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Magnifique. Émouvant. Bouleversant. Un énorme coup de coeur.
Cette chronique sur une famille fuyant le Tibet depuis son invasion par la Chine jusqu'à nos jours m'a conquise.
On y découvre l'âme du Tibet et de son peuple. Tout est transmis aux enfants, cela fait parti des gestes du quotidien.
Je connaissais l'histoire de Tibet à travers un film intitulé « Sept ans au Tibet ». J'y ai découvert la beauté du Tibet et de son peuple, mais aussi la fuite du Dalaï Lama à Dharamsala (Inde), si à l'époque je m'intéressais au bouddhisme, j'en suis venue à me documenter sur ce pays.
Dans Quand notre terre touchait le ciel, Tsering Yangzom Lama propose une histoire romancée particulièrement bien écrite et documentée sur un peuple délaissé par l'opinion mondiale tout comme les arméniens ainsi que d'autres peuples dont le génocide est passé à la trappe.
J'ai beaucoup aimé les personnages et leur force de caractère. Les péripéties du Saint Sans Nom, le ku apportent un lien entre Lhamo, Samphel et Dolma apportant une meilleure compréhension de la spiritualité, du mysticisme tibétain. Il laisse aussi entrevoir un énorme traffic ou commerce de reliques.
On y parle aussi de cette communauté qui espère retourner chez elle un jour et quitter les camps.
« Pour l'instant, nous devons partir. Mais nous continuerons à tourner autour de cette terre, dans cette vie et la suivante. C'est notre douleur et notre espoir. » Toute la sagesse d'un peuple et de son chef spirituel qui a mis en pratique ses convictions.
Une histoire romancée, proche de la réalité, qui laisse entrevoir la détresse de ceux qui ne sont pas partis. À lire absolument.
Merci aux éditions Buchet Chastel
#Quandnotreterretouchaitleciel #NetGalleyFrance
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Un grand, Grand MERCI aux éditions Buchet- Chastel ainsi qu'à Babelio, pour la réception de ce premier roman singulier et exceptionnel, ainsi qu'à l'heureuse prolongation favorisée par une rencontre ce lundi 6 février 2023, avec Tsering Yangzom Lama...


(*** Mes excuses anticipées....pour les interruptions possibles dans cette chronique; des soucis de connexion ralentissent mes dépôts de textes ou de citations )


Un très dense moment de lecture, aussi captivant que bouleversant, nous immergeant dans l' histoire du Tibet et des Tibétains, à travers la destinée de deux soeurs :Lhamo et Tenkyi...

Récit qui débute au printemps 1960 au Tibet et s'achève dans les années 2012, au Canada !

Un roman des plus documentés d'une auteure qui est née en 1984 et a grandi au Népal, où sa famille s'est installée après avoir fui leur pays : le Tibet après l'attaque et l'annexion par la Chine...en 1959

L'histoire se déploie sur plus de 60 années ; texte rempli de poésie, de descriptions de traditions tibétaines, tant culinaires, que vestimentaires, rituelles, avec une part très significative sur les rites funéraires, la spiritualité, le dialogue avec les morts, qui font symbiose avec l'existence des vivants !

On suit sur plusieurs décennies l'histoire d'une famille tibétaine: les parents dont la mère, avec des dons d'Oracle et de médium, deux fillettes, l'aînée, Lhamo, aimante, travailleuse et sa petite soeur, Tenkyi, considérée comme la plus intelligente et la plus brillante, sera envoyée loin pour faire des études et être la fierté de sa communauté ;
Ce qui nous paraît au début comme une chance incroyable, se révélera au fil de la vie de la cadette comme un fardeau écrasant...Chacune des deux soeurs fera du mieux qu'elle peut, avec au fond de chacune d'elle, l'amour de leurs parents et leur volonté intacte de les " honorer"

C'est une lecture que l' on fait doucement tant il regorge d'informations et de détails sur l' histoire et la culture tibétaines.Un récit multicolore, avec mille directions; Fort délicat d'en rendre un juste et fidèle écho...tant l'auteur a su traiter des sujets les plus divers, construisant un immense arbre aux multiples ramifications....

