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EAN : 9782283037010
480 pages
Buchet-Chastel (02/02/2023)
4.02/5   115 notes
Résumé :
1959, l’armée chinoise envahit le Tibet, détruisant temples et statues sur son passage alors que s’enfuit le dalaï-lama. Dans leur village de montagne, Lhamo, sa sœur Tenkyi et leurs parents sont particulièrement exposés, car la mère est une oracle désignée pour communiquer avec les esprits. C’est elle qui guidera
ses proches à travers l’Himalaya, vers la frontière népalaise où ils espèrent rebâtir une communauté, dans l’attente de retrouver leur terre natale... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
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Magnifique. Émouvant. Bouleversant. Un énorme coup de coeur.
Cette chronique sur une famille fuyant le Tibet depuis son invasion par la Chine jusqu'à nos jours m'a conquise.
On y découvre l'âme du Tibet et de son peuple. Tout est transmis aux enfants, cela fait parti des gestes du quotidien.
Je connaissais l'histoire de Tibet à travers un film intitulé « Sept ans au Tibet ». J'y ai découvert la beauté du Tibet et de son peuple, mais aussi la fuite du Dalaï Lama à Dharamsala (Inde), si à l'époque je m'intéressais au bouddhisme, j'en suis venue à me documenter sur ce pays.
Dans Quand notre terre touchait le ciel, Tsering Yangzom Lama propose une histoire romancée particulièrement bien écrite et documentée sur un peuple délaissé par l'opinion mondiale tout comme les arméniens ainsi que d'autres peuples dont le génocide est passé à la trappe.
J'ai beaucoup aimé les personnages et leur force de caractère. Les péripéties du Saint Sans Nom, le ku apportent un lien entre Lhamo, Samphel et Dolma apportant une meilleure compréhension de la spiritualité, du mysticisme tibétain. Il laisse aussi entrevoir un énorme traffic ou commerce de reliques.
On y parle aussi de cette communauté qui espère retourner chez elle un jour et quitter les camps.
« Pour l'instant, nous devons partir. Mais nous continuerons à tourner autour de cette terre, dans cette vie et la suivante. C'est notre douleur et notre espoir. » Toute la sagesse d'un peuple et de son chef spirituel qui a mis en pratique ses convictions.
Une histoire romancée, proche de la réalité, qui laisse entrevoir la détresse de ceux qui ne sont pas partis. À lire absolument.
Merci aux éditions Buchet Chastel
#Quandnotreterretouchaitleciel #NetGalleyFrance
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Un grand, Grand MERCI aux éditions Buchet- Chastel ainsi qu'à Babelio, pour la réception de ce premier roman singulier et exceptionnel, ainsi qu'à l'heureuse prolongation favorisée par une rencontre ce lundi 6 février 2023, avec Tsering Yangzom Lama...


(*** Mes excuses anticipées....pour les interruptions possibles dans cette chronique; des soucis de connexion ralentissent mes dépôts de textes ou de citations )


Un très dense moment de lecture, aussi captivant que bouleversant, nous immergeant dans l' histoire du Tibet et des Tibétains, à travers la destinée de deux soeurs :Lhamo et Tenkyi...

Récit qui débute au printemps 1960 au Tibet et s'achève dans les années 2012, au Canada !

Un roman des plus documentés d'une auteure qui est née en 1984 et a grandi au Népal, où sa famille s'est installée après avoir fui leur pays : le Tibet après l'attaque et l'annexion par la Chine...en 1959

L'histoire se déploie sur plus de 60 années ; texte rempli de poésie, de descriptions de traditions tibétaines, tant culinaires, que vestimentaires, rituelles, avec une part très significative sur les rites funéraires, la spiritualité, le dialogue avec les morts, qui font symbiose avec l'existence des vivants !

On suit sur plusieurs décennies l'histoire d'une famille tibétaine: les parents dont la mère, avec des dons d'Oracle et de médium, deux fillettes, l'aînée, Lhamo, aimante, travailleuse et sa petite soeur, Tenkyi, considérée comme la plus intelligente et la plus brillante, sera envoyée loin pour faire des études et être la fierté de sa communauté ;
Ce qui nous paraît au début comme une chance incroyable, se révélera au fil de la vie de la cadette comme un fardeau écrasant...Chacune des deux soeurs fera du mieux qu'elle peut, avec au fond de chacune d'elle, l'amour de leurs parents et leur volonté intacte de les " honorer"

C'est une lecture que l' on fait doucement tant il regorge d'informations et de détails sur l' histoire et la culture tibétaines.Un récit multicolore, avec mille directions; Fort délicat d'en rendre un juste et fidèle écho...tant l'auteur a su traiter des sujets les plus divers, construisant un immense arbre aux multiples ramifications....

