grands nuages voyageurs.
Je beugle dans les vents rageurs. (Hypertrophie)
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Ô géraniums diaphanes, guerroyeurs sortilèges,
Sacrilèges monomanes !
Emballages, dévergondages, douches ! Ô pressoirs
Des vendanges des grands soirs !
Layettes aux abois,
Thyrses au fond des bois !
Transfusions, représailles,
Relevailles, compresses et l’éternelle potion,
Angelus ! n’en pouvoir plus
De débâcles nuptiales ! de débâcles nuptiales !…

Et puis, ô mes amours,
À moi, son tous les jours
Ô ma petite mienne, ô ma quotidienne,
Dans mon petit intérieur,
C’est-à-dire plus jamais ailleurs !

Ô ma petite quotidienne !…

Et quoi encore ? Oh du génie,
Improvisations aux insomnies !

Et puis ? L’observer dans le monde,
Et songer dans les coins :
« Oh, qu’elle est loin ! Oh, qu’elle est belle !
« Oh ! qui est-elle ? À qui est-elle ?
« Oh, quelle inconnue ! Oh, lui parler ! Oh, l’emmener ! »
(Et, en effet, à la fin du bal,
Elle me suivrait d’un air tout simplement fatal.)

Et puis, l’éviter des semaines
Après lui avoir fait de la peine,
Et lui donner des rendez-vous,
Et nous refaire un chez nous.

Et puis, la perdre des mois et des mois,
À ne plus reconnaître sa voix !…

Oui, le Temps salit tout,
Mais, hélas ! sans en venir à bout.

Hélas ! hélas ! et plus la faculté d’errer,
Hypocondrie et pluie,

Et seul sous les vieux cieux,
De me faire le fou,
Le fou sans feux ni lieux
(Le pauvre, pauvre fou sans amours !)
Pour, alors, tomber bien bas
À me purifier la chair,
Et exulter au petit jour
En me fuyant en chemin de fer,
Belles-Lettres, ô Beaux-Arts,
Ainsi qu’un Ange à part !

J’aurai passé ma vie le long des quais
À faillir m’embarquer
Dans de bien funestes histoires,
Tout cela pour l’amour
De mon cœur fou de la gloire d’amour.

Oh, qu’ils sont pittoresques les trains manqués !…
Oh, qu’ils sont « À bientôt ! à bientôt ! »
Les bateaux
Du bout de la jetée !…

De ta jetée bien charpentée
Contre la mer,
Comme ma chair
Contre l’amour.
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Oh ! qu’une, d’Elle-même, un beau soir, sût venir
Ne voyant plus que boire à mes lèvres, ou mourir !…

Oh ! Baptême !
Oh ! baptême de ma Raison d’être !
Faire naître un « Je t’aime ! »
Et qu’il vienne à travers les hommes et les dieux,
Sous ma fenêtre,
Baissant les yeux !

Qu’il vienne, comme à l’aimant la foudre,
Et dans mon ciel d’orage qui craque et qui s’ouvre,
Et alors, les averses lustrales jusqu’au matin,
Le grand clapissement des averses toute la nuit ! Enfin !

Qu’Elle vienne ! et, baissant les yeux
Et s’essuyant les pieds

Au seuil de notre église, ô mes aïeux
Ministres de la Pitié,
Elle dise :

« Pour moi, tu n’es pas comme les autres hommes,
« Ils sont ces messieurs, toi tu viens des cieux.
« Ta bouche me fait baisser les yeux
« Et ton port me transporte
« Et je m’en découvre des trésors !
« Et je sais parfaitement que ma destinée se borne
« (Oh ! j’y suis déjà bien habituée !)
« À te suivre jusqu’à ce que tu te retournes,
« Et alors t’exprimer comment tu es !

« Vraiment je ne songe pas au reste ; j’attendrai
« Dans l’attendrissement de ma vie faite exprès.

« Que je te dise seulement que depuis des nuits je pleure,
« Et que mes sœurs ont bien peur que je n’en meure.

« Je pleure dans les coins, je n’ai plus goût à rien ;
« Oh, j’ai tant pleuré dimanche dans mon paroissien !

« Tu me demandes pourquoi toi et non un autre.
« Ah, laisse, c’est bien toi et non un autre.


« J’en suis sûre comme du vide insensé de mon cœur
« Et comme de votre air mortellement moqueur. »

Ainsi, elle viendrait, évadée, demi-morte,
Se rouler sur le paillasson que j’ai mis à cet effet devant ma porte.
Ainsi, elle viendrait à Moi avec des yeux absolument fous.
Et elle me suivrait avec ces yeux-là partout, partout !
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