En sus des parcours de ces deux soeurs, il y a aussi un troisième personnage féminin au caractère déterminé et combattif: la nièce de la cadette, Dolma, qui se révolte contre le trafic des antiquités du pays de ses aïeux, dont un objet inestimable ( et spirituellement et... financièrement!): " le Saint sans nom " qui va être le fil conducteur de cette famille à travers ses divers exils !

On comprend d'autant mieux lorsqu'on parcourt les remerciements en fin de volume où l'auteure nous apprend qu'elle a passé dix années à se documenter et à écrire ce premier roman foisonnant!

Elle rend hommage à la multitude de sources savantes ou non, incluant des chercheurs, des proches, des écrivains, des organisations ; que cela soit pour les oracles tibétains, les conditions de vie des premiers réfugiés tibétains au Népal dans les années 60, les premières années de l'occupation et de la résistance tibétaine, le commerce des antiquités tibétaines ,etc.

Un très beau remerciement final à ses parents " Enfin, je veux remercier mon défunt père, qui m'a appris à aimer les livres, rire aux éclats et rêver sans limites. Bien que tu ne puisses pas tenir ce livre dans tes mains, ton amour est présent à chaque ligne.Merci à ma mère, qui a traversé tant d'épreuves dans cette vie, sans perdre son sens de l'humour taquin et son coeur d'or: tu es mon héroïne ".


La seule petite difficulté au début de la lecture à été les sauts spatiaux- temporels: changement de la narratrice, de pays et de chronologie...qui, dans un premier temps, m'a déboussolée...!

Comme l' écrivaine nous l'a fort bien expliqué à la soirée- rencontre de ce lundi 6 février, ce choix de narration a été choisi délibérément pour désorienter le lecteur, et lui faire ressentir la propre désorientation des Tibétains exilés et devenus par la violence de leur histoire, des apatrides, à jamais !

"
(...) " Qui êtes-vous ?" Nous sommes des réfugiés. Nous avons obtenu l'asile.L'État chinois s'est emparé de notre pays et a massacré notre peuple- 1,2 million de personnes. Nos preuves d'identité sont dérisoires- de simples bouts de papier plastifiés, pas de passeports en cuir gaufré comme les vôtres-, et la plupart des nations ne les acceptent pas.Nous vous prions de ne pas vous arrêter à notre déchéance actuelle. Vous auriez dû nous voir avant l'invasion, quand notre pays avait des rois, des dieux, et une histoire ininterrompue depuis des temps immémoriaux. "









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Mourir en exil, c'est se voir accorder une mort inappropriée, une mort qui évapore tout espoir de retour, pire que presque la mort elle-même. 2012, à cheval sur un sentier qui borde une gorge raide, à la frontière entre le Népal et le Tibet, Samphel et sa fille Dolma ramène chez elle, les cendres d'Alma Lhamo. Il y a 50 ans les Chinois se sont emparés de leur pays et ont massacré leur peuple, ils ne voulaient pas seulement les terres, mais aussi occuper leurs esprits.
Tsering Yangzom Lama nous raconte l'histoire du peuple tibétain à travers les voix de trois générations de femme. Ce roman sur l'exil est une plongée dans l'Histoire du Tibet sur six décennies. D'un bout à l'autre de cette épopée nous comprenons l'ampleur de la culture tibétaine et l'importance de la spiritualité, des oracles, des rituels. L'auteur oscille avec fluidité entre le passé et le présent. Nous accompagnons cette famille dans l'exil et leur interminable randonnée à travers l'Himalaya jusqu'à un camp de réfugiés à la frontière du Népal. Nous partageons leur vie quotidienne dans ce camp. Nous suivons les pérégrinations de Ku une statue représentant « Un Saint Sans Nom » victime de la spoliation et du trafic des antiquités tibétaines. Nous voilà au Canada, avec la nouvelle génération qui n'a pas oublié ses racines.