En sus des parcours de ces deux soeurs, il y a aussi un troisième personnage féminin au caractère déterminé et combattif: la nièce de la cadette, Dolma, qui se révolte contre le trafic des antiquités du pays de ses aïeux, dont un objet inestimable ( et spirituellement et... financièrement!): " le Saint sans nom " qui va être le fil conducteur de cette famille à travers ses divers exils !

On comprend d'autant mieux lorsqu'on parcourt les remerciements en fin de volume où l'auteure nous apprend qu'elle a passé dix années à se documenter et à écrire ce premier roman foisonnant!

Elle rend hommage à la multitude de sources savantes ou non, incluant des chercheurs, des proches, des écrivains, des organisations ; que cela soit pour les oracles tibétains, les conditions de vie des premiers réfugiés tibétains au Népal dans les années 60, les premières années de l'occupation et de la résistance tibétaine, le commerce des antiquités tibétaines ,etc.

Un très beau remerciement final à ses parents " Enfin, je veux remercier mon défunt père, qui m'a appris à aimer les livres, rire aux éclats et rêver sans limites. Bien que tu ne puisses pas tenir ce livre dans tes mains, ton amour est présent à chaque ligne.Merci à ma mère, qui a traversé tant d'épreuves dans cette vie, sans perdre son sens de l'humour taquin et son coeur d'or: tu es mon héroïne ".


La seule petite difficulté au début de la lecture à été les sauts spatiaux- temporels: changement de la narratrice, de pays et de chronologie...qui, dans un premier temps, m'a déboussolée...!

Comme l' écrivaine nous l'a fort bien expliqué à la soirée- rencontre de ce lundi 6 février, ce choix de narration a été choisi délibérément pour désorienter le lecteur, et lui faire ressentir la propre désorientation des Tibétains exilés et devenus par la violence de leur histoire, des apatrides, à jamais !

"
(...) " Qui êtes-vous ?" Nous sommes des réfugiés. Nous avons obtenu l'asile.L'État chinois s'est emparé de notre pays et a massacré notre peuple- 1,2 million de personnes. Nos preuves d'identité sont dérisoires- de simples bouts de papier plastifiés, pas de passeports en cuir gaufré comme les vôtres-, et la plupart des nations ne les acceptent pas.Nous vous prions de ne pas vous arrêter à notre déchéance actuelle. Vous auriez dû nous voir avant l'invasion, quand notre pays avait des rois, des dieux, et une histoire ininterrompue depuis des temps immémoriaux. "









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Mourir en exil, c'est se voir accorder une mort inappropriée, une mort qui évapore tout espoir de retour, pire que presque la mort elle-même. 2012, à cheval sur un sentier qui borde une gorge raide, à la frontière entre le Népal et le Tibet, Samphel et sa fille Dolma ramène chez elle, les cendres d'Alma Lhamo. Il y a 50 ans les Chinois se sont emparés de leur pays et ont massacré leur peuple, ils ne voulaient pas seulement les terres, mais aussi occuper leurs esprits.
Tsering Yangzom Lama nous raconte l'histoire du peuple tibétain à travers les voix de trois générations de femme. Ce roman sur l'exil est une plongée dans l'Histoire du Tibet sur six décennies. D'un bout à l'autre de cette épopée nous comprenons l'ampleur de la culture tibétaine et l'importance de la spiritualité, des oracles, des rituels. L'auteur oscille avec fluidité entre le passé et le présent. Nous accompagnons cette famille dans l'exil et leur interminable randonnée à travers l'Himalaya jusqu'à un camp de réfugiés à la frontière du Népal. Nous partageons leur vie quotidienne dans ce camp. Nous suivons les pérégrinations de Ku une statue représentant « Un Saint Sans Nom » victime de la spoliation et du trafic des antiquités tibétaines. Nous voilà au Canada, avec la nouvelle génération qui n'a pas oublié ses racines.

