Le démiurge allemand
Maintenant on ne pourra plus dire deuxième joueur senior le plus titré de tous les temps derrière Irwin le joueur américain . Il lui collait à la semelle avec 44 pour 45 tournois gagnés le record.
Bernhard Langer vient dimanche de passer ce cap en sortant victorieux de la Chubb classique devenant co-recorman de victoires à 65 ans. Toute la profession et les fans ont salué cette performance inouie et de quelle manière de titan !
La Chubb classique 2023, Naples, Floride
Alors qu'ils étaient au moins quatre, cinq même à prétendre à la victoire à mi-parcours, la tête en décousait dans un mouchoir de poche on va dire,
Bernhard Langer fermant la marche et contrôlant toujours la course à un coup près. Celui-ci était conscient qu'il lui fallait maintenir la pression, durcir la course, hausser le niveau de jeu à celui de demi-dieu et peut-être venir provoquer ses concurrents pour avoir réellement une chance car il y avait une âpre résistance en face, les meilleurs du moment étaient là.
En golf, on ne voit pas s'installer le killer instinct ; Ballesteros impressionnait ses adversaires comme ça, tant pis pour les plus faibles ! Bernhard c'est un sang froid reptilien qui impressionne à l'inverse, ne laisse transparaître aucun sentiment, il est éminemment respecté sur la planète golf par tous les joueurs. Sa longévité de champion est unique. Je me ferais bien petit diable à cette heure et jeter un sort sur la course. Non, je me borne à croire à ce que je dis plus haut. On n'est pas ici dans une course de bourrins ou dans je ne sais quel cartel du yaourt ! Je reviens au leader board et là ?..
Ce fut la pression qui fit devisser ses adversaires un par un. D'abord c'est Couples qui fit triple bogey, puis Harrington qui fit double-bogey, et enfin Stricker et Alker qui marquèrent le pas comme tétanisés.
Bernhard Langer s'arma alors d'une puissance morale extraordinaire pour vaincre et joua comme dans les meilleurs jours de son passé glorieux en signant 3 birdies sur les 5 derniers trous, laissant toute la compagnie sur place, devançant ainsi ses adversaires de 3 coups.
Ce fut un moment d'anthologie en direct. Bernhard n'aura pas attendu une opportunité pour flinguer tout le monde : il les a affrontés à la régulière contrôlant la course de bout en bout : c'est encore devant qu'on est le mieux placé pour défier ses adversaires, lui qui nous a tant appris à sortir du bois au dernier moment pour surprendre tout le monde quand parfois des leaders au leader board lambinent ou se tirent la bourre dans un jeu qui s'annule. Etre devant en golf, c'est être derrière dans l'ordre de jeu ; Bernhard aime bien toutes ces situations insolites où il voit le jeu autrement, le golf dans sa toute singularité ; je savais qu'il avait une chance de gagner dans ces conditions !..
Quel exemple pour la jeunesse, à l'heure où l'on fait ses choux gras, dans notre France tombée bien bas jusqu'à faire les poubelles, d'un tueur routier de triviale envergure, accessoirement artiste portant le masque de fantomas !
Chapeau l'artiste, champagne ! Je suis sûr que dans 20 ans, 30 trente ans, on dira : "tiens, il y avait un joueur exceptionnel qui avait de beaux restes à 65 ans, à son meilleur il était encore capable de terrasser les plus grands parmi les joueurs qui avaient 15 ans de moins que lui ; il avait une silhouette de jeune homme, une tonicité de corps parfaite pour son âge, un entretien physique et mental extraordinaire !..
Un jour je ne le suivais pas à l'Open de Lytham, Angleterre, pour la simple raison qu'il déclina cette édition contre toute attente, je n'en sus la cause, j'étais déçu, c'est son pote Tom Lehman qui était aux commandes, ça remonte peut-être à 25 ans, Il faisait tellement chaud, à mi-parcours nous n'y tenions plus, le vent côtier qui caressait les greens apportait une sécheresse redoutable, tout devait être plus rapide, Tom tirait son épingle du jeu, faisait des étincelles.. nous nous rapatiâmes au premier stand de bière venu, engorgé par la foule. C'était la foster: bière australienne qui était à l'honneur .. nous la trouvâmes la meilleure du monde ce jour là. Ca me rappelle la formule de
Stevenson : "Il n'y a pas de pipe qui vaille celle que l'on fume après une bonne journée de marche". La victoire de Tom lehman eut une résonnance particulière cette année là : elle signifiait à la fois sa première grande victoire sur le circuit mondial et celle sur sa maladie diagnostiquée 1 an plus tôt mais prise à temps par chance
19 mars 2023
Le Hoag Classic, Newport Beach California
A peine un mois après son prodigieux coup de maître à la Chubb Classic 2023, le joueur allemand remet le couvert au Hoag Classic : il est en tête à l'issue du 2e tour, seul à moins 12 ! Et de quelle façon, sur un finish extarordinaire puisqu'il signe 3 birdies, 1 eagle sur les 5 derniers trous. L'homme est en super forme manifestement. Derrière, les grosses pointures ayant rejoint le Champions tour semblent marquer le pas et sont certainement impressionnés de la performance de Langer qui défie tous les pronostics. Quel magnifique exemple pour la jeunesse, ce n'est pas du Palmade !