Malgré quelques longueurs et des prénoms qui se mélangent, ce récit m'a permis de découvrir une culture que je ne connaissais pas et qui peut paraitre un peu hors du temps, mais qui a des valeurs profondes fondées sur la famille et le respect des traditions. La couverture est splendide et nous donne vraiment envie d'entrer dans le livre


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Le Tibet fascine...
Il n'y a qu'à voir l'engouement sans cesse renouvelé pour les récits d'Alexandra David-Neel, exploratrice et écrivaine qui atteint Lhassa , la capitale du Tibet en 1924 , déguisée en moine ou pour le roman Les horizons perdus de James Hilton avec le lieu Shrangri-La , imaginaire mais qui a alimenté les phantasmes de voyageurs nostalgiques .

Le Tibet s'exile ...
Le pays a connu depuis des siècles plusieurs dominations au cours de son histoire, Mongols, Chinois ...

En 1959, au moment où commence le roman, l'armée chinoise envahit le Tibet et Le Dalaï Lama s'exile en Inde.
Ama, la mère, oracle qui communique avec les esprits va conduire les habitants du village à travers les montagnes jusqu'au Népal.

C'est Lhamo, sa fille ainée qui raconte le périple dangereux de ces gens qui ont tout laissé, se nourrissant de racines et de baies sauvages , subissant de plein fouet les rigueurs du climat, beaucoup mourront en route. Lhamo et sa petite soeur arrivent dans un camp de fortune à Pokhara , au Népal avec leur oncle qui va les élever comme ses filles .
Le récit ensuite alterne entre les époques et les pays, raconté par Lhamo qui construit sa vie dans ce camp , Tenkhi qui part en Inde faire ses études puis au Canada et Dolma , la fille de Lhamo qui , une fois adulte , va rejoindre sa tante à Toronto pour poursuivre ses études universitaires espérant faire des recherches historiques sur le Tibet .

Bien que Lhamo et Tenkyi aient quitté leur pays enfants, leurs attaches avec le Tibet restent fortes, leur mode de vie, leurs croyances et leur coutumes qui sont bien détaillés dans ce livre sont perpétués par les plus âgés et transmis aux jeunes générations, ces tibétains restent soudés, solidaires avec l'espoir de retourner chez eux, même si cet espoir s'amenuise au fur et à mesure des années.
Cet amour pour leur pays est émouvant , les liens familiaux sont très forts et l'entraide est un élément essentiel de leur culture ainsi que le dialogue avec leurs saints.

Le fil rouge entre toutes ces époques est d'ailleurs une petite statuette en argile , objet de vénération , qui veille sur eux.

Cependant au cours du récit on peut s'interroger , d'abord sur le manque de soutien des autres pays, lors de l'invasion chinoise,.
"Qui êtes-vous? Nous sommes des réfugiés. Nous avons obtenu l'asile. L'État chinois s'est emparé de notre pays et a massacré notre peuple- 1,2 million de personnes . Nos preuves d'identité sont dérisoires - de simples bouts de papier plastifiés, pas de passeports en papier gaufré comme les vôtres - et la plupart des nations ne les acceptent pas"

Ensuite, ce qui m'a frappé , c'est la condescendance qu'expriment les occidentaux , ceci est flagrant lorsque Dolma s'adresse aux professeurs canadiens en leur faisant part de ses projets :

"Néanmoins, les sourcils haussés et les sourires sans joie des professeurs m'emplissent d'une tristesse inédite , car ils révèlent mon statut à leurs yeux. Leurs regards ne sont pas ceux de tuteurs face à leur élève ; ils reflètent un déséquilibre établi. Ils m'observent comme une enfant qu'on tolère à table, tant qu'elle sait rester à sa place. Cela fait des années que je perçois cette vérité brutale mais cachée - le fait que les sourires de bienvenue de ce pays dissimulent une immense et impénétrable muraille : l'idée mythique que la nation se fait de sa propre bonté. "