Malgré quelques longueurs et des prénoms qui se mélangent, ce récit m'a permis de découvrir une culture que je ne connaissais pas et qui peut paraitre un peu hors du temps, mais qui a des valeurs profondes fondées sur la famille et le respect des traditions. La couverture est splendide et nous donne vraiment envie d'entrer dans le livre


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Le Tibet fascine...
Il n'y a qu'à voir l'engouement sans cesse renouvelé pour les récits d'Alexandra David-Neel, exploratrice et écrivaine qui atteint Lhassa , la capitale du Tibet en 1924 , déguisée en moine ou pour le roman Les horizons perdus de James Hilton avec le lieu Shrangri-La , imaginaire mais qui a alimenté les phantasmes de voyageurs nostalgiques .

Le Tibet s'exile ...
Le pays a connu depuis des siècles plusieurs dominations au cours de son histoire, Mongols, Chinois ...

En 1959, au moment où commence le roman, l'armée chinoise envahit le Tibet et Le Dalaï Lama s'exile en Inde.
Ama, la mère, oracle qui communique avec les esprits va conduire les habitants du village à travers les montagnes jusqu'au Népal.

C'est Lhamo, sa fille ainée qui raconte le périple dangereux de ces gens qui ont tout laissé, se nourrissant de racines et de baies sauvages , subissant de plein fouet les rigueurs du climat, beaucoup mourront en route. Lhamo et sa petite soeur arrivent dans un camp de fortune à Pokhara , au Népal avec leur oncle qui va les élever comme ses filles .
Le récit ensuite alterne entre les époques et les pays, raconté par Lhamo qui construit sa vie dans ce camp , Tenkhi qui part en Inde faire ses études puis au Canada et Dolma , la fille de Lhamo qui , une fois adulte , va rejoindre sa tante à Toronto pour poursuivre ses études universitaires espérant faire des recherches historiques sur le Tibet .

Bien que Lhamo et Tenkyi aient quitté leur pays enfants, leurs attaches avec le Tibet restent fortes, leur mode de vie, leurs croyances et leur coutumes qui sont bien détaillés dans ce livre sont perpétués par les plus âgés et transmis aux jeunes générations, ces tibétains restent soudés, solidaires avec l'espoir de retourner chez eux, même si cet espoir s'amenuise au fur et à mesure des années.
Cet amour pour leur pays est émouvant , les liens familiaux sont très forts et l'entraide est un élément essentiel de leur culture ainsi que le dialogue avec leurs saints.

Le fil rouge entre toutes ces époques est d'ailleurs une petite statuette en argile , objet de vénération , qui veille sur eux.

Cependant au cours du récit on peut s'interroger , d'abord sur le manque de soutien des autres pays, lors de l'invasion chinoise,.
"Qui êtes-vous? Nous sommes des réfugiés. Nous avons obtenu l'asile. L'État chinois s'est emparé de notre pays et a massacré notre peuple- 1,2 million de personnes . Nos preuves d'identité sont dérisoires - de simples bouts de papier plastifiés, pas de passeports en papier gaufré comme les vôtres - et la plupart des nations ne les acceptent pas"

Ensuite, ce qui m'a frappé , c'est la condescendance qu'expriment les occidentaux , ceci est flagrant lorsque Dolma s'adresse aux professeurs canadiens en leur faisant part de ses projets :

"Néanmoins, les sourcils haussés et les sourires sans joie des professeurs m'emplissent d'une tristesse inédite , car ils révèlent mon statut à leurs yeux. Leurs regards ne sont pas ceux de tuteurs face à leur élève ; ils reflètent un déséquilibre établi. Ils m'observent comme une enfant qu'on tolère à table, tant qu'elle sait rester à sa place. Cela fait des années que je perçois cette vérité brutale mais cachée - le fait que les sourires de bienvenue de ce pays dissimulent une immense et impénétrable muraille : l'idée mythique que la nation se fait de sa propre bonté. "

Un grand sentiment de tristesse et d'impuissance émane de ce roman , le destin de ces femmes exilées est marquant, elles sont entourées de leurs morts qui dans des visions très poétiques viennent les réconforter et elles restent soudées entre elles ne formant qu'une seule grande famille

