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Le soir du réveillon de Noël, Leonard n'a rien trouvé de mieux, pour illuminer le quartier, de mettre le feu à la crack house des voisins. Et ce, pour la troisième fois. Évidemment, aux yeux des flics, l'incident à répétitions semble peu plausible. Hap, qui arrivait tout juste pour s'en mettre plein la panse et, au passage, aider son ami, se retrouve bien malgré lui mêlé à tout ça. Quelques coups sur la gueule de ces voisins peu recommandables, il n'en faut pas plus au lieutenant Hanson pour menacer Hap et Leonard de les foutre en taule. À moins que ces derniers, puissent-ils être charitables, ne l'aident à retrouver sa petite amie black, Florida (qui se trouve être l'ex de Hap). Celle-ci a en effet posé ses valises à Grovetown où un prisonnier noir se serait pendu. Une affaire vraiment louche que l'avocate Florida tenait à éclaircir. Mais au pays des cagoules blanches, il ne fait pas bon être noir et en plus poser des questions dérangeantes. Cela ne semble visiblement pas freiner Hap et Leonard, bien décidés à retrouver Florida...


L'on retrouve avec plaisir ces deux amis inséparables que sont Leonard et Hap. Cette fois-ci, pour échapper à la taule, ils décident d'aider le lieutenant Hanson à retrouver sa petite amie. Mais, à Grovetown, là où règne le Ku Klux Klan, Leonard ne risque pas d'être le bienvenu. Bien au contraire. Ils seront mis à mal par une société raciste qui n'aime pas les Noirs, surtout s'ils sont gays. Joe R. Lansdale nous peaufine une fois de plus une aventure riche, musclée et aux moult rebondissements. Des dialogues aux petits oignons, des héros parfois malmenés qui devront faire face à eux-mêmes, des seconds rôles tantôt attachants tantôt détestables, un contexte social pour le moins haineux et violent, des conditions climatiques renversantes ou encore un petit ami qui s'en va et qui revient. Pas une minute de répit dans ce roman noir à l'écriture fleurie et nerveuse.
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Lorsqu'on connait un chouïa le caractère doux et conciliant de ces deux potes, les imaginer en terre suprémaciste blanche prête déjà à sourire.

Leonard vient de cramer la crackhouse de ses voisins, il aurait pas dû.
Hap vient énergiquement au secours de Leonard qui vient de cramer...il aurait pas dû itou.
La taule ou retrouver la p'tite amie du flic local portée disparue au pays de la cagoule à pointe, la seconde option devrait s'avérer légèrement moins barbante.
Le Klan n'a qu'à bien se tenir car là où nos deux docteurs ès grandes gueules passent, la connerie trépasse.
Ils n'avaient cependant pas réellement appréhender le potentiel de nuisance dudit bled texan à sa juste valeur. Les cours de rattrapage s'avéreront méchamment pénibles...

Lansdale, fort de ses deux héros emblématiques aussi dissemblables que complémentaires, c'est l'assurance d'un très bon, voire d'un excellent, moment de lecture. le risque de coma éveillé étant kouasi nul.

L'auteur, en récidiviste accompli, torche un nouveau récit jouissif en diable en s'appuyant sur la métaphore du chien dans un jeu de quilles.
Dans le rôle des quilles, moult blancs bas de plafond mais hautement néfastes pour toute personne présentant des pigmentations de peau légèrement différentes des leurs.
Dans celui des clébards opiniâtres, nos deux duettistes de compétition au verbe haut et aux crocs acérés.

Toujours aussi à l'aise lorsqu'il s'agit de soulever un dangereux fait de société contrebalancé par une plume des plus caustiques, Lansdale tape fort et juste en faisant ici l'apologie de la connerie funeste portée à son paroxysme tout en s'appuyant sur quelques valeurs fondamentales inhérentes à ses deux punching-ball qui s'ignorent telles que l'obstination, le courage et l'amitié indéfectible.

Si la valse hésitation de nos contemporains prête souvent à pleurer, le Mambo Des Deux Ours, lui, permet d'y remédier.