Un grand sentiment de tristesse et d'impuissance émane de ce roman , le destin de ces femmes exilées est marquant, elles sont entourées de leurs morts qui dans des visions très poétiques viennent les réconforter et elles restent soudées entre elles ne formant qu'une seule grande famille

" Quand je songe à ma vie jusqu'ici, je me rends compte qu'elle a été peuplée de femmes qui ont enduré de terribles deuils - Shumo Yangsel la mère de Gen Lobsang - et qui ont voulu prendre soin de moi comme d'une fille adoptive. En fin de compte, c'est peut-être comme cela que nous survivons. En ramassant les miettes de nous-mêmes , pour les offrir avec sincérité à quelqu'un d'autre. "

je remercie grandement NetGalley et les Editions Buchet Chastel pour m'avoir fait découvrir ce récit qui restera ancré dans ma mémoire .
#Quandnotreterretouchaitleciel #NetGalleyFrance
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" Ce n'est pas une mince décision, partir, déclara-t-elle d'une voix ferme et familière. Nos foyers sont ici. Nos dieux sont ici, dans nos montagnes et nos rivières, que nous connaissons si bien. Nous sommes liés à cette terre, et elle est liée à nous, de toutes les manières possibles. Mais une chose me paraît désormais claire. Cette destruction ne connaîtra pas de trêve, pas avant des années. Pendant ce temps, les issues ne cesseront de s'amenuiser, jusqu'à ce que seule une poignée de personnes parviennent à franchir la frontière chaque année, comme les dernières gouttes de pluie après un orage. Pour cette raison, ma famille et moi partirons demain soir. Si vous voulez nous accompagner, rassemblez vos affaires immédiatement. Soyez prêts à vous mettre en route quand les nuages masqueront la lune. Les esprits m'ont indiqué le chemin. "

L'armée chinoise envahit le Tibet en 1959 et une année plus tard, Ama, qui communique avec les esprits va guider les siens sur le chemin de l'éxil.. Ama, son époux et leurs deux filles, Lhamo et Tenkyi et l'oncle.

Et c'est une histoire familiale que l'auteure nous raconte, des parents en exil aux enfants migrants au Canada. C'est un pays qu'elle nous raconte, ce Tibet connu par bien des aspects mais peut être moins bien connu du point de vue de ces croyances par exemple, comme de la vie dans les camps de réfugiés.
Tsering Yan gzomlama qui vit au Canada, semble être en quête pour toujours connaître davantage l'histoire du passé et du présent.
" Nos histoires sont notre survie " nous confie t-elle dans ses remerciements.

Pour être sincère j'ai eu quelques difficultés à pénétrer le coeur de cette famille, il m'a fallu lire quelques chapitres pour comprendre et vibrer en empathie avec Lhamo, Dolma.....pour verser des larmes de compassion dans les toutes dernières pages.
#Quandnotreterretouchaitleciel #NetGalleyFrance
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Au printemps 1960, des rumeurs planèrent comme des corbeaux, jusqu'à un village, loin dans l'ouest du Tibet, celui de Lhamo. Par l'intermédiaire de son meilleur ami, Lhaksam, employé d'un marchand ambulant, elle sut avant tout le monde, qu'ils venaient d'être envahi par l'armée chinoise.

"Dans ces collines, Lhaksam me rapporta des histoires épouvantables. Des soldats gyamis s'étaient emparés de terres agricoles dans l'Est, et une grande partie des nôtres n'avait plus rien à manger. Pas de céréales, pas de sel, pas de viande ni même de beurre. Je restai hébétée un moment après avoir entendu cela, incapable d'imaginer une vie sans beurre. Lhaksam me raconta que même si le calme régnait chez nous, la résistance faisait rage à l'est, dans des endroits où des oiseaux de fer sillonnaient le ciel, où des balles énormes et minuscules pleuvaient sur des villes entières et aplatissaient les gens comme de simples effigies en pâte, et où des membres humains atterrissaient brusquement sur les toits, sans que l'on puisse dire si on avait retrouvé la main d'un proche ou d'un étranger."

