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Citations sur Quand notre terre touchait le ciel (53)

Ce que je sais, c'est que la survie est un jeu répugnant, et que nos objets sont la seule chose que le monde estime réellement chez notre peuple.Nos objets, nos idées. Mais pas nous, et pas nos vies. Que l'on reste ici encore deux cents ans ou qu'on disparaisse de la surface de la Terre, personne ne s'en soucie vraiment.
- Les gens apprécient la beauté de notre culture, dis-je.Mais pas notre souffrance. Personne ne veut la mettre dans une vitrine. Personne ne veut se l'approprier.

( p.498)
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LHAMO

1- Entre le Tibet oriental et le Népal
Printemps 1960

(...) Il devint bientôt trop dangereux de continuer les divinations, même en secret.Les soldats se montraient de plus en plus téméraires. Ils s'étaient autoproclamés dirigeants du village, et avaient réquisitionné un garçon de chaque famille pour venir grossir leurs rangs ou servir d'ouvrier à leur armée. Notre mode de vie était tout simplement barbare, affirmaient-ils.
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« Quand je repense à ma jeunesse, mes souvenirs les plus heureux sont ceux avec Lhamo. Et on a passé, quoi,... un mois ensemble en tout ?
_ Seulement ? demandé - je.
_ C'est étrange, non, comme quelques fractions du passé semblent se dilater dans notre esprit, alors que tant d'autres s'évaporent.
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Je me recule contre la vitre de l'Abribus.Je ne sais plus à combien d'immolations nous en sommes. (...)
Il y a eu tant d'auto- immolations que nous savons à quoi nous attendre, maintenant. Si les nonnes parviennent à résister, la jeune femme aura peut-être droit à des funérailles dignes de ce nom; mais si les soldats s'emparent de sa dépouille, tout espoir est perdu.Même dans le cas où elles parviendraient à organiser la cérémonie, les nonnes seront punies ensuite.La famille de la victime aussi.Le village subira davantage de restrictions, de présence militaire,d'arrestations qui rendent la vie intenable. Une protestation par le feu de plus.Le cycle continue.

( p.339)
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Cela fait dix ans que ces envahisseurs impies dévorent notre pays. Ils l’ont grignoté à si petites bouchées que nous ne l’avons pas remarqué avant que la moitié de notre corps ait disparu. 
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Nous sommes à la frontière. L'embouchure de notre pays.Le reconnais-tu? Ces dimensions mythiques, cette beauté tourmentée ? Un grillage découpe la terre, mais un grillage ne peut pas arrêter les morts.On en trouve la preuve tout autour de nous, dans ces cendres libérées en silence, ces derniers gestes de dévotion.
Et les vivants, alors ? Pendant des années, j'ai entretenu le rêve d'un retour au pays.À présent que je suis là, je prends conscience de mon statut d'étrangère; car que suis-je de cet endroit, de ce qui s'étend au-delà du grillage ? Même ma question est erronée. Le savoir.Une divinité si dérisoire, que j'ai vénérée pendant des années. Tous les livres du monde mis bout à bout ne signifieraient rien, dans cette immensité.
Pourtant, debout là sur la brèche entre deux mondes, j'éprouve une certaine stabilité. C'est un seuil familier, qui débouche sur des directions opposées : devant un pays où je ne peux pas pénétrer. Derrière , un monde qui ne peut pas être le mien.Que j'avance ou que je recule, aucun mouvement n'a de sens.Je dois donc rester entre deux sphères.
Anna, je comprends enfin d'où viennent mes difficultés. Je suis née à cette frontière, et j'ai vécu à cette frontière. Dans notre camp, dans mon école à Katmandou, en Occident : je me suis toujours tenue là.Au bord du devenir.

( p.564)
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Dans le Mustang j'avais cru que nous avions atteint les basses terres ; mais ici, l'air est épais au point d'en devenir irrespirable. Cela m'efffraie de penser que la terre pourrait continuer à dégringoler encore et encore. En même temps, le soleil devient de plus en plus chaud comme s'il voulait nous brûler
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Tenkyi a toujours eu des difficultés, mais elle les cache bien.Parfois, j'ai l'impression que les gens veulent seulement voir ses dons.Ils veulent qu'elle prouve ce dont nous sommes capables.C'est un lourd fardeau à porter, tu ne crois pas ?

( p.396)
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LHAMO

Pokhara, Népal
Camp de réfugiés tibétains de Tsemo Seymakar
1973

Depuis la colline au sommet plat qui surplombe notre camp, je vois les hommes installer de nouveaux toits en tôle ondulée, créant de petits lacs de métal qui brillent à la lumière. (...)
Quand arrive la mousson, la pluie a changé aussi.Elle ne tombe plus du ciel en tapis mouillé, dégoulinant à tout moment sur notre peau.Elle est désormais faite de clous- violents, menaçants, mais qui ne nous atteignent jamais. Les gens affirment avec fierté : notre camp fait du bruit sous la pluie.Nous n'avons pas de pays, mais nous avons un son.

( p.230)
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Dans notre prochaine vie, nous serons libres, en sécurité et heureuses. Nous grandirons sous le regard de nos parents tels des arbrisseaux, jusqu'à devenir des femmes fortes, capables de décider de notre propre sort.
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