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Citations sur Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies des) Premi.. (63)

- Mais, tout est un rire à la Justice ! et d’où vient
Mon cœur, ah ! mon sacré cœur, s’il ne rime à rien ?
- Du calme et des fleurs. Peu t’importe de connaître
Ce que tu fus, dans l’à jamais, avant de naître ?
Eh bien, que l’autre éternité qui, Très-Sans-Toi,
Grouillera, te laisse aussi pieusement froid.
Quant à ta mort, l’éclair aveugle en est en route
Qui saura te choser, va, sans que tu t’en doutes.
- Il rit d’oiseaux, le pin dont mon cercueil viendra !
- Mais ton cercueil sera sa mort !
- Allons, tu m’as compris. Va, que ta seule étude
Soit de vivre sans but, fou de mansuétude.
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Je tends mes poignets universels dont aucun
N'est le droit ou le gauche, et l'Espace, dans un
Va-et-vient giratoire, y détrame les toiles
D'azur pleines de cocons à fœtus d'Etoiles.
Et nous nous blasons tant, je ne sais où, les deux
Indissolubles nuits aux orgues vaniteux
De nos pores à Soleils, où toute cellule
Chante : Moi ! Moi ! Puis s'éparpille, ridicule !

(Complainte du temps et de sa commère l'espace, extrait)
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COMPLAINTE DES PUBERTÉS DIFFICILES

Un éléphant de Jade, œil mi-clos souriant,
Méditait sous la riche éternelle pendule,
Bon bouddha d'exilé qui trouve ridicule
Qu'on pleure vers les Nils des couchants d'Orient,
Quand bave notre crépuscule.

Mais, sot Eden de Florian,
En un vase de Sèvres où de fins bergers fades
S'offrent des bouquets bleus et des moutons frisés,
Un œillet expirait ses pubères baisers
Sous la trompe sans flair de l'éléphant de Jade.

A ces bergers peints de pommade
Dans le lait, à ce couple impuissant d'opéra
Transi jusqu'au trépas en la pâte de Sèvres,
Un gros petit dieu Pan venu de Tanagra
Tendait ses bras tout inconscients et ses lèvres.

Sourds aux vanités de Paris,
Les lauriers fanés des tentures,
Les mascarons d'or des lambris,
Les bouquins aux pâles reliures
Tournoyaient par la pièce obscure,
Chantant, sans orgueil, sans mépris :
« Tout est frais dès qu'on veut comprendre la Nature. »

Mais lui, cabré devant ces soirs accoutumés,
Où montait la gaité des enfants de son âge,
Seul au balcon, disait, les yeux brûlés de rages :
« J'ai du génie, enfin : nulle ne veut m'aimer ! »
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Complainte de la lune en province

Ah ! La belle pleine Lune,
Grosse comme une fortune !

La retraite sonne au loin,
Un passant, monsieur l’adjoint ;

Un clavecin joue en face,
Un chat traverse la place :

La province qui s’endort !
Plaquant un dernier accord,

Le piano clôt sa fenêtre.
Quelle heure peut-il bien être ?

Calme lune, quel exil !
Faut-il dire : ainsi soit-il ?

Lune, ô dilettante lune,
A tous les climats commune,

Tu vis hier le Missouri,
Et les remparts de Paris,

Les fiords bleus de la Norwège,
Les pôles, les mers, que sais-je ?

Lune heureuse ! Ainsi tu vois,
A cette heure, le convoi

De son voyage de noce !
Ils sont partis pour l’Écosse.

Quel panneau, si, cet hiver,
Elle eût pris au mot mes vers !

Lune, vagabonde lune,
Faisons cause et mœurs communes ?

Ô riches nuits ! Je me meurs,
La province dans le cœur !

Et la lune a, bonne vieille,
Du coton dans les oreilles.
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INTERIEUR

On vient de se lever. Les sueurs de la nuit
Montent des lits défaits dans l'atmosphère chaude.
Monsieur prend dans un coin son bain de pieds sans bruit;
La femme, en cheveux, hume un bas, qu'elle ravaude,
Tandis qu'assis par terre - oh ! Le vilain méchant !
Toto sauce du poing un vieux débris d'écuelle,
Gémit, piaille, renifle et, tout en pleurnichant,
Fait des bulles de morve et suce une chandelle.
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La femme,
Mon âme :
Ah ! Quels
Appels !

Pastels
Mortels,
Qu'on blâme
Mes gammes !

Un fou
S'avance,
Et danse.

Silence...
Lui, où ?
Coucou.
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On ne peut plus s'asseoir, tous les bancs sont mouillés;
Crois-moi, c'est bien fini jusqu'à l'année prochaine,
Tous les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouillés,
Et tous les cors ont fait ton ton, ont fait ton taine!...
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Elle est l'infini sans fin, je deviens le temps
Infaillible. C'est pourquoi nous nous perdons tant.
Où sommes-nous ? Pourquoi ? Pour que Dieu s'accomplisse ?
Mais l’Éternité n'y a pas suffi ! Calice
Inconscient, où tout cœur crevé se résout,
Extrais-nous donc alors de ce néant trop tout !
Que tu fisses seulement de nous une flamme,
Un vrai sanglot mortel, la moindre goutte d'âme !
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Vous qui passez, oyez donc un pauvre être,
Chassé des simples qu’on peut reconnaître,
Soignant, las, quelque œillet à leur fenêtre
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COMPLAINTE A NOTRE-DAME DES SOIRS

L’Extase du soleil, peuh ! La Nature, fade
Usine de sève aux lymphatiques parfums.
Mais les lys éperdus des longs couchant défunts
Dorlotent mon voilier dans leurs plus riches rades,
Comme un ange malade…
Ô Notre-Dame des Soirs,
Je vous aime sans espoir !

Lampes des mers ! blancs bizarrants ! mots à vertiges !
Axiomes in articula mortis déduits !
Ciels vrais ! Lune aux échos dont communient les puits !
Yeux des portraits ! Soleil qui, saignant son quadrige
Cabré, s’y crucifige !

Notre-Dame des Soirs, ils vont haut vos encensoirs ! (…)
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