Poussé par les oppresseurs, qui détruisent tout sur leur passage, le dalaï-lama est obligé de s'enfuir, malgré le rempart de milliers de corps.
"Après le départ du Très Précieux, le soleil disparut de notre ciel. Les fleurs refusèrent d'éclore, et nos yacks ne donnèrent plus de lait. Dans ces ténèbres, chaque famille du village se demanda s'il était temps de partir, de suivre notre guide dans les basses terres, jusqu'au jour où nous pourrions rentrer en toute sécurité. D'autres récitèrent une ancienne prophétie de mauvais augure : Quand l'oiseau de fer volera et que les chevaux auront des roues, le Peuple des Neiges se dispersera comme des fourmis à la surface de la terre."

Les chinois faisaient la chasse à ceux qui pratiquer le spiritisme. Lhamo, sa soeur Tenkyi et leurs parents, sont concernés, car leur mère, est une oracle qui communique avec les esprits.

Suite à ces mauvaises nouvelles, la famille décide de partir, accompagné par d'autres habitants du village. Guidés par la mère, ils traverseront l'Himalaya, jusqu'à la frontière népalaise.
Une longue route les attend, semée d'embûches, le froid, la faim, les décès qui toucheront particulièrement les deux soeurs.

Une terre inhospitalière les attend, où ils devront tout reconstruire.
Je connaissais très peu l'histoire des tibétains, grâce à ce récit j'aurais beaucoup appris sur leurs coutumes, leur alimentation, leurs vêtements, les rites funéraires qui durent des jours, leur religion.

Quand notre terre touchait le ciel de Tsering Yangzom Lama, est un très beau livre, qui fait revivre l'histoire et la culture du Tibet, sur trois générations et sur une soixantaine d'années. Pour ne pas oublier.

Deux petits bémols, quelques petites longueurs et un peu de mal avec les prénoms. Des petits détails personnels, qui ne m'ont pas empêché d'apprécier ma lecture, très intéressante.

"Saga familiale, roman de l'exil et de la perte ciselé de poésie et de spiritualité, Quand notre terre touchait le ciel raconte le destin d'un pays sacrifié, la douloureuse nostalgie d'une terre qu'on a quittée et la force inébranlable des liens familiaux."
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La première partie de ce livre est la plus émouvante, à hauteur d'enfant ; devant la violence et la mort, l'incompréhension, la peur, le repli sur les croyances et les rituels tibétains semble dérisoire contre les armes chinoises. le livre rend bien cette sidération du groupe familial devant la destruction des villages, la négation de leur culture.
Dans la seconde partie, c'est l'exil, la séparation et la survie dans les camps de réfugiés au Népal ; l'auteure nous fait partager avec émotion cette résignation face à l'inévitable, l'instinct de survie mais aussi le deuil intérieur, inconsolable, interminable et qui empêche toute reconstruction.
L'habileté de l'auteur tient au rôle central de cette statuette de terre (le ku ou Saint sans Nom) qui relie les membres survivants, les ramènent à leur religion, mais qui subit la convoitise des occidentaux avec la complicité de quelques autochtones. Ce fil rouge donne à l'intrigue le suspense et nous fait partager une partie de la magie des rites tibétains.

