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2,99

sur 305 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
[Comme d'habitude, je m'engage à lire 10% du livre et s'il me plait je continue]

Autant le dire tout de suite, il m'a été très difficile de lire les 10% du début de ce roman. Les paragraphes interminables constitués quasiment d'une seule phrase sur tout une page, c'est pas mon truc. Pourtant, la scène de départ m'intéressait, avec ce personnage de vieille dame (riche et célèbre architecte) qui s'est endormie sur un canapé lors de la soirée mondaine d'anniversaire de son amie Dina, qui a lâché son expertise pour devenir une femme riche au foyer. La narration m'a fait ressentir ce que je ressens en soirée, un vague ennui qui se transforme en envie irrépressible de partir.

Et c'est là que je baisse ma note. L'auteur a trop bien joué de mes émotions, j'avais envie de quitter son roman, son bavardage de surface, son enrobage pour dire au final peu de choses. Comme je m'engage à lire 10% de l'oeuvre, j'ai parcouru les pages suivantes, lisant les débuts de paragraphes pendant un certain temps.

Je n'ai vraiment pas accroché au style de l'auteur, alors que le sujet a vraiment l'air original, j'aime beaucoup le personnage, Céline, et je vais lire avec intérêt les critiques des autres Babeliotes.

Il me faudrait environ 5h pour lire ce roman en entier je passe mon tour.
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Que notre joie demeure est un titre un peu paradoxal, à première vue, pour un roman qui décrit le déclin d'une ponte de l'architecture à Montréal, Céline Wachowski. Que notre joie demeure, c'est le voeu que fait l'amie de Céline, Dina, en fin de soirée, lors de son fastueux 60 -ème anniversaire.

La première partie du récit est consacrée à cette fête où est présent l'associé de Céline, Pierre-Moïse, noir homosexuel, à qui elle a appris les codes vestimentaires de l'élite à laquelle ils appartiennent. Céline y occupe une place centrale, elle est présentée comme un être supérieur, une déesse qui fascine, mais est aussi crainte et redoutée. Elle est puissante et influente, jouit d'une renommée internationale, alors qu'elle atteint ses 67 ans. Ce premier mouvement du récit s'achève sur la visite du 305 Bellechasse, siège de la firme d'architecture de Céline au style inachevé et déconstruit qui annonce la fin de carrière brutale de l'architecte.

Le deuxième mouvement suit les difficultés et désillusions de Céline face à Gabriella, sa collaboratrice rebelle, et face aux manifestations contre la gentrification qu'elle met en oeuvre. On est en outre en période Covid, les masques sont de rigueur, et le réchauffement climatique est évoqué. On assiste à l'effondrement de tout un monde. Céline est bannie de sa propre firme pour finir.

Un troisième mouvement met en scène une Céline fragilisée. Elle pleure. Elle visite la maison de Pierre-Moïse et de son partenaire, Nathan, qui lui apparaît comme un havre de paix, sobre et apaisant. Elle se démarque de tout ce qu'elle-même a conçu, pourtant. Céline se remet en question. Mais elle ne va pas en rester là.

Le roman de Kevin Lambert s'articule autour d'une construction solide, digne d'un édifice architectural. Il aborde des problématiques contemporaines qui ne sont pas seulement propres à Montréal : la gentrification des centre ville, les clivages sociaux, le despotisme, le machisme et le racisme et leur impacte dans l'ascension professionnelle des individus.

Il faut faire un effort pour s'habituer aux phrases interminables et la lecture n'est pas aisée. On comprend toutefois que l'admiration de l'auteur pour Proust est à l'origine de son propre style. Il lui rend ouvertement hommage lorsque Céline, introspective, se replonge dans son oeuvre.