Lansdalissime !
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Dans la série noire, venez découvrir le Nègre le Plus Malin du Monde... au pays des Blancs Les Plus Racistes du Monde…(1)

Après avoir enduré des heures à bord d'un véritable « Tape-cul » volant, d'avoir digéré tant bien que mal les grandes platées de « Bad chili » arrosées d'alcool provenant de « l'arbre à bouteille », je suis devenu un drogué de la série Hap Collins (blanc et hétéro) et Leonard Pine (noir et gay) écrit par l'impertinent Lansdale.

Comment alors ne pas succomber au « Mambo des ours », une nouvelle aventure pour nos deux héros qui vont découvrir les joies d'un petit patelin du Texas, Grovetown ?

Evidemment, si vous n'avez jamais lu Lansdale et que vous détestez les expressions grossières ou à consonances sexuelles, oubliez immédiatement !

Dans le cas contraire, disons qu'il ne faut pas être choqué si

a) la seule manière de faire déguerpir vos voisins de drogués est de bruler leur maison !
b) la seule manière de ne pas aller en prison alors est de jouer aux détectives privés pour rechercher la jeune amie noire du flic du commissariat.
c) la seule manière de débarquer dans un bled le plus raciste du monde est s'afficher en public avec un black, qui plus est pédé.
d) et enfin et surtout la seule manière de dialoguer avec des membres du Ku Klux Klan est de vouloir leur casser la gueule à deux contre dix.

Toujours pas choqué ! Bon, vous êtes donc Hap(te) pour vous coltiner Leonard dans cette ballade loin de tout repos. Je vous conseille de vous munir de vos bottes et votre ciré jaune car un vrai déluge vous attend !

Dans « le Mambo des deux ours », Lansdale nous confronte encore une fois au racisme sous toutes ses coutures, et même toutes ses couleurs. Les situations rocambolesques et loufoques sont peut-être moins présentes que dans les autres albums mais les castagnes et autres fusillades sont toujours des valeurs sûres de nos deux héros.

Pour conclure, malgré le sujet pesant du racisme, Lansdale reste au top de sa forme et la lecture de ce roman s'avère jubilatoire. Lansdale un jour, Lansdale toujours…


(1) La première expression est bien issue du roman pour qualifier Léonard, la seconde coule de source pour dénoncer les membres du KKK !
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Je poursuis avec bonheur ma relecture de la série Collins/Pine de Lansdale. Après le tonitruant « l'arbre à bouteilles », voici que j'achève la relecture du non moins excellent « le mambo à deux ours ». Je dois dire que j'avais un peu plus de souvenirs de celui-ci, quelques éléments du roman m'étaient restés en tête, l'inondation, les vilains membres du Klan… mais malgré tout j'ai redécouvert l'essentiel, à savoir le style de Lansdale.

L'intrigue est efficace et très bien ficelée. L'auteur parvient à faire preuve de subtilité dans la caractérisation des personnages tout en atténuant pas la dégueulasserie des gros méchants. Mais ce n'est pas là la principale qualité de la série. le véritable point fort de ce roman, comme des autres de la série, c'est le style de Lansdale. A chaque fois je suis bluffée. Non seulement le type pond des dialogues géniaux, avec parfois le tour de force d'être à la fois hilarants et émouvants, mais en plus il excelle dans les descriptions. Il a un sens de la formule coup de poing et une maestria dans l'art de la métaphore et des comparaisons qui rendent les décors très immersifs et les scènes d'action très impactantes. le tout avec une bonne grosse dose de grossièretés réjouissantes. Lansdale ou la preuve qu'on peut être un vrai bon écrivain tout en étant vulgaire…