Malgré certaines lenteurs et dilutions, malgré quelques difficultés à suivre le scénario, en double flashback, écrit à la première personne mais sur des personnages différents et dont les noms varient, ce beau roman est une réussite.
J'ai appris beaucoup de choses sur le drame du Tibet, sur le traumatisme des populations et un peu sur une culture trop souvent réduite par notre filtre culturel, à ce qu'on en voit (moines, petits drapeaux de prière...).
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Voyager avec les personnages, ressentir leur misère, partager leur peine… Beaucoup d'émotions pour une très belle histoire.
Lu grâce aux rencontres d'auteur organisé Babelio, j'ai pu découvrir ce roman poignant qui m'a permis découvrir le sort d'humain de l'autre côté du globe. Sans cette opportunité, je n'aurais peut-être jamais été vers ce livre, ce qui aurait été une erreur.
Paru en février 2023, Quand notre terre touchait le ciel relate l'histoire d'exilés tibétains ayant dû fuir leur pays pour survivre à l'envahisseur chinois. le titre français met en valeur la perte culturelle et religieuse de cette invasion et de cet exil, lorsque le titre anglais We measure Earth with our Bodies (Nous mesurons la terre avec nos corps.), au-delà de traduire un rite pratiqué au Tibet, représente à mon sens les pertes humaines et la volonté de certains de retrouver leur pays.
Le livre est émotionnellement prenant. Je suis personnellement passé par la colère, le dégoût, l'admiration, la honte et les larmes grâce à ce roman.
L'auteure fait passer de nombreux messages grâce à son roman, mais les deux leçons majeures que j'en ai tiré sont tout d'abord historique puisque je ne savais malheureusement pas ce qu'il s'était passé au Tibet et les conséquences que les événements ont encore aujourd'hui. Dans un second temps, j'ai de nouveau remis en question notre moyen de préserver la culture aujourd'hui. Je ne veux pas, dans cette critique, spoiler quoi que ce soit pour ne pas biaiser la lecture de ce roman et ne peux donc pas développer ce propos, mais à la lecture, vous comprendrez ce que je veux dire.
En suivant trois génération de personnages depuis les années 70, on apprend beaucoup de chose autant sur l'histoire, que sur les coutumes et modes de vie, en passant par le sentiment de déracinement et la perte d'identité… Sur un fond, au premier abord, fantastique ou mystique, on suit une histoire, qui malgré la triste réalité qui rattrape toujours les personnages, présente une communauté profondément humaine magnifiée par la plume de l'auteure et la chronologie du récit met en valeur des personnages et des situations d'une beauté ressortant d'autant plus. Bien que ce roman ne nous amène pas à sourire à chaque page, il déborde d'une richesse qu'il faut saisir.
L'ensemble du roman est à découvrir autant pour son écriture et sa narration que pour son épopée. Cependant, je pense qu'il y a trois points à prendre en compte :
- Premièrement, le roman est long, même si cela est nécessaire pour saisir l'entièreté du roman. Je conseille de prendre le temps de le lire sans l'entrecouper avec une autre histoire.
- Deuxièmement, j'ai personnellement trouvé le roman émotionnellement dur. J'aurais dû préparer des mouchoirs.
- Troisièmement (seul point négatif selon moi, qui est légèrement dommageable) le roman pousse un peu trop le féminisme. J'ai trouvé très bien que les personnages féminins soient forts et courageux. Cependant, j'ai trouvé la grande majorité des personnages masculins négatifs. Les femmes sont fortes portant l'exode et la reconstruction de la communauté lorsque les hommes sont fainéants, lâches et trompent leur femme. Seuls les anciens sont sages et vénérables.
Pour conclure, c'est un roman à lire. Il n'y a rien d'autre à ajouter.
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Le 17 mars 1959, le jeune Tenzin Gyatso, le quatorzième dalaï-lama, chef spirituel et temporel du Tibet, doit fuir.
Suivra une vague migratoire de nombreux tibétains qui sont menacés, persécutés, en danger.