Le golf n'est certes pas une science exacte et statistiquement, il y a plus de chance que Bernhard n'emporte pas le
Hoag que de l'emporter, car en golf le rapport entre les défaites et les victoires est élévé, plus qu'en tennis, mais c'est un reptilien et ne doutons pas que s'il conserve ce niveau de jeu dimanche, il fera tout pour non seulement l'emporter mais rafler ce statut tant convié qui vous inscrit de marbre, le joueur le plus titré au trophée des légendes avec 46 victoires, détronant ainsi hall Irving actuel co-leader avec l'allemand. En golf cela signifie le couronnement d'une carrière comme un nobel en littérature, même s'il est déjà assuré ! Quand il obtint 100 victoires comme professionnel de golf, ça fait quoi 7, 8 ans en arrière, je me disais je me souviens que ce serait dur de passer la barre des cent, pensez-donc, plus de 20 victoires de plus depuis. Alors mais où va s'arrêter ce demi-dieu du stade qui cumule les performances à un âge ou d'autres sont à la retraite définitive à tachiner le goujon, et il ne faut pas considérer que s'il en arrivait à perdre ce
Hoag, il ne remettrait à l'ouvrage sa quête dès la semaine suivante. Les défis ne manquent pas, il sait désormais qu'il peut défier d'autres records comme un douxième majeur sur le Champions tour par exemple. Moi qui le suis depuis 44 ans, je peux dire que non seulement il ne m'a jamais déçu, mais comblé, et que si j'avais misé sur ce cheval, je serais probablement plus présent sur une plage de Guadeloupe par exemple en train de siroter un punch accompagné d'accras mori avec ma douce aimée !
20 mars 2023
3e et dernier tour du Hoag Classic, dimanche
Tard dans la nuit, je me suis réveillé pour voir le score plutôt mal engagé quand j'ai sommeillé dessus, et pour cause. de guerre lasse, j'ai vu que Bernhard n'occupait plus la tête et que tous les cinquantenaires avaient rappliqué, venant de l'arrière quand notre champion allemand encore en tête à mi-parcours avec une avance de 2 coups lui permettant d'y croire à condition de présenter une carte d'au moins 2 ou 3 birdies supplémentaires. Mais ce fut l'inverse qui se joua, il fut rejoint et la suite s'avérait scabreuse. Eh ben, c'est ce qui se produisit, 2 bogeys ont chargé la mule alors que là hier sur ces trous c'était eagle et birdy à la place. Mais la belle incertitude du golf plus qu'aucun autre sport en a décidé autrement. Oui en golf parce que la dimension mentale vaut tout autant que les qualités physiques et techniques. Mais ici Bernhard fut tout simplement moins bon. Comme disait Pascassio le basque, Quand Bernhard est bon, il est très bon ; et son niveau de jeu est en général correct, on ne le voit jamais "sucer la roue des derniers engagés", jamais !
C'est Els qui l'emporte au même score que Bernhard fut à l'aller à moins 13, c'est dire que la course s'est jouée à pas grand chose. le grand Els a fait ce qu'il fallait faire, un petit décroché au départ, il a construit sa victoire pas à pas ; parti plus tôt il arriva plus tôt avec un score affiché de moins 13, deux birdies sur les derniers trous, le jeu semblait plus dur que la veille, et il assura sa carte comme toujours le big easy, mais il sait que ce jour là à la différence des autres parties il avait le jeu pour gagner, sans se préoccuper de la meute qui ne revint jamais sur lui pour l'atteindre.
Il sembla en fait que nombreux étaient ceux qui voulaient ce trophée le Hoag Classic californien. C'est peut-être une banalité de le dire, mais c'est en tout cas réel, les appétits étaient plus aiguisés au sortir de l'hiver, et les visages reprenaient des rougeurs ou le teint halé du golfeur .. L'année a franchement démarré avant le Masters 2023 qui intéresse aussi quelques "légendes" du Champions tour. Et en tout cas, bravo Els !..