Décidément, Hap et Leonard forment mon duo préféré. Leurs vannes me font rire, leurs caractères bien trempés aussi et en plus leur relation est très touchante. Je pense que je ne tarderai pas très longtemps à me plonger dans « Bad chili », le prochain tome, d'autant plus que dans mes souvenirs, c'est un excellent cru.
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Je ne sais pas si c'est le soleil ou les vacances qui approchent mais je me suis dit que j'allais rendre une petite visite à mes 2 vieux potes, Hap et Léonard. Me voilà rassurée tout va bien pour eux. Une fois de plus Léonard a fait brûler la crack house de ses voisins préférés et Hap est arrivé pile au bon moment pour lui filer un coup de main, s'attirer des ennuis et finir en taule avec son pote. La routine. Sauf que trois incendies volontaires en un temps record ça commence à faire désordre. Alors ce coup ci pour esquiver la pension complète offerte par l'État Hap et Léonard ont accepté de rendre un petit service à leur vieux copain le Shérif Hanson. Une broutille, il s'agit simplement de faire un peu de tourisme dans un bled paumé du nom de Grovetown. Un chouette petit patelin, rustique, où on perpétue les vieilles traditions comme porter des tenues blanches à cagoules pointues et recouvrir les habitants de plumes et de goudrons. de bons moments de rigolades en perspective quand on est noir, homosexuel et qu'on a une grande gueule. Avoir pour meilleur pote un blanc idéaliste qui ne sais pas se taire est également un plus.

Ces deux là n'ont plus qu'à tailler une bavette avec les péquenauds du coin pour retrouver la petite copine de Hanson. Une ravissante métisse qui a décidé de se prendre pour une journaliste en allant mener l'enquête sur un fait divers. Une formalité quand on connaît Hap et Léonard : tout en finesse et en subtilité. Pas étonnant qu'ils n'aient eu aucun mal à trouver de nouveaux sparing partners. Et ce coup ci pas des moindres ! Ça c'est de la baston : ça cogne, ça casse et ça valdingue, pas question de faire dans la demi mesure. C'est jouissif et ça défoule. D'autant que les dialogues sont toujours aussi croustillants, les jeux de mots bien balancés et l'auteur ne connaît visiblement pas la lange de bois et le politiquement correct, même pour les sujets épineux. C'est drôle et irrévérencieux, le langage est fleuri, imagé et très explicite.

Avec un thème aussi sérieux que la ségrégation et des personnages aussi antipathiques que les membres du Ku Klux Klan Landsale aurait pu rapidement sombrer dans le pathos et tenter de nous apitoyer. C'est tout le contraire, l'auteur tourne tout en dérision et on a la banane du début à la fin tant les situations sont cocasses voire carrément burlesques. J'adore le ton de Landsale qui ne se prive pas d'aborder des thèmes délicats sans se prendre au sérieux et sans tomber dans la facilité.
Même le traducteur est dans le ton, je cite: « Dr Pepper : boisson US sans alcool particulièrement dégueulasse »(ndt).

Il y a tout de même un peu de poésie dans ce monde de brutes car entre Hap et Léonard c'est à la vie à la mort et on aimerait tous avoir un Hap ou un Léonard à ses côtés. Un vrai pote avec qui on peu tout partager : l'humour, les silences, et surtout les emmerdes. Ils sont étrangement attachants.

Allé les copains, on se revoit bientôt pour une nouvelle virée.
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Figurez-vous que je n'ai pas tardé à repartir dans l'Est du Texas retrouver mes deux nouveaux potes. Mais si, vous savez bien, Hap et Leonard, enfin Hap Collins et Leonard Pine, le blanc hétéro et le black homo, rappelez-vous ! Ca y est, vous y êtes ?

Eh bien, quelle aventure ! Cette fois, j'ai bien cru qu'on ne s'en relèverait pas… Je m'explique. Tout a commencé quand on nous a signalé la supposée disparition de Florida. Florida, c'est la sculpturale et ambitieuse avocate black qui a eu une liaison avec Hap. Après le décès de l'oncle de Leonard, c'est elle qui s'est chargé de sa succession, c'est comme ça qu'on l'a connu. Quand son nouveau mec est venu nous dire qu'elle n'avait pas donné de ses nouvelles depuis trop longtemps pour que ce soit normal, on a tous eu un coup au coeur. Hap encore plus évidemment.

