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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A l'oral, Lagasnerie a un débit de mitraillette totalement incompatible avec la lenteur de mon esprit. Vous noterez que j'ai supprimé la particule à son nom , celle-ci étant incompatible avec ses idées et son propos. Il ne mérite pas cet outrage.
Entendu sur France Inter à peine réveillé, je n'ai saisi que quelques bribes de son propos qui ont éveillées ma curiosité. Mais déjà, tout est dans le titre "Sortir de notre impuissance politique", beau programme quand on perd depuis 40 ans. Ce texte a la forme d'une conférence : des paragraphes courts, facile à lire et une construction didactique qui permet de faire le tour du sujet.
Le constat est évident, les idées sont justes et la nécessité de repenser la "militance" est une évidence. Lagasnerie propose de mesurer nos actions à l'aulne de l'efficacité. Cela devrait être une évidence et pourtant nous continuons à manifester comme on va à la messe. On sait que cela ne sert à rien mais cela nous donne bonne conscience et on retrouve les copains pour aller boire un coup à la fin. C'est notre communion, notre sang du christ bu jusqu'à la lie. Justement, Lagasnerie propose de sortir de nos postures éculées et de s'inspirer de ceux d'en face puisqu'ils gagnent.
Je ne vais pas dévoiler la totalité de son propos parce que tout militant digne de ce nom devrait lire ce petit bouquin salutaire en ces temps maussades.
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Ce petit livre peut être une révélation pour certains, et j'encourage toutes les personnes un peu engagés politiquement à se le procurer. le propos est d'analyser la raison pour laquelle depuis quarante ans aucune lutte ne fonctionne, la gauche est retranchée dans une posture défensive, il n'y a plus aucune conquête sociale, les victoires sont des statu quo (quand on a obtenu le retrait d'un projet infâme). On en voit actuellement des exemples.
Certains arguments m'ont particulièrement intéressé :
- Les modes d'action classiques (grèves, manifestations, ...) sont à l'évidence obsolètes car on rentre chez soi en ayant l'impression d'avoir agi alors qu'on n'a rien fait, et ils ont un coût immense pour l'organisation ou les personnes concernées directement, des moyens qui pourraient être consacrés à des modes d'action plus efficaces et ciblés (action directe).
- Il serait plus utile d'étudier comment à l'inverse les stratégies de la droite sont efficaces : infiltrer les instances, faire du lobbying et exploiter les institutions existantes à son profit. Au contraire une personne de gauche va avoir tendance à boycotter, à démissionner, à s'abstenir ce qui est contre-productif.
- il n'y a pas de non-violence, cela revient simplement à reconnaître le monopole de la violence légitime à l'État. Au contraire certains philosophes estiment que la violence peut être le fait de la personne contre laquelle elle s'exerce (comme de la légitime défense). Néanmoins rechercher l'affrontement avec la police est stupide et suicidaire, car au mieux le militant passera deux jours en garde-à-vue, au pire il peut faire de la prison ou être blessé, ce qui le rendra inutile pendant quelques temps et risque même de le faire renoncer à la lutte en raison de son coût trop élevé.
- la convergence des luttes est une chimère : il est plus efficace de s'attaquer aux problèmes séparément, plutôt que de désigner un responsable commun (le capitalisme, le patriarcat, le colonialisme ce que vous voulez), qui est beaucoup plus dur à abattre, et pas forcément pertinent dans tous les sujets. Les militants par leur sensibilité différente et les hasards de leur parcours, se concentrent sur un sujet et ne doivent pas regretter de ne rien faire sur les autres sujets, c'est impossible de se battre sur tous les fronts à la fois (le féminisme, l'environnement, etc.).

Je vais m'arrêter là, on pourrait tout recopier mais lisez-le donc plutôt vous-même.
Achetez-le, offrez-le, prêtez-le.
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Ce petit livre de 90 pages s'adresse à tous les militants (qu'ils soient du genre insoumis pro élections ou anarchistes abstentionnistes). Lagasnerie nous interroge sur l'efficacité de nos actions. Qu'est ce qui est à garder ? Qu'est ce que l'on doit changer ?

Je ne sais pas si ce genre de réflexions sur l'efficacité des luttes est commun. J'ai lu il y a peu l'altruisme efficace de Peter Singer qui, d'une manière très complémentaire, interroge l'efficacité des différentes luttes. Ici Lagasnerie sonde le bienfait des pratiques militantes, peu interrogées et devenues inefficaces. Si les grèves portaient leurs fruits il y a 30 ans, aujourd'hui, elles ne parviennent pas à être rentables étant donné l'énergie et le coût financier que doivent supporter les grévistes. Il propose des formes d'actions radicales qui sont souvent perçues comme une renonciation, un manque à la pureté : l'infiltration des institutions serait une vraie radicalité. Il souligne les bienfaits d'avoir de nombreux magistrats de gauche radicale plutôt que la situation actuelle où la majorité des militants faisant des études de droit deviennent avocats.

Il interroge également sur la contestation telle qu'elle est menée depuis 30 ans : contre la loi retraite, contre la réforme du droit du travail, contre le CPE. La gauche ne fait plus que des luttes défensives. En plus d'être rarement victorieuses, les rares victoires ne sont en fait que des statut quo. Très difficile de provoquer de grands enthousiasme pour défendre un monde d'avant la réforme qui ne nous convenait pas. On ne va plus de l'avant. A quand la dernière manifestation pour une réduction du temps de travail pour un travail pour tous, de meilleure qualité ?

En moins de 100 pages, très claires et lisibles, on réfléchit beaucoup et on se remet beaucoup en question. Même si je trouve certains jugement trop hâtifs sur L214 qui contrairement à ce qu'il dit n'a pas fait que diffuser des images abattoirs mais à fait changer de nombreuses lois et a donc fait beaucoup plus pour le bien être animal que n'importe quelle autre association. Sans compter l'éveil des consciences que cette association a porté. Ce livre risque de se heurter au sceptisisme des luttes traditionnelles parce qu'il ne souligne pas assez l'utilité des manifs (par exemple la manif du comité adama traoré suite à la mort de georges floyd qui a mis le sujet sur le devant de la scène). Il interroge surtout le fait que l'on se dit que l'on a fait notre part quand on revient d'une manif et que rien n'a changé.

D'autres sujets sont abordés comme la croyance que nos dirigeants sont simplement des gens ne se rendant pas compte des problématiques sociales et sont mal informés. Qu'il suffirait de les en informer mieux. L'utilité du refus de voter est également remise en question. Ainsi que le lien social à instaurer avec les classes populaires pour qu'à nouveau, le PCF ou d'autres partis progressistes soit le vote naturel des exploités.
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Ce livre est d'utilité publique pour toute personne désespérée par la faible place que les idées et les personnes de gauche occupent dans le paysage politique et médiatique depuis quelques années. L'auteur explique cela avec un cynisme certain mais nécessaire.
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Voilà un ouvrage qui permet d'aborder la question de la lutte sous un angle nouvellement radical, et qui propose d'en dépasser les modes conventionnels. Instructif et éclairant sur la direction que les combats de gauche pourraient prendre pour recouvrer l'impact qu'ils ont eu un jour.
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