Ce qui fait la richesse du roman de Kevin Lambert, ce sont ses personnages complexes ainsi que leurs interactions. Ils sont tous à multiples facettes. Il leur prête des personnalités denses, ce qui les rend très crédibles. On se sent aussi proche de l'un ou l'autre, et chacun comporte un côté répugnant. Aucun n'est vraiment stéréotypé. L'auteur arrive à mettre une certaine distance. Tous se remettent plus ou moins en cause, et doutent de leurs propres convictions. On n'est jamais dans la caricature.

Que notre joie demeure tend vers le tragique, mais le rebondissement final opère un revirement vers le cynisme. La vision que donne Kevin Lambert des ressorts de la société contemporaine est finalement bien pessimiste.
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Auréolé en 2023 des prix Médicis et Décembre, le troisième roman de Kevin Lambert a fait le buzz dans le monde littéraire après que Nicolas Mathieu a dénoncé le recours à une « sensitivity reader » censée traquer tout ce qui pourrait offenser les minorités.
Le Québécois se serait en fait adressé à Chloé Savoie-Bernard, une poétesse et enseignante originaire d'Haïti, pour construire le personnage de Pierre-Moïse afin de l'enrichir et d'éviter les maladresses.
Dont acte et beaucoup de bruit pour rien. D'autant plus que « Que notre joie demeure » n'a rien d'un récit politiquement correct et aseptisé.
Quoi qu'on en pense, et mon avis est plutôt mitigé après sa lecture, ce débat a fait beaucoup de bruit pour rien.
Le roman ouvre sur une longue scène qui fait penser au « Bal de têtes » qui figure dans le septième volume de « La Recherche » de Marcel Proust, auquel il est souvent fait référence tout au long du texte.
La presque septuagénaire Céline, architecte mondialement célèbre et richissime, assiste à la fête d'anniversaire de Dina, sa meilleure amie mariée à un homme d'affaires chinois lui aussi richissime.
Au cours de cette soirée, artistes, politiques et milliardaires se frôlent en contemplant une sculpture proche de la piscine et entament des conversations autour d'une flûte de champagne ou d'une ligne de coke.
Ce tableau inaugural très réussi est saisissant par l'impression d'immersion qu'il dégage et la sensation d'être derrière une caméra cachée qui filmerait dans un lent travelling la comédie des apparences.
La suite du roman est d'une construction plus classique faite de fulgurances brillantes et de phrases interminables parfois indigestes pour faire l'anatomie d'une chute, celle de Céline, « victime » d'une cabale dans l'air du temps.
En chassant les plus démunis des quartiers populaires pour y construire des résidences luxueuses et des sièges de multinationales, elle est accusée de gentrifier Montréal, prouvant que l'architecture, avec les conceptions de nos lieux de vie, est éminemment politique.
Pour coller à une forme de moraline amplifiée par les réseaux sociaux dont les protagonistes réagissent sous le coup des émotions plutôt que de réfléchir, le conseil d'administration de l'entreprise qu'elle a créée la laisse tomber, mû par un cynisme lâche.
Aurait-elle été trahie si elle avait été un homme, se demande celle qui est issue d'un milieu modeste et qui s'est construite seule dans l'adversité, donnant d'elle une image de femme cassante, tyrannique, sûre d'elle et froide.
La réalité, dont l'auteur dessine les contours flous, est évidemment plus subtile.
Céline serait en fait le bouc émissaire et le symbole d'une mondialisation de plus en plus attaquée.
Via ce personnage complexe qu'on ne parvient pas à détester, Kevin Lambert fait un état des lieux de nos sociétés néolibérales où le fossé entre les ultra-riches, avec leurs modes de vie extravagants et hors-sol, et les autres se creuse et où les minorités peinent à se faire une place au soleil.

EXTRAITS
Le monde avale n'importe quoi pourvu qu'on leur vende dans une bouteille en cristal.
Le châtiment s'inscrit dans une chaîne oubliée d'abandons et de tristesse.
Elle souffre de l'amour des autres pour cette personne qu'elle n'est pas.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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