Il semblerait qu'elle soit partie à Grovetown pour redonner sa légitimité posthume à un type un peu louche, assassiné dans des circonstances encore plus louches. Oubliez Grovetown, comme prochaine destination pour vos vacances ! C'est un bled paumé tel que je croyais qu'il n'en existait plus. C'est la loi du plus fort qui y règne, enfin surtout la loi du plus blanc d'ailleurs. le Klan avec un K, ça vous dit quelque chose bien sûr ?! Retour vers un passé que j'espérai révolu et pourtant…

Une fois sur place, on a très vite réalisé que la présence de Florida fourrant son nez partout dans cette ville n'avait pas dû être du goût de tout le monde… Quand on est black, on n'est pas le bienvenue dans ce patelin nauséabond. Difficile pour Leonard de garder son sang-froid face à ces sinistres autochtones qui nous ont méchamment fait savoir qu'on devait foutre le camp pour ne plus jamais revenir. Mais ça, ce serait mal connaitre Leonard…

Pour couronner le tout, après ce déferlement de haine et de violence, ce sont les éléments qui se sont déchainés contre nous. Une pluie torrentielle s'est abattue sur ce foutu patelin. J'ai bien cru qu'on allait tous crever dans ce marécage putride...


Le Mambo des deux ours de Joe R. Lansdale, plus qu'une aventure, une expérience marquante, une expérience unique, même pour une grenouille…

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Leonard est amoureux ! L'ami Hap se sent un peu exclu, d'autant que l'homosexualité de son pote le laisse encore mal à l'aise. Non pas qu'il ait des principes à la con, mais on l'a éduqué comme ça.
• « [...] toute ma vie durant, on m'a répété que les homos étaient des pervers. Aujourd'hui, je sais qu'il y autant de pervers que de mecs normaux chez les homos et les hétéros, mais j'ai toujours un peu de recul quand je pense qu'on a le même équipement, mais que toi, tu t'en sers avec ton copain... »

Alors, est-ce qu'un Leonard amoureux est enfin zen ? Pas du tout ! Avec son petit copain Raul, ils n'ont pas les mêmes goûts et se chicanent pas mal. Enervé par une énième dispute, Leonard met le feu chez ses voisins - les salopards revendeurs de crack - et se fait arrêter avec Hap. Interpellation à la bonne franquette puisque les flics sont des amis. Echange de bons procédés : le chef de la Police ferme les yeux, à condition qu'ils enquêtent sur la disparition d'une jolie Black partie se fourrer dans la gueule du loup, dans un atroce patelin texan où le Ku Klux Klan fait encore la loi.

Ce troisième épisode de la série Collins & Pine est celui qui m'a le plus amusée. Ça délire à tout-va dans les dialogues, les situations (ombres chinoises, visite du mobile-home...), les descriptions, les surnoms. J'ai souri/ri au moins une fois par page, vantant le génie de cet auteur à qui voulait m'entendre - à ceux qui me l'ont fait connaître (merci !), à d'autres convertis, à des lecteurs qui hésitent à se lancer ou qui n'ont pas encore entendu parler de cette série de Joe R. Lansdale...

Mon enthousiasme est retombé au chapitre 17 (p. 189/372), où l'intrigue prend des allures de film d'action US - bastons violentes, courses poursuites en voiture - et ça n'arrête plus. Quel dommage ! D'autant que plus rien n'est crédible puisque les coups échangés pourraient tuer un grizzly, or on sait que nos deux copains vont s'en tirer vivants (il y a encore au moins cinq épisodes après celui-là).

Je poursuis malgré tout la série. Si leurs aventures cou!llues me fatiguent, j'aime quand même trop Leonard, Hap et leurs discussions pour les abandonner là.
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Le soir de Noël, Leonnard met le feu pour la troisième fois à la crackhouse de ses trafiquants de voisins, alors qu'Hap venait lui rendre visite. Cette fois la police, même si Charlie et Hanson sont des amis, doit sévir, Hanson leur laisse donc le choix entre la prison et se rendre à Grovetown pour retrouver sa petite amie Florida, l'ex de Hap. Elle s'est fait passer pour une journaliste pour enquêter sur la pendaison d'un Noir en prison et prouver qu'il s'agit d'un assassinat. Nos deux compères n'hésitent pas une seconde pour accepter la mission, surtout que Hap est toujours amoureux de la belle.