" Quand je songe à ma vie jusqu'ici, je me rends compte qu'elle a été peuplée de femmes qui ont enduré de terribles deuils - Shumo Yangsel la mère de Gen Lobsang - et qui ont voulu prendre soin de moi comme d'une fille adoptive. En fin de compte, c'est peut-être comme cela que nous survivons. En ramassant les miettes de nous-mêmes , pour les offrir avec sincérité à quelqu'un d'autre. "

je remercie grandement NetGalley et les Editions Buchet Chastel pour m'avoir fait découvrir ce récit qui restera ancré dans ma mémoire .
#Quandnotreterretouchaitleciel #NetGalleyFrance
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Au printemps 1960, des rumeurs planèrent comme des corbeaux, jusqu'à un village, loin dans l'ouest du Tibet, celui de Lhamo. Par l'intermédiaire de son meilleur ami, Lhaksam, employé d'un marchand ambulant, elle sut avant tout le monde, qu'ils venaient d'être envahi par l'armée chinoise.

"Dans ces collines, Lhaksam me rapporta des histoires épouvantables. Des soldats gyamis s'étaient emparés de terres agricoles dans l'Est, et une grande partie des nôtres n'avait plus rien à manger. Pas de céréales, pas de sel, pas de viande ni même de beurre. Je restai hébétée un moment après avoir entendu cela, incapable d'imaginer une vie sans beurre. Lhaksam me raconta que même si le calme régnait chez nous, la résistance faisait rage à l'est, dans des endroits où des oiseaux de fer sillonnaient le ciel, où des balles énormes et minuscules pleuvaient sur des villes entières et aplatissaient les gens comme de simples effigies en pâte, et où des membres humains atterrissaient brusquement sur les toits, sans que l'on puisse dire si on avait retrouvé la main d'un proche ou d'un étranger."

Poussé par les oppresseurs, qui détruisent tout sur leur passage, le dalaï-lama est obligé de s'enfuir, malgré le rempart de milliers de corps.
"Après le départ du Très Précieux, le soleil disparut de notre ciel. Les fleurs refusèrent d'éclore, et nos yacks ne donnèrent plus de lait. Dans ces ténèbres, chaque famille du village se demanda s'il était temps de partir, de suivre notre guide dans les basses terres, jusqu'au jour où nous pourrions rentrer en toute sécurité. D'autres récitèrent une ancienne prophétie de mauvais augure : Quand l'oiseau de fer volera et que les chevaux auront des roues, le Peuple des Neiges se dispersera comme des fourmis à la surface de la terre."

Les chinois faisaient la chasse à ceux qui pratiquer le spiritisme. Lhamo, sa soeur Tenkyi et leurs parents, sont concernés, car leur mère, est une oracle qui communique avec les esprits.

Suite à ces mauvaises nouvelles, la famille décide de partir, accompagné par d'autres habitants du village. Guidés par la mère, ils traverseront l'Himalaya, jusqu'à la frontière népalaise.
Une longue route les attend, semée d'embûches, le froid, la faim, les décès qui toucheront particulièrement les deux soeurs.

Une terre inhospitalière les attend, où ils devront tout reconstruire.
Je connaissais très peu l'histoire des tibétains, grâce à ce récit j'aurais beaucoup appris sur leurs coutumes, leur alimentation, leurs vêtements, les rites funéraires qui durent des jours, leur religion.

Quand notre terre touchait le ciel de Tsering Yangzom Lama, est un très beau livre, qui fait revivre l'histoire et la culture du Tibet, sur trois générations et sur une soixantaine d'années. Pour ne pas oublier.

Deux petits bémols, quelques petites longueurs et un peu de mal avec les prénoms. Des petits détails personnels, qui ne m'ont pas empêché d'apprécier ma lecture, très intéressante.

