Fouilles de la cour du Louvre : Ces puits et ces latrines sont, avec les fosses à détritus, d'extraordinaires réservoirs d'objets. Tessons de céramique et verres en sortent par centaines, qui sont tout de suite nettoyés, voire remontés par une équipe installée dans un atelier sur place.
Une collection sans égale s'est déjà constituée et la chronologie de la céramique, qui avait de nombreux trous, se précise. À quoi s'ajoutent nombre d'objets pittoresques : dés à jouer, fourneaux de pipe des xviiie-xixe siècles, cadenas, couteaux... et des porcelaines chinoises remontant aux dernières décennies du xviie siècle (époque Ming). À signaler quelques fragments de tissu, un peu de cuir (semelles, ceintures), du bois. Enfin, quelques trouvailles de choix, parmi lesquelles on citera un cadran solaire portable, monté sur boussole, et un « magot » de 195 écus d'argent de 1774, frappés dans le Sud-Ouest.
Une équipe étudie les archives en suivant la progression de la fouille. Ainsi peut-on savoir qu'une des maisons fouillées s'appelait la Maison des sabots, qu'une autre était l'Enseigne du roi Louis XIII. Un grand bâtiment à piliers, qui montre trois états successifs de son sol, a été l'hôtel de Souvray... Toute une vie quotidienne d'un quartier du Paris ancien se reconstitue peu à peu.
1188 - [p. 218-219] Henri de Saint-Blanquat