Parmi eux, les soeurs Lhamo et Tenkyi, leurs parents et leur oncle. Malheureusement, durant l'exile, les filles verront mourir leur père, puis leur mère, une oracle qui communiquait avec les esprits.
Mais pas le temps de les pleurer, il faut continuer, fuir coûte que coûte. Mais l'arrivée au premier camp fait prendre conscience au groupe, que leur vie ne sera plus jamais la même et les conditions de survie seront plus que difficiles.
Les tibétains gardent espoir de retrouver leur proche dans les différents camp et de revoir leurs terres, un jour. Mais la vérité et la désillusion prend rapidement le dessus. Aujourd'hui, l'important est de survivre sur ces terres stériles, de recréer un environnement familier, essayer de continuer à vivre, ...
Tout comme Lhamo, nombreux devront se sacrifier pour que les plus jeunes, tout comme Tenkyi puissent accéder à l'éducation et peut-être, un jour, une vie meilleure.
Mais la vie est finalement une désillusion, loin de cette terre qui touchait le ciel ...
C'est ce que démondre Tsering Yangzom Lama dans son premier roman sur ces exilés tibétains : perte d'identité, déracinement, apatride, maintien de la culture, pauvreté, survie, ...
Ce roman est extrêment touchant, tout en étant révoltant. Il permet d'entreparcevoir ce peuple que l'on oublie trop souvent et découvrir un pan d'histoire, de ces hommes et femmes qui rêvent de revoir leur terre et de "Free Tibet". Un roman fort en messages et magnifiquement bien écrit. A lire impérativement.
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Tsering Yangzom Lama est tibéto-canadienne. Il est née en 1984 et signe avec "Quand notre terre touchait le ciel" un premier roman polyphonique. Elle raconte sur trois générations, les bouleversements survenus lors de l'invasion du Tibet par la Chine en 1959 et les conséquences sur la population tibétaine dont une partie s'exila. le roman est découpé en quatre parties. La mère, Ama est un oracle. Les superstitions et la religion bouddhique sont pointées du doigt par les chinois comme une entrave à la modernisation du peuple tibétain et un asservissement. Dans le roman, l'Armée populaire de libération était le peuple gyami, des basses terres de l'Est. Lhamo prend la tête des villageois qui fuient par l'Himalaya en direction du Népal. Son époux meurt de froid dans les montagnes. Lhamo et ses deux filles atteignent le Népal au printemps 1961. Avant d'entrer dans ce nouveau pays, elle abandonne son rôle d'oracle et dorénavant refuse aux esprits de communiquer à travers elle. Dans le camp de réfugiés tibétains, elle devient tresseuse de cordes. Pourtant, les rêves prophétiques subsistent lui montrant le destins de ses proches et surtout de ses deux filles. La cadette, Tenkyi, ira jusqu'au Canada où elle accueillera ensuite sa nièce, étudiante. Lhamo, la fille aînée, elle restera au camp de réfugiés. Lhamo garde de son pays d'origine, les récits, les impressions. Elle est la mémoire. Tandis que Tenkyi est tourné vers le monde. Lhamo conserve la vision du passé alors que sa jeune soeur est tourné vers l'avenir. Il s'agit de deux destins tourmentés. L'exil n'a pas eu le même impact pour les deux soeurs même si le lecteur se rend compte que les dégâts sur leur existence est dramatique. La survie a été la plus forte. Dolma, la troisième génération vit dans le monde tout en conservant ses racines tibétaines. Même si elle ne connaît pas son pays, elle respire le Tibet, elle vit le Tibet.
Tout au long du roman, le Saint Sans Nom accompagne les deux soeurs. Il s'agit d'une statuette qui protège et soigne. Elle a des pouvoirs. Mais un jour, elle est vendue et se retrouve chez un collectionneur au Canada. Dolma la vole pour qu'elle retourne dans son foyer originel. Et Dolma accompagné de son père, se rendra dans son pays, le Tibet pour disperser les cendres de sa mère.
C'est un très beau roman. Il est question de l'exil, de la transmission, de la continuation de la vie sous une autre forme. Il est émouvant. Les personnages sont magnifiques.
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