Toutefois l'expédition est des plus dangereuse car cette charmante petite ville pratique toujours la ségrégation et elle est au mains du KKK. Leonnard et Hap ne doutent de rien et foncent tête baissée, mais ils tomberont sur plus fort qu'eux. Ils devront se battre à dix contre deux et seront pourchassés par les cinglés en robe blanche. Et surtout ils ne voient pas l'indice qui était sous leurs yeux lors de leur arrivée dans la ville, ce qui aurait pu leur coûter la vie dans cet endroit pourri où même le chef de la police semble appartenir au Klan, ou peut-être pas.

Je n'en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte. Ici on est dans le roman noir vraiment très noir, malgré l'humour toujours présent des deux amis. Les deux premiers épisodes étaient nettement plus légers, même si le racisme est toujours présent dans ce coin de l'East Texas. L'histoire est censée se passer dans les années quatre vingt, mais il y a toujours des poches de résistance farouche contre les droits civiques. le KKK continue et les quelques personnes qui s'y opposent sont complètement muselées. On sait que le suprématisme blanc continue à faire des ravages dans le pays, même si les méthodes semblent s'être un peu civilisées. Lansdale dénonce violemment ce fait inadmissible. nous assistons aussi à une violente tempête et des inondations catastrophiques, l'auteur ne les met pas en lien avec le réchauffement, mais ça aurait été anachronique dans un coin reculé du Texas d'il y a quarante ans.

On retrouve tout ce qui fait le charme des aventures de ces deux héros déjantés, l'humour, l'amitié inséparable malgré leur grandes différences, le respect et l'action. Toutefois cet opus se rapproche plus Des marécages ou Des enfants de l'eau noire par la profondeur de son sujet. Les autres parlent du racisme ordinaire du Vieux Sud, qui est déjà scandaleux, mais qui reste au niveau verbal. Ici nous plongeons dans l'horreur du KKK et de ses méthodes terroristes, de son emprise sur certaines petites villes où même ceux qui sont honnêtes parmi les autorités n'osent pas les combattre, pour eux les droits civiques n'existent tout simplement pas. Je ne sais pas s'il existe de nos jours des bourgades reculées où le Klan sévit encore, mais on sait bien que le suprématisme blanc a de beaux jours devant lui avec tous les excès et les violences qu'il engendre. L'extrême-droite est loin de s'être assagie, même si ses méthodes ont sans doute changé.

Un autre changement notable est le fait qu'Hap et Leonnard prennent enfin de la bouteille, leur insouciance du début fait place à la peur et à l'angoisse. Ils ne se sentent plus invincibles et c'est nouveau pour eux, surtout pour Hap, le narrateur, qui nous expose sa crise existentielle et sa grosse déprime, mais son ami reconnaît passer par la même phase. La confrontation avec la mort d'où ils ont réchappé de justesse leur fait prendre conscience de leurs limites et de leur vulnérabilité. On n'est plus dans une aventure amusante, mais face à un vrai danger de mort. Hap réfléchit aussi au sens de l'existence en apprenant que son ami Hanson ne sortira pas du coma.

J'ai beaucoup aimé ce polar qui révèle une fois de plus tout le talent de Joe R. Lansdale, un des meilleurs auteurs contemporains dans ce domaine pour moi.

Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Cette histoire de Hap Collins et de son ami, Leonard Pine, commence par une scène habituelle : Leonard a foutu le feu à la crack house de ses voisins. Jusque-là, rien d'anormal.

Puis, lorsqu'ils seront chargés d'aller voir ce qu'il est advenu de Florida et qu'ils mettront les pieds à Grovetown, au Texas, on entrera dans un registre plus fantastique puisque nous aurons l'impression que nos deux amis se sont retrouvés coincés dans une faille temporelle.