"Saga familiale, roman de l'exil et de la perte ciselé de poésie et de spiritualité, Quand notre terre touchait le ciel raconte le destin d'un pays sacrifié, la douloureuse nostalgie d'une terre qu'on a quittée et la force inébranlable des liens familiaux."
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes à la frontière. L'embouchure de notre pays.Le reconnais-tu? Ces dimensions mythiques, cette beauté tourmentée ? Un grillage découpe la terre, mais un grillage ne peut pas arrêter les morts.On en trouve la preuve tout autour de nous, dans ces cendres libérées en silence, ces derniers gestes de dévotion.
Et les vivants, alors ? Pendant des années, j'ai entretenu le rêve d'un retour au pays.À présent que je suis là, je prends conscience de mon statut d'étrangère; car que suis-je de cet endroit, de ce qui s'étend au-delà du grillage ? Même ma question est erronée. Le savoir.Une divinité si dérisoire, que j'ai vénérée pendant des années. Tous les livres du monde mis bout à bout ne signifieraient rien, dans cette immensité.
Pourtant, debout là sur la brèche entre deux mondes, j'éprouve une certaine stabilité. C'est un seuil familier, qui débouche sur des directions opposées : devant un pays où je ne peux pas pénétrer. Derrière , un monde qui ne peut pas être le mien.Que j'avance ou que je recule, aucun mouvement n'a de sens.Je dois donc rester entre deux sphères.
Anna, je comprends enfin d'où viennent mes difficultés. Je suis née à cette frontière, et j'ai vécu à cette frontière. Dans notre camp, dans mon école à Katmandou, en Occident : je me suis toujours tenue là.Au bord du devenir.

( p.564)
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« Détruisez toutes les statues à l'intérieur », cria le chef des soldats.
Notre monastère renfermait des centaines d'effigies, certaines si petites qu'elles auraient tenu au creux de ma paume tandis que la plus grande était une statue en or haute de deux étages représentant Guru Rinpoché, qui contenait des pierres précieuses.
« Ils vont changer les statues en munitions, me chuchota Lhaksam.
_ Ne dis pas de bêtises, rétorquai-je. Comment ?
_ Ils fondent des statues et se servent du métal pour fabriquer des balles, Lhamo. Et puis ils nous tuent avec nos propres dieux. »
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Ma bouche se tient prête à débiter toutes les répliques de mon enfance, toutes les réponses à la question : « Qui êtes-vous ? » Nous sommes réfugiés. Nous avons obtenu l'asile. L'État chinois s'est emparé de notre pays et a massacré notre peuple - 1,2 million de personnes. Nos preuves d'identité sont dérisoires - de simples bouts de papiers plastifiés, pas des passeports en cuir gaufré comme les vôtres -, et la plupart des nations ne les acceptent pas. Nous vous prions de ne pas vous arrêter à notre déchéance actuelle. Vous auriez dû nous voir avant l'invasion, quand notre pays avait des rois, des dieux, et une histoire ininterrompue depuis des temps immémoriaux.
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Dans tout le royaume du Tibet,
j'ai pratiqué à d'innombrables lieux.
Il n'existe pas une poignée ou parcelle de terre
que je n'ai bénie.

Tour à tour, à l'avenir, les signes de la vérité
seront révélés, exhumés un à un sous forme de trésors.
Dans un nombre incalculable de minuscules endroits,
couverts de mes empreintes de mains et de pieds sur la roche,
se trouvent des mantras, des syllabes semences et des statues,
déposés là pour servir de futur socle à la foi
dans l'espoir qu'ils profiteront à ceux qui me sont liés.

Prophétie de la yogini (femme yogi) YESHE TSOGYAL,
VIIIème siècle
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Ma mère n'était pas la seule à avoir changé. Des meutes de loups et de rats déferlèrent dans notre vallée. Ensuite, un tremblement de terre laissa une fissure accidentée au coeur du monastère de notre village. Puis, alors que j'apprenais à parler, la nouvelle arriva que des envahisseurs avaient franchi la frontière, pénétrant sur nos terres comme deux énormes serpents. Dans la ville lointaine de Garzê, des gens les regardèrent traverser la rivière en longues colonnes et s'enfoncer au milieu des montagnes. Ils voulaient qu'on les appelle l'Armée populaire de libération, mais pour nous ils étaient le peuple gyami, des basses terres de l'Est.
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Vidéo de Tsering Yangzom Lama
Pour faire perdurer la culture tibétaine loin des clichés, Tsering Yangzom Lama a choisi la fiction avec son premier roman 'Quand notre terre touchait le ciel' (Buchet-Chastel). Elle y raconte avec poésie et talent le destin d'un pays, à travers l'histoire mouvementée d'une famille exilée. Explorez l'histoire du Tibet avec notre interview de l'autrice.
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