La petite ville charmante de Grovetown semble coincée dans le temps, comme si elle était restée dans les années 50/60, avant le Civil Rights Act (loi pour l'égalité des droits civiques, votée en 1964).

À Grovetown, si vous êtes Afro-américain, rasez les murs, descendez du trottoir lorsque vous croisez un Blanc, baissez les yeux, ne dites rien et n'allez surtout pas boire un café dans le restaurant où, si la pancarte "NO COLORED" n'est pas apposée, il vaut tout de même mieux éviter d'entrer. Dans cette riante bourgade, un ersatz de Klan fait la loi et ceux qui ont dévié de la ligne imposée par les Blancs ont eu des problèmes…

Certains de ses habitants regrettent même qu'on ne puisse plus pendre les Noirs comme en 1850, du temps des plantations et de l'esclavage. C'est vous dire la mentalité effroyable de ces gens. Non, Hap Collins et Leonard Pine, un grand Noir homosexuel, ne vont pas s'attaquer à des racistes bas de plafond et plus bêtes que méchants, ici, ce sont d'authentiques méchants !

Les atmosphères de cette enquête sont sombres, affreuses, violentes. Nos deux amis vont morfler, physiquement et mentalement. Heureusement que la plume de l'auteur sait aussi être drôle, cela évite d'appesantir encore plus cette glauquitude.

Lansdale a des personnages décomplexés, totalement. Leonard est Noir et homo, mais il le clame haut et fort et n'a aucun souci avec ses préférences sexuelles, il les affiche, n'en a pas peur et il a bien raison. Leonard n'hésite pas non plus à utiliser le "N word", ce qui donnera des crampes cérébrales à son ami Hap et au flic Charly : est-ce du racisme lorsqu'un Noir utilise le terme "Nègre" ?

L'écriture de l'auteur est truculente, les autres personnages n'hésitant pas à parler de bite, de cul, de sexe, de branlette, de chatte, de grève de la chatte (pour le flic marié), le tout se retrouvant intégré dans leurs conversations entre mecs, ce qui rend une partie du roman plus léger, plus drôle, plus amusant. Faut pas être pudibonde, évidemment.

Là où c'est moins drôle, c'est lorsque les racistes bas de plafond et méchants balanceront leurs discours racistes et rétrogrades. Cela permet de ne pas oublier qu'il y a toujours des personnes qui pensent cela, qui n'hésitent pas le dire haut et fort, tout en sen sentant intouchables puisque personne ne leur clape leur gueule un bon coup.

Une excellente enquête de notre duo, qui n'aura pas vraiment le temps, ni l'occasion de chercher des indices et ce sera en se posant un peu, en cogitant plus fort, que Hap comprendra ce qu'il a loupé dans l'affaire.

Une lecture jubilatoire, amusante, malgré le côté pesant des habitants de cette petite ville raciste au possible, où les non-racistes (ou les sans opinion) doivent fermer leur gueule, s'ils ne veulent pas avoir des problèmes, perdre leur job, se faire rétamer la tronche et finir dans du goudron et des plumes (ce qui est moins drôle que dans Lucky Luke)… La peur vous fait faire de drôles de choses, en plus de vous faire chier dans vos culottes.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Ouaip... Troisième "enquête" de Hap et Leonard, ce roman a les mêmes qualités que les autres volumes, essentiellement une fantaisie débordante et un humour épais et ravageur, mais aussi les mêmes défauts. Au rang de ceux-ci, je soulignerais le manque de crédibilité des personnages, vraiment trop caricaturaux.

J'ai tout de même passé un bon moment de lecture mais je n'ai pas très envie de lire le volume suivant...
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Titres de la série 'Hap Collins & Leonard Pine' de Joe R. Lansdale

le 1e, Savage Season (1990), est paru en France en 2014 sous le titre :

Les Mécanos de la Lune
Les Mécanos de Vénus
Les Mécanos d'Uranus
Les Mécanos de la Terre

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